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Les liens de la pharmaceutique avec l'industrie du tabac sont montrés du doigt.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dit non au vaccin candidat de Medicago contre la COVID-19 en raison des liens de la pharmaceutique québécoise avec l’industrie du tabac.
L’un des actionnaires minoritaires de Medicago est le fabricant de tabac Philip Morris. Or, il faut savoir que les politiques de l'OMS sont très strictes concernant les liens des fabricants avec les cigarettiers.
En réponse à une demande de Noovo Info, Medicago a fait savoir par courriel avoir «reçu un courriel informant d’une décision préliminaire de la part de l’OMS et mentionnant qu’une lettre officielle devrait être envoyée sous peu avec des informations complémentaires.»
L'entreprise est présentement en attente de ces informations. Medicago affirme que lorsqu'elle «aura reçu et revu le rationnel de cette décision», elle sera en mesure de continuer ses discussions «sur les prochaines étapes avec ses partenaires et investisseurs.»
L'entreprise ajoute dans son courriel à Noovo Info, que sa compréhension de la décision de l'OMS «est liée uniquement à l'actionnaire minoritaire de l'entreprise et non à l'efficacité et la sécurité de son vaccin à base de plantes contre la COVID-19.»
Medicago rappelle que Covifenz a été approuvé par Santé Canada le 24 février 2022. L’innocuité et l’efficacité de ce vaccin chez les personnes de moins de 18 ans et de plus de 64 ans n’ont pas encore été déterminées.
«L’entreprise travaille avec ses partenaires pour trouver une solution satisfaisante,» termine la direction de Medicago en mentionnant qu'elle dévoilera «les développements éventuels dans ce dossier» tout en précisant que pour l'instant, «Medicago n'accordera pas d'entrevue à ce sujet».
Le Canada a signé un contrat pour acheter jusqu’à 76 millions de doses du Covifenz de Medicago, mais sa stratégie vaccinale repose désormais uniquement sur les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et de Moderna.
À lire et à voir également : Boudé par l'OMS, qu'adviendra-t-il du vaccin de Medicago?
En raison du refus de l'OMS pour la demande de Medicago, le Canada ne pourra pas donner des doses de Covifenz à l’organisme COVAX puisqu'il ne peut utiliser que des vaccins pour lesquels l’OMS a accordé une licence d’utilisation d’urgence.
Le vaccin pourra toutefois être utile pour d'autres pays.
Le Canada a investi 173 millions $ dans Medicago en 2020 pour soutenir le développement du vaccin Covifenz et aider Medicago à agrandir son usine de production au Québec. Il a également signé un contrat pour acheter au moins 20 millions de doses, avec des options pour 56 millions de plus.
Questionné avant la période des questions vendredi, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a évoqué l’idée qu’un changement dans l’actionnariat de Medicago pourrait constituer une solution.
«Ça serait à la compagnie évidemment de décider, a-t-il lâché. L’actionnariat de ces grands groupes-là, ça varie souvent avec le temps. Si vous regardez même l’évolution de Medicago, ça a évolué avec les années. Moi, je pense que ça va évoluer encore.»
Quant à l’enjeu éthique, le ministre a dit qu’il «il y avait quelque chose qui était bizarre de voir le type de capital ou d’actionnaire dans cette société-là».
Le ministre a cependant fait remarquer que la société Mitsubishi est l’actionnaire majoritaire.
Dans un courriel à La Presse canadienne, l’OMS indique que l’évaluation du vaccin de Medicago est «suspendue» en lien avec les «investissements de l’industrie du tabac».
«Medicago a été informé de cette décision et a été informé des politiques de l’OMS sur le tabac», écrit l’organisation.
L’OMS réitère avoir une «politique stricte» de garder ses distances avec des entreprises qui font la promotion du tabac.
Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a expliqué que le gouvernement fédéral travaille avec la pharmaceutique et l'OMS «pour s'assurer qu'on puisse aller au-delà de cette décision qui repose sur un usage d'urgence du vaccin et sur des raisons reliées à la structure corporative de la compagnie».
«Il y a d'autres avenues que nous pouvons utiliser pour nous assurer d'aller dans la bonne direction», a-t-il dit en anglais, sans plus de détails.
Le ministre a évité deux fois plutôt qu'une de dire s'il y a des discussions au gouvernement pour tenter de conclure des ententes directement avec d'autres gouvernements.
Il y a une semaine, l'OMS avait annoncé que la demande déposée par Medicago pour obtenir une licence d'utilisation d'urgence du Covifenz avait été suspendue et serait probablement refusée.
COVAX ne peut utiliser que des vaccins pour lesquels l'OMS a accordé une licence d'utilisation d'urgence, de sorte qu'un rejet de Medicago pourrait limiter les pays dans le monde où le vaccin peut être utilisé.
Avec des informations de Michel Saba de la Presse canadienne