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La présence prolongée des camionneurs et autres manifestants sur la colline du Parlement est une «occupation», insiste le gouvernement, alors que le chef de police d’Ottawa martèle que la manifestation est «illégale et inacceptablement dangereuse».
La présence prolongée des camionneurs et autres manifestants sur la colline du Parlement est une «occupation», insiste le gouvernement Trudeau, alors que le chef de police d'Ottawa martèle que la manifestation est «illégale et inacceptablement dangereuse» et que les conservateurs soufflent le chaud et le froid.
*En vidéo, le correspondant parlementaire Christopher Nardi fait le point sur la situation qui règne à Ottawa, près d'une semaine suivant le début de la vaste manifestation initiée par les camionneurs du pays. Il signale que dans la capitale, «l'écoeurement est à son comble» dans une ville où les habitants sont habituellement reconnus pour être «dociles». Il souligne que la contre-manifestation qui avait été annoncée st finalement annulée pour calmer les ardeurs et éviter une escalade de la violence. (Noovo Info, d'après une entrevue accodée au Fil 17 h).
«C’est maintenant une occupation. Ce n’est plus une manifestation», a lancé le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, demandant aux participants à la mobilisation de rentrer chez eux et de laisser les résidants vivre «dans la paix, dans la sécurité et dans l’harmonie».
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Lors de la période des questions, le porte-parole conservateur en matière de santé, Luc Berthold, a pour sa part soutenu qu'«il est temps de mettre fin à la manifestation», mais que le fédéral doit aussi renoncer à imposer une quarantaine de 14 jours pour les camionneurs non vaccinés qui franchissent la frontière.
Il a reproché, au passage, au premier ministre Justin Trudeau de manquer de «leadership» et de «jeter de l’huile sur le feu».
Dans un communiqué ambigu transmis en après-midi, la cheffe conservatrice intérimaire, Candice Bergen, n'a pas exhorté les camionneurs à quitter, leur demandant simplement de rester «pacifiques» et de dénoncer tout acte de haine, de racisme, d'intolérance ou de violence.
Le député conservateur de la région de Québec, Pierre Paul-Hus, a paru aller plus loin que ses collègues, sur Twitter, affirmant avoir passé une semaine à «subir le siège d’Ottawa».
J’ai passé la semaine à subir le Siège d’Ottawa. Si la motivation des camionneurs pouvait être comprenable, la situation actuelle est toute autre. Je demande que l’on dégage les rues et que l’on cesse cette occupation contrôlée par des radicaux et des groupes anarchistes.#polcan pic.twitter.com/Vyy84e06KO
— Pierre Paul-Hus (@PierrePaulHus) February 4, 2022
«Je demande que l’on dégage les rues et que l’on cesse cette occupation contrôlée par des radicaux et des groupes anarchistes», a-t-il écrit.
Plus tôt cette semaine, alors que le parti discutait de la manière de répondre à la manifestation, Mme Bergen avait déclaré à ses collègues députés conservateurs et hauts responsables, dans un courriel obtenu par La Presse Canadienne, ne pas croire que sa formation devrait demander aux manifestants de rentrer chez eux. Elle les avait même qualifiés de «patriotes» à la Chambre des communes.
Le Bloc québécois a réitéré son appel à ce que le gouvernement crée une cellule de crise et estime que des responsables devraient s'entretenir avec ceux qui se désignent maintenant comme porte-parole des manifestants.
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a insisté qu'il s'agit de «dialoguer» et non de «négocier». «Il faut leur donner l'occasion de partir au fond, à la limite, leur donner l'occasion de sauver la face», a-t-il dit lors d'un point de presse, avant d'entrer au parlement.
Selon lui, il est temps que M. Trudeau «gouverne», ce qu'il semble `refuser activement' de faire.
En ne «faisant rien», le premier ministre «cautionne» et envoie le message aux «occupants» qu'ils peuvent rester là «autant qu'ils veulent», a résumé M. Blanchet.
Il s'est aussi insurgé contre le fait que le premier ministre renvoie la situation au corps policier local. Ce n'est pas simplement un «enjeu de circulation locale, de stationnement qui n'est pas respecté», mais bien une «crise» à «connotation nationale», a-t-il insisté.
Comme il l'a fait la veille, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré que la police a «la compétence et la juridiction sur les décisions opérationnelles, sur le terrain».
«C'est la façon qui fonctionne dans notre démocratie», a-t-il insisté.
La police d’Ottawa, pour sa part, a signalé qu’elle déploie environ 150 policiers supplémentaires. Elle installera des barricades de béton dans les secteurs de la ville afin d’«isoler» les manifestants contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 qui occupent le centre-ville depuis une semaine.
Cette présence policière renforcée a pour objectif d’envoyer un «message clair» aux manifestants: «le désordre doit cesser», a dit le chef de police, Peter Soly, vendredi, lors d’une conférence de presse.
«Notre objectif est de mettre fin à la manifestation», a-t-il résumé. Elle est cependant «de plus en plus volatile et de plus en plus dangereuse».
Les patrouilleurs seront présents «24 heures par jour, durant les quatre prochains jours». Ils se concentreront sur la gestion des méfaits, de la haine, du harcèlement, des menaces et d’autres comportements intimidants.
Des barrières de béton et de l’équipement lourd seront utilisés pour empêcher tout accès au centre-ville. Les véhicules stationnés illégalement seront remorqués et envoyés à la fourrière si nécessaire, a prévenu le chef Soly. Des ponts interprovinciaux et des sorties d’autoroutes pourraient devoir être fermés.
Jeudi, le premier ministre Trudeau avait écarté l’idée évoquée la veille par le chef de police d’Ottawa d’envoyer l’armée pour mettre fin à la manifestation, que plusieurs élus qualifient désormais d’«occupation» et de «siège».
«Ce n’est pas quelque chose qu’on est en train de regarder, d’envoyer des forces armées contre des citoyens canadiens», avait-il dit.
Le nombre de camions et de manifestants a déjà été réduit «considérablement», et ce, en évitant «des émeutes, des blessés ou des morts», a noté le chef de police.
Les policiers promettent de s’attaquer aux comportements illégaux de manifestants, y compris lors de manifestations parallèles et de contre-manifestations, a-t-il précisé.
La haine, la violence, les actes illégaux qui ont été observés depuis une semaine sont «inacceptables en toutes circonstances», a insisté le chef de police.
La police d’Ottawa dit travailler avec les agences de renseignement, la GRC, la Police provinciale de l’Ontario et d’autres corps de police municipaux.
Les services de renseignement prévoient qu’entre 300 à 400 camions tenteront de se joindre à la manifestation cette fin de semaine ainsi que 1000 à 2000 personnes à pied, a révélé le chef adjoint Steve Bell. À cela, s’ajouteraient un millier de contre-manifestants.
Tard jeudi, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré que la GRC avait approuvé la demande du maire d’Ottawa, Jim Watson, pour que la GRC soutienne la police municipale.
M. Mendicino a dit que le convoi a causé d’importantes perturbations pour les résidants locaux, notamment du vandalisme, du harcèlement, des expressions de haine et de violence, ainsi que l’obstruction continue de nombreux services.