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La scène est facile à imaginer: c’est la mi-janvier et l’équipe de Montréal de la Ligue professionnelle de hockey féminin vient de subir un revers crève-cœur en prolongation lors d'un match à domicile en milieu de saison. Après la rencontre, l’entraîneuse-chef Kori Cheverie et les attaquantes Marie-Philip Poulin et Laura Stacey, tour à tour, auraient pris quelques minutes pour faire part de leur déception aux quelques représentants des médias sur place. C'eût été normal.
Samedi, on a eu droit à une scène complètement différente, qui s’explique par l’ampleur de tous les moments que ces trois dames venaient de vivre.
Une précision s’impose: le résultat a été le même, l’équipe de Montréal s’étant inclinée 3-2 en prolongation contre la formation de Boston.
Pourtant, lors des conférences de presse d’après-match, samedi, des sourires illuminaient leurs visages, car elles avaient adoré tout le reste de leur journée, leur première dans ce qui sera, cette année à tout le moins, leur principal château fort.
Les sourires de Poulin et de Stacey étaient particulièrement significatifs quand on sait que la première croyait avoir marqué le filet vainqueur après 20 secondes de jeu en prolongation pour ensuite voir ce but annulé par une vérification vidéo, parce qu’il avait été déterminé que la seconde avait commis de l’obstruction à l’endroit de la gardienne rivale.
«J’ai vu un but!», a d’ailleurs lancé Poulin, en ricanant, lorsqu’un journaliste lui a demandé ce qu’elle avait vu lors de cette séquence.
Pendant plus de 20 minutes après le match, Poulin et Stacey sont revenues sur tous les grands moments de cette journée du 13 janvier 2024.
L’énergie générée par les 3245 spectateurs – une salle comble – du début à la fin, même après le but crève-cœur du club visiteur.
La présentation des joueuses du club montréalais, une par une, qui a culminé avec l’arrivée au centre de la glace de Poulin, l’idole de tant de jeunes Québécoises, et par une ovation monstre, une autre, réservée à la légende de Beauceville.
La présence de ces cinq pionnières du hockey féminin québécois que sont Danielle Goyette, France St-Louis, Kim St-Pierre, Caroline Ouellette et Danièle Sauvageau, invitées pour la mise en jeu protocolaire, effectuée par les deux filles de Ouellette, comme pour illustrer que le passé avait mené à cette journée, mais qu’il y aurait une continuité, aussi.
Poulin et Stacey n’avaient rien oublié de cette journée et elles n’oublieront jamais. Surtout, elles avaient compris que malgré la défaite sur la patinoire, il s’était passé quelque chose qui surpassait le score final.
«Je pense, en toute honnêteté, que ce match, ce moment est tellement plus gros qu’un but, qu’une défaite, qu’une défaite en prolongation en fait. Il y a tellement de choses qui entrent en ligne de compte», a corroboré Stacey.
«Voir les jeunes filles, les jeunes garçons, tous les supporters dans les gradins aujourd'hui (samedi) qui ont attendu cela si longtemps, et nous aussi. C'était au-delà de nos espérances et j'espère que nous pourrons continuer comme ça pendant le reste de l'année et faire avancer les choses, non seulement à Montréal, mais dans le monde entier», a renchéri l’attaquante originaire de Mississauga.
Stacey a admis qu’elle avait particulièrement goûté le moment où elle et ses coéquipières étaient réunies autour du cercle central de mise en jeu, lors de la cérémonie d’avant-match.
«Lorsque nous avons toutes salué la foule, que les lumières se sont mises à briller et que l'édifice a explosé, j'en ai eu des frissons», a affirmé Stacey.
«C'est la ville où nous nous entraînons depuis si longtemps, ce sont les gens qui nous soutiennent depuis si longtemps. Ils étaient tous là ce soir. Eux aussi ont dû endurer beaucoup de choses. Ils ont attendu, ils ont espéré. Finalement, ils sont venus et le match a été extraordinaire. Je pense que je n'oublierai jamais le moment qui a précédé la première mise en jeu.»
Poulin a été particulièrement touchée par l’ovation du public à la fin du match.
«De voir les gens encore dans les estrades après une défaite, ça en dit beaucoup. Vous pouvez gagner et avoir les gens qui vous soutiennent, mais lorsque vous perdez et que les gens applaudissent Montréal, c’est très spécial.»
Il est indéniable qu’une histoire d’amour vient de commencer entre le public de la grande région de Montréal et son équipe dans la nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin.
Une histoire d’amour que Cheverie semble prête à entretenir et solidifier. Les premières phrases qu’elle a prononcées aux journalistes après le match pouvaient en témoigner.
À l’exception des trois derniers mots, elle s’est exprimée dans la langue de Molière, et ça lui a valu un bravo bien senti et des applaudissements de la part des journalistes!
«Bonjour tout le monde. Merci pour votre support. Maintenant, j’apprends (le) français avec mon professeur. Alors, merci pour votre patience avec moi with my French.»