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Le système ferroviaire est indispensable pour l'effort de guerre, et ce depuis les premiers jours de l'invasion qui a commencé il y a un an cette semaine.
L'Ukraine veut que le Canada prête son expertise — et fasse don de pièces ferroviaires cruciales — pour maintenir son système ferroviaire de passagers et de marchandises en difficulté, alors que les mines terrestres et les frappes de missiles menacent de bloquer le lien vital du pays.
Le système ferroviaire est indispensable pour l'effort de guerre, et ce depuis les premiers jours de l'invasion qui a commencé il y a un an cette semaine.
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Des millions de personnes ont utilisé les trains pour fuir les villes occupées et se réfugier dans les pays voisins. Des milliers de soldats et de civils blessés ont également été transportés par train vers des hôpitaux situés dans des régions plus sûres du pays.
Le chemin de fer est également la façon dont l'Ukraine achemine de l'aide et des soldats vers les zones de première ligne, où les combats sont les plus intenses, et elle ramène les habitants et les fournitures dans les territoires rendus au contrôle ukrainien après le départ des forces d'occupation russes.
Les attaques constantes contre les chemins de fer et d'autres infrastructures critiques ont rendu 20 % du système inutilisable, selon Oleksandr Pertsovskyi, PDG de la compagnie de transport Ukrainian Railways. Il a ajouté que plus de 300 travailleurs du secteur ferroviaire ont également été tués.
«Très souvent, ils doivent partir juste après la fin des bombardements, alors que c'est encore dangereux, pour commencer les réparations», a-t-il expliqué lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne depuis Kyiv, la capitale de l'Ukraine.
La compagnie ferroviaire publique, connue en Ukraine sous le nom d'Ukrzaliznytsia, fonctionne presque comme une unité paramilitaire pour assurer la circulation des biens essentiels et des personnes d'un bout à l'autre du vaste pays, a indiqué M. Pertsovskyi.
Mais l'Ukraine cherche à faire plus que réparer ce qui a été endommagé: l'entreprise veut construire un meilleur système, plus moderne, et elle a demandé l'aide du Canada.
«Le Canada est un grand fabricant industriel, donc bien sûr, il pourrait y avoir certains types d'équipements ou certaines solutions technologiques», a-t-il fait valoir.
L'un de ses objectifs est de rendre l'écartement des voies — la distance entre les deux rails — plus compatible avec la norme dans le reste de l'Europe. Cela ne serait pas une mince affaire, étant donné qu'il y a 20 000 km de voies en Ukraine.
L'entreprise espère également remplacer les gares détruites par d'autres qui serviront mieux les Ukrainiens après la guerre, y compris ceux qui vivent avec un handicap.
«Malheureusement, il y a tellement de gens, même des jeunes, qui sont amputés à cause de cette guerre, et notre tâche principale est de rendre nos installations ferroviaires entièrement accessibles», a expliqué M. Pertsovskyi.
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Selon lui, le Canada pourrait fournir de l'équipement, de l'ingénierie et des conseils pour reconstruire les bâtiments endommagés conformément aux normes d'accessibilité.
Le ministre canadien des Transports, Omar Alghabra, a aidé à négocier un accord, l'automne dernier, entre les compagnies ferroviaires canadiennes et les chemins de fer ukrainiens en réponse à une demande du gouvernement ukrainien de soutenir la résilience et la reconstruction du système, y compris l'approvisionnement en pièces auprès de fabricants canadiens.
«Nos membres rassemblent du matériel et de l'expertise pour aider nos amis ukrainiens à maintenir les trains en mouvement, malgré les incursions de la Russie, tout en planifiant l'avenir», a mentionné dans un communiqué la vice-présidente exécutive de l'Association des chemins de fer du Canada, Caroline Healey.
L'Association des chemins de fer du Canada représente les trois principales compagnies ferroviaires du Canada, le Canadien National, le Canadien Pacifique et VIA Rail, ainsi que des fabricants ferroviaires canadiens.
L'association s'efforce de déterminer les pièces dont l'Ukraine a le plus besoin et où les trouver au Canada.
M. Pertsovskyi a laissé savoir que les travailleurs ukrainiens avaient déjà réparé des centaines de kilomètres de voies et près d'une douzaine de ponts qui avaient été endommagés pendant la guerre. Il a cependant précisé que parfois ce ne sont que des solutions temporaires.
L'exemple le plus notable pourrait être le grand pont entre Kyiv et la banlieue voisine d'Irpin, qui était occupée par les forces russes au tout début de la guerre. Les forces ukrainiennes ont détruit le pont sur la rivière Irpin qui reliait les deux villes pour empêcher les chars russes d'avancer dans la capitale.
«C'est comme une destruction majeure, a soutenu M. Pertsovskyi. La rivière est sous le pont et c'était complètement détruit.»
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Une fois les troupes russes repoussées de la région, il a fallu moins d'un mois au pays pour rétablir le service de trains de banlieue, a-t-il ajouté. Pendant ce temps, le pont entre la ville portuaire d'Odessa et la région voisine de Bessarabie a été attaqué plus de 30 fois.
«Ils continuent de l'attaquer et (ils) ne sont toujours pas en mesure d'arrêter complètement l'opération», a indiqué M. Pertsovskyi.
Ce travail a un coût humain énorme. Les mines terrestres laissées après le départ des Russes rendent les réparations incroyablement dangereuses pour les travailleurs.
Les attaques de missiles contre les centrales électriques ont également rendu difficile le maintien des trains en marche, bien que le déploiement de trains diesel pendant les pannes de courant se fasse désormais rapidement et sans heurts, a-t-il déclaré.
Des stations telles que celle de Lviv ont été transformées en ce que M. Pertsovskyi appelle des «forteresses d'invincibilité», où les habitants de la ville peuvent venir se réchauffer, recharger leurs appareils électroniques et dormir sur les bancs des stations lorsque les bombardements russes coupent l'électricité dans certaines communautés.
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Bien que le village de tentes des réfugiés et des services sociaux qui se trouvait à l'extérieur de la gare de Lviv soit maintenant en grande partie remballé et parti, il reste une tente. C'est là que dort le bénévole Roman Mazur quand il ne distribue pas du thé chaud aux voyageurs qui quittent l'Ukraine ou y reviennent.
À l'intérieur, la tente est remplie de boîtes de nourriture et d'autres fournitures pour aider les gens tout au long de leur voyage.
«La plupart des gens quittent le pays lorsque les Russes commencent à bombarder massivement. Beaucoup de gens fuient ces villes (qui sont bombardées»', a déclaré M. Mazur en ukrainien par l'intermédiaire d'un interprète tandis qu'il offrait des pâtisseries aux personnes arrivant à la gare.
«Trois ou quatre autocars de réfugiés partent encore chaque jour pour la Pologne voisine», a dit M. Mazur, qui fait du bénévolat auprès de l'organisation Lviv Angel.
Les statues qui bordent l'entrée ornée de la gare sont enveloppées pour les protéger contre les dommages en cas d'explosions à proximité, mais les trains circulent toujours à l'heure.
Alors que de plus en plus de territoires sont récupérés, M. Pertsovskyi espère réparer plus de lignes ferroviaires menant à ces villes et communautés.
«Redonner vie aux villes occupées est désormais la priorité absolue», a-t-il assuré.