Début du contenu principal.
«Montréal ne deviendra pas pour autant une ville ouverte 24 heures sur 24, sept jours sur sept.»
Montréal dévoilait mercredi les grandes lignes de sa Politique de la vie nocturne visant à permettre à la population de profiter davantage des soirées et des nuits montréalaises.
«Nous dotons aujourd’hui Montréal d’outils concrets pour soutenir la vitalité nocturne, tout en restant à l’écoute des besoins de chaque quartier», a déclaré dans un communiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Bien que Montréal veut développer les activités nocturnes, elle veut aussi encadrer la pratique, en proposant un déploiement progressif dans des lieux circonscrits, afin de préserver la qualité de vie et la tranquillité des quartiers résidentiels.
La Politique la vie nocturne de Montréal comporte donc 28 actions ciblées, dont la désignation de lieux propices à la tenue d’activités nocturnes.
D’une part, Montréal choisira des «établissements de vitalité nocturne» en précisant que les lieux de diffusion dotés d’une certification d’occupation «salle de spectacle» sont les premiers établissements qui pourront étendre leurs heures d’ouverture.
Voyez le reportage de Marika Simard dans la vidéo liée à l'article.
«Leurs promotrices et promoteurs devront s’engager à appliquer, en tout temps, des pratiques festives responsables et à mettre en place des stratégies de bon voisinage», souligne-t-on.
D’autre part, Montréal sélectionnera des «pôles de vitalité nocturne», soit des secteurs abritant plusieurs lieux culturels et commerciaux. Pour obtenir ce titre, «les secteurs devront être portés par un regroupement et se concerter pour offrir des activités nocturnes sécuritaires».
Les établissements ou les regroupements souhaitant obtenir l’une ou l’autre des désignations pourront soumettre une demande, sur une base volontaire, dans le cadre d’un appel d’intérêt à l’hiver 2025.
«Les modalités pour soumettre une demande seront précisées sur Montréal.ca, au cours des prochains mois. Prise d’effet: à partir du 1er mai 2025», précise-t-on.
Une enveloppe financière de 3 millions de dollars sera destinée pour le soutien aux établissements et pôles de vitalité nocturne pour le déploiement des actions de la politique et pour soutenir des projets «structurants et novateurs».
Montréal s’engage par ailleurs à offrir un nouveau programme de subvention pour aider les salles de moins de 3 000 places à réduire le bruit qu’elles génèrent auprès de leur voisinage.
Les lieux de diffusion culturelle qui ne sont pas reconnus comme des salles de spectacles, mais «qui font partie intégrante de l'écosystème culturel et artistique montréalais», peuvent aussi profiter du programme d’insonorisation.
«Des modifications réglementaires sur le bruit sont également en préparation pour mieux encadrer le niveau sonore dans les zones résidentielles et réduire les impacts des activités de nuit tout en assurant la pérennité des salles de spectacles et autres lieux de diffusion culturelle», ajoute-t-on.
Un montant de 2,5 millions de dollars sera consacré à ce volet.
Dans ce domaine, l'affaire de La Tulipe a fait grand bruit dans les dernières semaines. La mythique salle de spectacles, qui avait pignon sur rue sur l’avenue Papineau à Montréal depuis 1913, a annoncé être dans l'obligation de fermer ses portes en raison de la décision de la Cour d'appel du Québec, qui l’oblige à cesser de faire du bruit. La réaction a été négatif chez plusieurs citoyens, et le maire de l'arrondissement Mont-Royal, Luc Rabouin, a annoncé la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire pour modifier le règlement municipal sur le bruit.
À VOIR ÉGALEMENT | Que deviendra le mythique cabaret La Tulipe?
La saga judiciaire entourant La Tulipe a commencé en 2016, lorsqu'un nouveau propriétaire a obtenu un permis de rénovation lui permettant de transformer un local adjacent à la salle en espace résidentiel. Il s'agissait d'une erreur, qui a été reconnue par la Ville de Montréal.
Les activités de l'institution ont été perturbées à partir de ce moment, par des plaintes du nouveau propriétaire, des contraventions et des démarches judiciaires, a fait valoir La Tulipe. En 2023, la Cour supérieure a exigé que la salle isole le mur mitoyen entre les deux bâtiments pour poursuivre ses activités, mais le nouveau voisin a fait appel de la décision.
Par ailleurs, dans le but de travailler en concertation avec les acteurs de la vie nocturne, la Ville de Montréal mettra en place une table de concertation qui réunira 28 membres représentant les différents secteurs d’activité concernés.
Les modalités d’appels de candidatures seront précisées au cours des prochains mois.
La Ville met aussi en place un guichet unique pour les différents acteurs de la vie nocturne, composé d’une équipe multidisciplinaire, de membres du service de la culture, du service du développement économique, du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et des différents arrondissements principalement touchés.
«On n'a rien pour nous protéger, ce n’est pas de me faire donner une subvention de 100 000$ pour insonoriser et même réinsonoriser ma salle de spectacle qui va changer quelque chose s’il y a un promoteur qui achète l’immeuble à côté», mentionne Jake Warren, copropriétaire du café-bar Le verre bouteille au micro de Noovo Info.
Montréal tiendra également la troisième édition de Montréal au Sommet de la nuit le 28 novembre prochain. «L’évènement permettra d’en savoir plus sur la mise en œuvre de la Politique et sur l’offre de services de l’équipe Vie nocturne», souligne-t-on.
Cette politique a été entérinée par le comité exécutif, le 30 octobre 2024. Elle sera soumise au conseil municipal pour approbation, le 18 novembre 2024.