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«Luka Magnotta et Paul Bernardo pourraient jouer au tennis en double cet été, et c'est vous qui payez la facture.»
Les députés conservateurs ont vivement critiqué le gouvernement fédéral après avoir appris que Luka Rocco Magnotta a été transféré dans un établissement à sécurité moyenne il y a deux ans.
Magnotta, âgé de 41 ans, purge une peine d'emprisonnement à perpétuité pour le meurtre de l'étudiant Jun Lin à Montréal en 2012. Ce meurtre atroce a fait la une des journaux internationaux, notamment parce que des actes de nécrophilie et de cannibalisme ont été enregistrés sur vidéo et publiés sur les réseaux sociaux.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Lundi, le député conservateur Frank Caputo a publié sur X une vidéo décrivant sa visite à La Macaza - une prison à sécurité moyenne située à Mont-Tremblant - pour voir les conditions de vie du célèbre violeur en série et meurtrier Paul Bernardo.
Lors de la visite de l'établissement, M. Caputo a déclaré que «l'un des gardiens a fait remarquer que Luka Magnotta était passé juste à côté de lui».
La vidéo de M. Caputo disant que «les meurtriers les plus horribles du Canada vivent mieux que la plupart des Canadiens» a depuis été visionnée près d'un demi-million de fois, et plusieurs députés conservateurs se sont exprimés à ce sujet.
Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a rejeté la responsabilité du transfert de M. Magnotta sur le premier ministre Justin Trudeau et sur le projet de loi C-83, une loi adoptée en 2019 dans le but d'apporter des changements au système correctionnel, notamment pour «veiller à ce que le pénitencier dans lequel les détenus sont enfermés soit celui qui leur offre l'environnement le moins restrictif pour cette personne».
Le leader parlementaire conservateur Andrew Scheer a quant à lui évoqué le récent projet de loi des libéraux sur la réforme de la mise en liberté sous caution, que son parti a dénoncé.
«Non seulement Trudeau laisse les délinquants dangereux retourner dans la rue, mais lorsqu'ils sont maintenus derrière les barreaux, ils bénéficient d'un forfait de luxe», a-t-il écrit sur X. «Et à vos frais!»
Un porte-parole du bureau du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a répliqué que les décisions concernant le niveau de sécurité des détenus relevaient de Service correctionnel du Canada (SCC).
«Toutes les décisions concernant les transferts de détenus sont prises indépendamment par les fonctionnaires de SCC», a écrit Jean-Sébastien Comeau, porte-parole du ministre LeBlanc, dans un courriel envoyé à CTV News. «La sécurité du public et des membres du personnel de SCC est leur principale préoccupation.»
Dans une réponse envoyée par courriel à CTV News lundi, le porte-parole de SCC, Kevin Antonucci, a écrit que le système correctionnel du Canada est «fondamentalement basé sur la réadaptation des délinquants», quelle que soit la durée de leur peine.
«Ce délinquant est en sécurité derrière les barreaux depuis près de dix ans», a écrit M. Antonucci. «Il se trouve toujours dans un établissement fermé, où il purge une peine de durée indéterminée.»
«Notre objectif ultime est d'assurer la sécurité du public - et c'est exactement ce que nous continuons à faire», a-t-il ajouté. «Pour être clair, il n'y a pas eu de changements récents concernant la situation de ce délinquant, comme les rapports semblent le suggérer.»
Bien que SCC ne nomme pas l'établissement où Magnotta réside actuellement, il confirme que le tueur condamné a été transféré de l'établissement à sécurité maximale de Port-Cartier il y a deux ans.
En janvier 2022, les avocats de M. Magnotta ont déposé des documents devant la Cour fédérale, dans l'espoir d'obtenir un transfert de la prison à sécurité maximale du Québec vers un établissement à sécurité moyenne, affirmant que SCC avait refusé une demande faite l'été précédent.
Le député conservateur Michael Cooper a qualifié ce transfert de «scandaleux».
«C'est le résultat direct des politiques laxistes de Justin Trudeau en matière de criminalité», a écrit M. Cooper sur X. «Après huit ans de Trudeau, le système judiciaire canadien est cassé. Un gouvernement conservateur de bon sens gardera les meurtriers sadiques enfermés dans des prisons de haute sécurité.»
Le député conservateur et whip adjoint de l'opposition, Chris Warkentin, a lancé que la nouvelle était «choquante».
Le transfert d'un tueur notoire a également attiré l'attention l'été dernier, lorsque Paul Bernardo a été transféré d'un établissement de haute sécurité à l'établissement de moyenne sécurité de La Macaza.
Ce transfert a donné lieu à une nouvelle directive ministérielle, après que le gouvernement l'a largement passé sous silence jusqu'à ce qu'il ait lieu, déclenchant une vive controverse politique autour du ministre de la Sécurité publique de l'époque, Marco Mendicino, qui a affirmé n'avoir été informé du transfert que le lendemain de sa réalisation.
Dans une entrevue accordée à CTV News, la sénatrice indépendante Kim Pate, qui défend également les droits des jeunes, des hommes et des femmes incarcérés, a qualifié les commentaires en ligne des députés conservateurs de «tout à fait politiques».
«Les gens ne comprennent pas ce qui se passe dans les prisons, et ils supposent que le fait qu'une personne passe de la sécurité maximale à la sécurité moyenne excuse en quelque sorte son comportement ou rend sa peine plus facile», a-t-elle avancé. «C'est tout le contraire. La plupart des personnes qui font des commentaires à ce sujet n'ont jamais mis les pieds dans ces prisons.»
Dans un courriel envoyé à CTV News mardi, Justin Piché, professeur de criminologie à l'Université d'Ottawa et défenseur des droits des prisonniers, a mentionné que même s'il n'y a «aucun doute» que M. Magnotta «a commis des actes horribles», la société n'a pas le droit de soumettre les détenus à des «conditions de détention horribles à leur tour».
«Il est regrettable que le Parti conservateur du Canada se remette à colporter la rhétorique du Club Fed en se basant sur les observations d'une courte visite de La Macaza, comme si le fait d'avoir accès à quelque commodité ou programme que ce soit derrière les barreaux compensait en quelque sorte l'expérience déshumanisante et préjudiciable de l'incarcération», a écrit M. Piché. «Il est clair que le soi-disant gouvernement en attente ne prend pas au sérieux la privation de liberté, qui est douloureuse en soi.»