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Le temps d'attente des patients entre le moment où ils ont voulu consulter et un premier traitement contre le cancer varie de trois mois à plus de cinq mois pour 56 % des Québécois, selon un nouveau sondage. Malgré l'attente, la majorité (82 %) estiment que la prise en charge du moment de leur diagnostic jusqu'au premier traitement a été suffisamment rapide.
En moyenne, les patients sondés ont indiqué avoir attendu quatre mois entre le moment où ils ont voulu consulter un professionnel et leur diagnostic. Ce délai moyen s’allongeait à plus de cinq mois pour commencer les traitements contre le cancer.
Ces constats ne semblent pas avoir d'impact négatif sur la perception du système de santé des patients atteints d'un cancer. Près de trois personnes sur quatre ont affirmé avoir confiance en la capacité du système de santé actuel de leur fournir les soins et services sociaux appropriés au moment opportun. La grande majorité des répondants (93 %) disent être satisfaits du système de santé en ce qui concerne la prise en charge de leur cancer, depuis les premières consultations avant le diagnostic jusqu’au suivi et aux traitements.
Pour Jessy Ranger, directrice des politiques de santé, défense des droits et services aux patients chez Myélome Canada, il n'est pas étonnant que les patients soient satisfaits du système de santé malgré des mois d'attente.
«Une fois qu'on est rentré dans le système, je pense que le sentiment général est que quelqu'un s'occupe de nous. [...] En oncologie, on a des professionnels exceptionnels. Une fois qu'on entre dans cette porte, on est bien pris en charge, on a le support dont on a besoin. Mais le défi, c'est d'y entrer.
«Tous ceux qui pensent que ce n'est pas assez, ils ont, soit attendu trop longtemps et se sont retrouvés avec des situations plus problématiques que ce qu'ils auraient dû — ou ils ont senti qu'ils devaient en faire trop de leur côté pour arrivé à être soigné», explique Mme Ranger.
Par ailleurs, 17 % des répondants ont dit que la maladie avait progressé entre leur première consultation et leur diagnostic. «Plus on attend, plus la maladie progresse. C'est pour ça que c'est important d'intervenir le plus tôt possible, pour s'assurer que la maladie ne progresse pas et qu'il y ait plus d'options de traitement disponibles. On parle d'une moyenne de trois à cinq mois, mais il y a des cas qui sont beaucoup plus longs. Quand on parle de plusieurs mois jusqu'à un an, on peut passer d'un stade à un autre et ça change beaucoup le parcours du patient», mentionne Mme Ranger.
Le sondage nous apprend que 15 % des patients se sont tournés vers une clinique privée pour recevoir un diagnostic ou le traitement de leur cancer. Les deux principales causes évoquées sont les longs délais d'attente et une préoccupation quant à la qualité des soins dans le secteur public.
Ce sont là quelques-uns des résultats qui ressortent du sondage réalisé par la firme Léger qui a été commandé par Agir contre le cancer maintenant en partenariat avec Coalition Priorité Cancer au Québec.
Le sondage, qui a été réalisé au mois d'août 2024, a récolté les réponses de 300 personnes ayant reçu un diagnostic de cancer après le début de la pandémie. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais pour un échantillon de cette taille, la marge d’erreur maximale est de plus ou moins 5,7 %, 19 fois sur 20.
Les Québécois divisés sur l'effort du gouvernement
Les résultats indiquent également qu'un Québécois sur deux pense que le gouvernement en fait assez pour soutenir les patients atteints d'un cancer.
Le mois dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux a publié son Plan d’action 2024-2026 du Programme québécois de cancérologie. Eva Villalba, directrice générale de Coalition Priorité Cancer au Québec, a salué la parution de ce plan qui se décline en huit axes.
«Toutefois, il faudra attendre jusqu’en 2026 pour constater les résultats concrets. À l’heure actuelle, trop de patients subissent un fardeau financier et des délais d’attente déraisonnables à travers leur parcours de soins. Les Québécois atteints de cancer veulent être en tête des priorités du gouvernement», a déclaré Mme Villalba dans un communiqué.
Il faut améliorer l'accès à un médecin de famille pour diminuer l'attente pour un premier traitement contre le cancer, croit Mme Ranger. Elle a expliqué que ceux qui n'ont pas accès facilement à un médecin de famille vont attendre plus longtemps avant d'aller consulter, notamment parce qu'ils vont sous-estimer la gravité de leurs maux.
«Ça part du fait qu'on n'a pas tous accès à un médecin de famille qui est capable de filtrer les demandes et qui fait que les gens vont se rendre chez le médecin un peu trop tard. Et là, on va devoir récupérer et on n'a pas assez de médecins spécialistes pour répondre à la demande. On n'a aussi pas assez d'infirmières, car une fois qu'on est entré dans le système on a besoin des infirmières pour administrer les traitements et épauler l'ensemble des équipes médicales. Ce problème doit être réglé», souligne Mme Ranger.
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, André Fortin, s'est montré critique à l'égard du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ). Il a écrit sur la plateforme X que 870 000 patients attendent une consultation avec un médecin spécialiste. «C’est plus que jamais. Et 62 % sont hors délai acceptable. Sous la CAQ, ces chiffres se sont détériorés à chaque année», dit-il.
La cible du gouvernement est d'atteindre 35 % d'attente hors délai d'ici le 31 mars 2025.
En ce qui a trait aux cancers, en date du 21 septembre, 836 patients attendaient depuis plus de 57 jours pour une chirurgie oncologique, selon les données tirées du tableau de bord du ministère de la Santé.
Ce dernier estime à environ 67 500 le nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués en 2023 dans la population québécoise, ce qui représente une augmentation de 12 000 nouveaux cas par rapport à 2015.
Il reconnaît qu'il a plusieurs défis à relever puisque davantage de personnes vivent avec un cancer. «Cette réalité, combinée au vieillissement anticipé de la population au cours des prochaines années, est appelée à exercer une pression énorme sur le système de santé», écrit le ministère dans le document présentant son Plan.
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