Début du contenu principal.
«Ce n'était pas une manifestation pacifique.»
Des manifestants anti-OTAN se sont de nouveau rassemblés à Montréal samedi pour demander le retrait du Canada de l'alliance, un jour après une manifestation organisée par différents groupes qui s'est soldée par des arrestations, des voitures brûlées et des vitres brisées.
Des manifestants s'opposant à l'OTAN se sont à nouveau rassemblés à Montréal samedi pour exiger le retrait du Canada de l'alliance, un jour après qu'une manifestation organisée par différents groupes a abouti à des arrestations, des voitures brûlées et des vitres brisées.
Des politiciens ont qualifié les violences survenues lors de la manifestation contre l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) de vendredi d'actes d'antisémitisme, mais les manifestants nient cette accusation, affirmant qu'ils ont manifesté contre la «complicité» des pays membres de l'OTAN dans une guerre qui a tué des milliers de Palestiniens.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué avoir arrêté trois personnes au cours de la manifestation. Deux hommes, âgés respectivement de 22 et 28 ans, et une femme de 22 ans ont été arrêtés pour entrave du travail des policiers, a affirmé Véronique Dubuc, porte-parole du SPVM. La femme sera aussi accusée de voie de fait. Tous ont été identifiés et libérés sur les lieux. Ils devront éventuellement comparaître pour répondre des accusations.
Les autorités ont rapporté que des véhicules avaient été incendiés et que des vitrines avaient été fracassées. Des fumigènes ont été déployés et des barrières métalliques ont ensuite été jetées dans la rue afin d'entraver le travail des policiers, a ajouté le SPVM.
La manifestation de vendredi était organisée par les groupes Désinvestir pour la Palestine et la Convergence des luttes anticapitalistes.
Benoît Allard, un membre de Désinvestir pour la Palestine, a plutôt accusé les policiers d'avoir agi avec violence. Il a dit que plusieurs manifestants et lui-même avaient été blessés par les représentants de l'ordre. Quatre d'entre eux ont dû se rendre à l'hôpital.
Il a mentionné que l'objectif de la manifestation était de dénoncer «la complicité de l'OTAN avec l'armée israélienne pendant qu'elle mène un génocide à Gaza, commet des crimes de guerre au Liban et en Syrie et occupe illégalement les territoires palestiniens».
S'adressant à des journalistes lors du Forum international sur la sécurité de Halifax, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de la Défense, Bill Blair, ont affirmé que les actions des manifestants étaient inacceptables.
«Ce que nous avons vu, ce n'était pas une manifestation pacifique. Ce que nous avons vu, c'est la violence, la haine et l'antisémitisme. Tout cela n'a pas sa place dans nos rues, a lancé Mme Joly. Nous croyons à la liberté de parole. Nous croyons à la liberté de manifester, mais nous traçons une ligne lorsqu'il y a de la violence.»
Sur les réseaux sociaux, Mme Joly a tenu le même discours.
«Ceux qui propagent la haine et l'antisémitisme, utilisent la violence, pillent et détruisent la ville doivent être condamnés et tenus responsables. L'émeute d’hier (vendredi) n'est pas une manifestation pacifique et n'a pas sa place à Montréal ou ailleurs au Canada», a-t-elle écrit sur le réseau social X.
M. Blair a renchéri en disant que la manifestation n'était ni pacifique ni respectueuse de la loi. Selon lui, il s'agissait d'un «acte d'anarchie perpétré par un groupe de personnes».
«Ils voulaient exprimer la haine et la violence à Montréal. Ces comportements, particulièrement la haine et l'antisémitisme, sont inacceptables et nous les condamnons avec la plus grande fermeté.»
Leur patron, le premier ministre fédéral Justin Trudeau, a aussi condamné sans nuance les événements de Montréal. «Ce qu’on a vu dans les rues de Montréal hier (vendredi) soir est épouvantable. Les actes d'antisémitisme, d'intimidation et de violence doivent être condamnés où qu’ils se produisent. La GRC est en contact avec la police locale. Les émeutiers doivent être tenus responsables de leurs actes», a-t-il déclaré sur X.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé sur X le premier ministre d’être «trop occupé pour condamner une prise de contrôle violente de nos rues par le Hamas». Il a ensuite poursuivi avec une longue déclaration affirmant que M. Trudeau a transformé le Canada en «un terrain de jeu pour l’ingérence étrangère».
Le premier ministre du Québec, François Legault, a aussi réagi. «Les scènes violentes et haineuses auxquelles nous avons assisté hier soir dans les rues de Montréal, avec des attaques ciblant spécifiquement la communauté juive, sont inacceptables. Brûler des voitures et saccager des vitres, ce n’est pas passer un message, c’est causer le chaos. De tels actes n’ont pas leur place dans une société pacifique comme le Québec.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a lui aussi condamné les actes de violence «qui, sous prétexte de soutien aux Palestiniens, servent des intérêts politiques extrémistes et se nourrissent de division et de haine».
Il reproche aussi à Mme Joly et au premier ministre Justin Trudeau de pousser des hauts cris sans faire les gestes nécessaires pour réduire ces appels à la violence. Il réclame d'«éliminer de l’appareil canadien ce qui accrédite les propos des extrémistes», notamment la fonction de la représentante spéciale du Canada dans la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby.
Toutefois, M. Allard, de Désinvestir pour la Palestine, a rejeté les accusations d'antisémitisme. Il a déclaré que les manifestations visaient les actions de l'État d'Israël et non le peuple juif, ajoutant que, plus tôt cette semaine, la Cour pénale internationale avait émis un mandat d'arrêt contre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.
Jeudi, le tribunal a indiqué dans un communiqué de presse qu'il y avait des motifs raisonnables de croire que M. Nétanyahou avait commis «le crime de guerre de famine comme méthode de guerre ; et les crimes contre l'humanité de meurtre, de persécution et d'autres actes inhumains».
Environ 80 personnes ont participé à la manifestation anti-OTAN organisée samedi au centre-ville de Montréal par le Mouvement québécois pour la paix, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Le Canada hors de l'OTAN» et scandant «Solidarité avec la Palestine». Plusieurs personnes présentes brandissaient des drapeaux du Parti communiste du Canada tandis que d'autres brandissaient des drapeaux palestiniens.
Jad Kabbanji, président du Mouvement québécois pour la paix, a déclaré que le Canada devrait refuser de respecter les objectifs de dépenses militaires de l'OTAN. Il a également soutenu que malgré le fait qu'elle se qualifie d'alliance défensive, l'OTAN a déstabilisé de nombreuses régions du monde et créé des conflits militaires, notamment au Moyen-Orient et en Europe de l'Est.
Selon M. Kabbanji, la campagne militaire d'Israël à Gaza n'aurait pas été possible sans les armes fournies par les membres de l'OTAN comme les États-Unis, et une politique d'acceptation croissante des pays qui faisaient autrefois partie de l'Union soviétique «a poussé la Russie à envahir l'Ukraine».
Greg Beaune, vice-président du groupe, a affirmé que le groupe condamnait l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais a ajouté que l'OTAN avait contribué à provoquer un conflit dans la région.
Rana El Gharbie, membre du groupe, a dit qu'elle ne soutenait pas les manifestations violentes, mais a ajouté que les Canadiens étaient de plus en plus frustrés par le soutien du Canada à Israël et par le «manque d'action» pour protéger les Palestiniens.
L'Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) est en réunion à Montréal, samedi et dimanche.