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Deux hommes sont accusés d'avoir fait partie d'un réseau qui a fait venir des ressortissants indiens au Canada, puis les a fait traverser la frontière à pied.
Le jour où une famille de quatre personnes est morte de froid en essayant de traverser à pied la frontière entre le Manitoba et le Minnesota, il faisait un froid glacial et de la poudrerie rendait même les déplacements en véhicule dangereux, ont attesté mardi des témoins lors du procès de deux hommes accusés de trafic d'êtres humains.
Steve Shand et Harshkumar Patel sont accusés d'avoir fait partie d'un réseau qui a fait venir des ressortissants indiens au Canada puis les a fait traverser la frontière à pied. Ils ont plaidé non coupables des accusations, notamment de complot en vue de transporter des étrangers causant des blessures corporelles graves et mettant des vies en danger.
Un météorologue a déclaré au procès de Fergus Falls, dans le Minnesota, qu'il y avait eu de la poudrerie et un froid intense le 19 janvier 2022 qui menaceraient toute personne qui ne s'habillerait pas correctement pour un tel temps. Les températures étaient inférieures à -20 degrés Celsius et les vents rendaient la sensation de froid encore plus forte.
«Lorsque le refroidissement éolien atteint -30 degrés, des engelures peuvent survenir en 10 minutes», a expliqué au tribunal Daryl Ritchison, directeur du North Dakota Agricultural Weather Network. «Plusieurs couches seraient nécessaires pour maintenir la chaleur corporelle.»
Steve Shand et Harshkumar Patel sont accusés d'avoir effectué plusieurs voyages en décembre 2021 et janvier 2022.
Le 19 janvier 2022, M. Shand conduisait une camionnette de 15 passagers qui s'est retrouvée coincée dans la neige sur une route de campagne juste au sud de la frontière, loin de tout point d'entrée légal, a entendu le tribunal.
Troy Larson, un travailleur d'une usine voisine, a témoigné mardi qu'il était tombé sur la camionnette de Steve Shand, qui transportait deux autres personnes, et les avait remorquées hors du fossé. Il a proposé de les guider vers un bâtiment voisin où ils pourraient se réchauffer du froid, mais l'accusé a refusé, a raconté M. Larson. «Il a dit qu'ils allaient rendre visite à des amis à Winnipeg», a rapporté le témoin.
Les agents de la patrouille frontalière sont rapidement arrivés. Le premier, Christopher Oliver, a déclaré que M. Shand lui avait également dit qu'il se rendait à Winnipeg, mais que l'histoire n'avait aucun sens car la camionnette était loin de toute autoroute principale.
M. Oliver a vérifié le permis de conduire de Steve Shand et les passeports indiens des deux jeunes hommes dans la camionnette, qui avaient des visas d'étudiants canadiens et aucun tampon indiquant qu'ils étaient entrés légalement aux États-Unis, a déclaré le patrouilleur.
Il a reçu un appel indiquant que d'autres migrants avaient été retrouvés dans un champ. Il a dit avoir alors demandé à M. Shand s'il en connaissait d'autres.
«Des gens mourront si vous ne me dites pas la vérité», a rapporté M. Oliver. Steve Shand a répondu qu'il n'y en avait pas d'autres, a-t-il dit.
Cinq autres migrants ont été récupérés par d'autres agents à proximité et l'un d'eux, une femme, souffrait d'hypothermie grave et perdait connaissance par intermittence, a déclaré M. Oliver.
La main de la femme «ressemblait à une poitrine de poulet qui venait d'être sortie du congélateur», a décrit le témoin. Elle a été transportée par avion à Minneapolis pour y recevoir des soins médicaux.
Quelques heures plus tard, la GRC a découvert les corps d'une famille - Jagdish Patel, 39 ans, sa femme, Vaishaliben Patel, 37 ans, leur fille de 11 ans, Vihangi, et leur fils de trois ans, Dharmik, gelés dans un champ à quelques mètres au nord de la frontière. Ils n'avaient aucun lien de parenté avec l'accusé portant le même nom de famille. Le père tenait toujours son plus jeune enfant dans ses bras.
En contre-interrogatoire, Christopher Oliver a déclaré que Steve Shand n'avait fourni aucun faux document et n'était pas mieux préparé au froid que les migrants.
Les avocats de la défense ont affirmé que M. Shand était chauffeur de taxi et qu'il prenait fréquemment des personnes pour son coaccusé, mais qu'il ignorait jusqu'au jour de son arrestation qu'il faisait quoi que ce soit d'illégal.