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Marc-André Grenon, accusé du meurtre au premier degré d'une étudiante de 19 ans il y a près de 24 ans, a admis avoir causé sa mort, argumente le procureur Pierre-Alexandre Bernard.
Marc-André Grenon, accusé du meurtre au premier degré d'une étudiante de 19 ans il y a près de 24 ans, a admis avoir causé sa mort mardi. C'est ce qu'avance la Couronne dans ce procès entourant la mort de Guylaine Potvin en 2000.
Le jury devra déterminer s'il s'agit bien d'un meurtre au premier ou au deuxième degré au palais de justice de Chicoutimi.
Selon le procureur Pierre-Alexandre Bernard, l’intention de l’accusé était claire, notamment en raison des blessures importantes au haut du corps Guylaine Potvin, au cou et à la tête. Les éléments de preuve permettent d'avancer que Grenon s’en est pris à la victime alors qu’elle dormait dans son lit. C’est le seul endroit où il semble avoir eu une altercation, a continué Me Bernard, lors de sa plaidoirie.
Toujours selon la Couronne, les circonstances et les gestes de l’accusé démontrent la préméditation du crime, démontrant ainsi qu'il s'agirait d'un meutre au premier degré. Grenon a agi la nuit dans un quartier résidentiel qu’il connaissait bien. Arrivé à l’appartement, l’accusé s’est rendu directement à la chambre de la victime.
En ce qui a trait à l’agression sexuelle, Me Bernard a rappelé les blessures de la victime au niveau des organes génitaux, la boîte de condoms avec l’ADN de l’accusé, la position du corps de la victime à moitié dénudé sur le lit, ainsi que la présence d’ADN sur un sein, dans la bouche et dans les prélèvements des organes génitaux.
«Malgré toute la force et la détermination que Guylaine a pu donner, Marc-André Grenon a réussi son projet qui était justement d’assouvir ses pulsions sexuelles, a plaidé le procureur. Et ce, coûte que coûte, même si la mort de sa victime devait en résulter.»
Il est important pour la Couronne de démontrer que l’agression sexuelle a été commise alors que la victime était toujours en vie. Le Code criminel du Canada définit un meurtre au premier degré comme un meurtre «commis avec préméditation et de propos délibéré». Mais le meurtre que commet une personne est aussi assimilé à un meurtre au premier degré lorsque la mort est causée par cette personne «en commettant ou tentant de commettre une agression sexuelle», notamment.
Du côté de la défense, Me Karine Poliqin a reconnu que la preuve démontre que son client a causé la mort de Guylaine Potvin. Toutefois, Me Poliquin maintient qu’elle ne démontre toutefois pas ses intentions de meurtre ou de viol.
Selon la théorie de la défense, l’accusé se serait introduit à l’intérieur de l’appartement pour y commettre un vol, et se serait fait surprendre par la victime. Il aurait tenté de maîtriser l’étudiante à l’aide d’un objet. L’altercation serait ensuite poursuivie dans la chambre. Grenon aurait exercé une pression sur le cou de Guylaine Potvin, entraînant sa mort.
Me Poliquin soutient que ce n’est qu’à ce moment-là, après le décès de la victime, que son client aurait manipulé la boîte de condoms et toucher le corps de la victime.
Rappelons que le moment des attouchements est important dans cette affaire. Une agression sexuelle est valide uniquement sur une personne en vie.
La défense a rappelé l’impossibilité de savoir à quel moment les gestes auraient pu être posés, selon le témoignage de la biologiste, Caroline Paquet.
Pour ce qui est des blessures sur les parties génitales de la victime, l’avocate mentionne que la victime était en période de menstruation, ce qui pourrait expliquer la présence de sang.
La défense présente la théorie du vol en s’appuyant sur le fait que les tiroirs des autres chambres de l’appartement ont été fouillés, mais pas ceux de la chambre de la victime. De plus, aucun argent comptant ou carte de crédit n’avait été retrouvé dans la bourse de Guylaine Potvin, retrouvée au centre de tri de la région.
De plus, l’avocate avance que Grenon ne pouvait pas savoir que la victime serait seule dans l’appartement en raison du fait que ses colocataires avaient des horaires atypiques.
Les délibérations devraient débuter en début de semaine prochaine.
La veille, les avocats de la défense avaient déclaré aux jurés que leur client ne témoignerait pas et qu’ils n’appelleraient pas d’autres témoins à la barre.
Grenon a plaidé non coupable du viol et du meurtre de Guylaine Potvin, retrouvée morte en avril 2000 dans son appartement de Jonquière, aujourd’hui un arrondissement de Saguenay.
Au cours du procès, des témoins de la Couronne sont venus raconter que l’homme de 49 ans avait été arrêté en 2022 à Granby grâce à un nouvel outil utilisé par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec.
À VOIR | Meurtre de Guylaine Potvin: le fil des événements
À un certain point, la stratégie de la défense semblait être de s’attaquer au protocole en laboratoire qui a mené à l’identification de l’accusé. Du sang d’un individu masculin inconnu avait été retrouvé sur la ceinture qui aurait pu servir dans les événements qui ont entraîné la mort de Guylaine Potvin.
L’ADN masculin était une piste importante lors de l’enquête des policiers, ciblant Marc-André Grenon comme une personne d’intérêt. Les policiers ont suivi Grenon jusqu’au cinéma Élysée à Granby pour tenter d’obtenir son ADN à travers un objet abandonné, en l’occurrence, deux pailles et un verre de liqueur.
Toutefois une spécialiste en biologie judiciaire est venue expliquer et défendre ce protocole.
Avec des informations de la Presse canadienne.