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La loi québécoise sur la laïcité de l’État interdit, depuis 2019, que des personnes en situation d’autorité affichent des signes religieux.
Justin Trudeau continue à attaquer avec force la Loi sur la laïcité de l’État, mais n’ira pas plus loin que des attaques verbales pour ne pas donner un prétexte à François Legault, dit-il.
M. Trudeau a précisé sa pensée lors d’une conférence de presse, lundi matin à Ottawa, où il annonçait une entente avec le Nouveau-Brunswick pour le financement des garderies de la province.
« Je suis en désaccord profond avec (la loi). Je ne trouve pas que dans une société libre et ouverte quelqu’un devrait perdre sa job à cause de sa religion. Et ce n’est plus un enjeu théorique », a-t-il commencé par offrir, en écho aux multiples sorties de ses députés, ministres et même d’un de ses ambassadeurs, sur cet enjeu, depuis une semaine.
L’épisode, révélé la semaine dernière, dans une école d’Outaouais est l’affaire concrète à laquelle fait référence le premier ministre.
Il est ainsi longuement revenu sur le sort de l’enseignante Fatemeh Anvari qui a été embauchée par une école anglaise de Chelsea, puis retirée de la classe de troisième année où elle enseignait, parce qu’elle porte le hijab.
La loi québécoise sur la laïcité de l’État interdit, depuis 2019, que des personnes en situation d’autorité affichent des signes religieux. Cette loi, qui a une clause de droits acquis empêchant le renvoi de personnes déjà en poste, s’applique, entre autres, aux enseignants.
Depuis le dépôt du projet de loi 21 à Québec, M. Trudeaua dit s’y opposer, mais préférer laisser aller les Québécois qui contestent la loi devant les tribunaux de la province. À plusieurs reprises, il a dit qu’il était prématuré pour son gouvernement d’intervenir légalement dans cette cause, tant qu’elle est devant les tribunaux du Québec.
« C’est important dans les premières étapes, dans le travail qui se fait maintenant, de ne pas donner l’excuse d’une bataille entre Ottawa et Québec, mais de souligner que c’est des Québécois eux-mêmes qui sont en désaccord profond avec le fait que quelqu’un puisse perdre sa job à cause de sa religion », a-t-il développé, insistant qu’il ne veut pas « donner l’excuse au gouvernement du Québec que c’est de l’ingérence fédérale ».
« Comme je dis depuis le début, je ne trouve pas que cette loi est une bonne chose, ni pour le Québec ni pour n’importe qui d’autre », a-t-il conclu.
Depuis la semaine dernière, le ministre fédéral Marc Miller a qualifié la décision de retirer sa classe à Mme Anvari de geste « lâche », de nombreux députés libéraux ont dénoncé la loi dans chaque micro qui leur a été offert, et l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae, a écrit sur son compte Twitter que cette loi est « profondément discriminatoire » et qu’elle « va à l’encontre de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
Invité à réagir à la plus récente sortie de M. Trudeau, le premier ministre François Legault n’y a entendu « rien de nouveau ».
« Il n’y a (...) rien de nouveau de ce côté-là. C’est un projet de loi qui a été adopté démocratiquement. Notre responsabilité, c’est de faire appliquer les lois », a-t-il simplement laissé tomber, lors d’un passage dans une banque alimentaire à Montréal, lundi après-midi.
Relancé à deux autres reprises par les journalistes, le premier ministre du Québec s’en est tenu aux arguments maintes fois répétés : « Il y a une majorité de Québécois qui sont d’accord. C’est une loi qui est raisonnable. »
Et la loi ne s’applique aux enseignants que lorsqu’ils sont en position d’autorité, a-t-il fait valoir. « Les gens peuvent enseigner s’ils retirent leurs signes religieux pendant qu’ils enseignent. Et quand ils sont dans la rue, chez eux, ils peuvent porter un signe religieux », a-t-il rappelé.
« Est-ce qu’on permettrait à un enseignant d’enseigner avec un t-shirt marqué “je suis pour le Parti libéral” ? » a-t-il comparé.
Pendant ce temps aux Communes, le Bloc québécois montait le ton.
« Quand va-t-il dire s’il a l’intention, oui ou non, de contester devant les tribunaux la loi 21, une loi adoptée démocratiquement par l’Assemblée nationale ? » a demandé le député Alain Therrien au ministre fédéral de la Justice, avant de lui lancer à pleins poumons : « Oui ou non ? »
« C’est toujours intéressant de voir le Bloc déchirer leur chemise là-dessus », lui a répondu le ministre David Lametti.
« On a dit dès le début qu’on était contre, personnellement, cette loi, mais que c’était une loi du gouvernement du Québec et qu’on allait laisser aller le processus devant les tribunaux au Québec, mené par les Québécois », a réitéré le ministre de la Justice.