Début du contenu principal.
Il est appuyé par le député libéral George Chahal.
Alors que Justin Trudeau a annoncé mercredi qu'il ne se présenterait pas dans sa circonscription montréalaise de Papineau lors des prochaines élections, on apprenait que Mark Carney lancera jeudi à Edmonton sa campagne pour diriger le Parti libéral du Canada.
Un peu plus d'une semaine après que M. Trudeau a annoncé qu'il démissionnerait de la tête du Parti libéral du Canada, il a donc confirmé mercredi qu'il ne serait pas candidat libéral aux prochaines élections.
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada puis de la Banque d'Angleterre, se lancera quant à lui officiellement dans la course une semaine avant la date limite du 23 janvier, qui approche à grands pas pour les éventuels aspirants.
L'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland et l'actuelle ministre Karina Gould devraient également lancer leur campagne dans les prochains jours pour remplacer le premier ministre Trudeau.
En vertu des règles établies par les instances du Parti libéral, les candidats doivent payer les frais d'entrée de 350 000 $ en quatre versements entre le 23 janvier et le 17 février, en commençant par un paiement remboursable de 50 000 $. Les trois autres paiements ne sont pas remboursables.
Fred DeLorey de «NorthStar Public Affairs», qui a dirigé la campagne d’Erin O’Toole à la direction du Parti conservateur en 2020 et qui a géré la campagne nationale du parti en 2021, estime qu'avec ce calendrier serré, M. Carney et Mme Freeland auront le champ libre pour eux seuls.
«Je pense qu’il y aura deux candidats sur le bulletin de vote. Je ne vois pas d’autres personnes récolter autant d’argent, surtout quand on est novice dans ce domaine, a déclaré ce vétéran organisateur. Je parierais de l'argent là-dessus.»
Martha Hall Findlay, qui s’était présentée à la direction du Parti libéral en 2013 contre M. Trudeau, mais qui a quitté le parti il y a longtemps, croit que les candidats moins connus auront du mal à récolter une somme aussi importante en si peu de temps.
Elle estime qu’il n’est pas «inapproprié que le parti exige un droit d’entrée élevé», car cela permet de réduire la course aux candidats les plus sérieux.
«Il est assez clair que la course se joue entre Chrystia Freeland et Mark Carney et tous deux ont de très, très bonnes relations», a souligné Mme Findlay, qui dirige maintenant l'école de politique publique de l'Université de Calgary. «Je ne pense pas qu'ils auront de difficulté à réunir l'argent, surtout pour une campagne plus courte.»
Les candidats seront limités à un plafond de dépenses de 5 millions $ pendant la course, qui se terminera avec le scrutin du 9 mars.
Une source au Parti libéral au courant de l'élaboration des règles, qui n'était pas autorisée à parler publiquement, a déclaré que le plafond de dépenses était plus élevé en prévision des coûts imprévus des candidats à cause de la courte campagne, comme les suppléments pour les réservations de dernière minute.
M. DeLorey serait «sidéré» de voir l'un des candidats dépenser 5 millions $, un «montant incroyable», selon lui, pour une campagne aussi courte. «M. Carney et Mme Freeland font partie de l'élite de Bay Street, alors peut-être...», a-t-il ajouté.
Lorsque Justin Trudeau s'est présenté à la direction du parti en 2013, lors d'une course qui avait duré près d'un an, les candidats étaient limités à 950 000 $ de dépenses.
La Loi électorale du Canada stipule que les candidats à la direction d'un parti ne peuvent contribuer personnellement que 25 000 $ à leur propre campagne. Ils doivent trouver le reste par le biais de collectes de fonds et les particuliers peuvent donner jusqu'à 1750 $ à un candidat à la chefferie.
Le Parti libéral dans son ensemble n'affiche que 3,3 millions $ dans le dernier résultat financier trimestriel publié sur le site d'Élections Canada, qui couvre la période se terminant en septembre 2024. Le parti atteint généralement la barre des 5 millions $ environ un trimestre sur deux chaque année.
Le Parti conservateur avait fixé en 2022 une limite de dépenses de 7 millions $ pour une course à la chefferie qui a duré environ sept mois.
Le Parti libéral a également fixé une limite d'endettement pour les candidats de 200 000 $ à tout moment pendant la course. La limite d'endettement lors de la course de 2013 était de 75 000 $.
Les instances du Parti libéral du Canada n'ont pas encore défini les règles relatives au scrutin.
Le ministre de l'Industrie, François-Philippe Champagne, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, ont tous exclu de se présenter au cours des derniers jours.
C'est le député George Chahal, de Calgary, qui a annoncé mercredi que M. Carney se lancerait dans la course à Edmonton jeudi. Il a demandé à ses partisans d'y assister pour soutenir cette candidature.
Le député libéral Patrick Weiler, de Vancouver, qui avait demandé à M. Trudeau de démissionner l'année dernière, a lui aussi apporté son soutien à M. Carney mercredi. D'autres membres du caucus, comme le ministre de l'Immigration, Marc Miller, ont refusé de donner leur avis. M. Miller a déclaré qu'il prévoyait de ne pas divulguer sa préférence.
Mark Carney a fait une apparition remarquée au «Daily Show» de Jon Stewart plus tôt cette semaine. La vidéo a été visionnée plus de 1,6 million de fois sur YouTube.
Chrystia Freeland a pour sa part obtenu l'appui de l'actuel ministre fédéral de la Santé, Mark Holland. Il a annoncé mercredi soir soutenir «pleinement» la députée ontarienne pour qu'elle devienne la prochaine cheffe du Parti libéral.
«Chrystia est l'une de nos parlementaires les plus accomplies. En tant que journaliste, rédactrice en chef et auteure de renom, et en tant que vice-première ministre, elle a défié les attentes et les conventions. Je sais qu'elle le fera à nouveau», a-t-il affirmé dans une déclaration partagée sur le réseau social X.
Le prochain chef libéral devra rapidement s'assurer que le parti est prêt pour des élections générales anticipées une fois la brève course à la direction terminée, le 9 mars.
Les libéraux disent avoir 129 candidats désignés dans 343 circonscriptions fédérales, tandis que les conservateurs disent en avoir près de 221 et les néo-démocrates 93.
Les libéraux comptent actuellement 153 députés à la Chambre des communes, mais de nombreux députés importants ont déclaré qu'ils ne se représenteraient pas aux élections — notamment la ministre des Transports, Anita Anand, et les ex-ministres Marie-Claude Bibeau, Seamus O'Regan et Dan Vandal.
Le professeur de sciences politiques de l'Université de Toronto Randy Besco estime que le prochain chef libéral devra rapidement mettre au point sa «machine de campagne», car la garde rapprochée de M. Trudeau pourrait bien ne pas être disposée à rester en poste sous la direction d'une nouvelle personne.
«Il n'y a pas beaucoup de gens qualifiés pour mener une campagne nationale — 10 ou 20 dans tout le pays. C'est vraiment très peu, en fait, comparé aux États-Unis ou ailleurs, a souligné M. Besco. Ce sera un gros défi pour le parti.»
Les libéraux n'auront pas trop de difficulté à trouver des candidats, selon le professeur Besco, mais ils auront probablement du mal à attirer des «vedettes», étant donné la solide avance des conservateurs dans les intentions de vote.
Les candidats qui se manifestent tardivement dans la course n'auront pas passé beaucoup de temps à frapper aux portes et à collecter des fonds avant le début de la campagne électorale, a-t-il rappelé. «Ça va aussi être un problème pour les libéraux.»