Début du contenu principal.
Des photos satellitaires montrent que les troupes russes, longtemps bloquées dans un convoi à l'extérieur de Kyiv, manœuvraient pour tenter d'encercler la capitale.
La Russie a élargi vendredi son offensive militaire en Ukraine, frappant pour la première fois près des aéroports de l'ouest du pays, alors que des observateurs et des photos satellitaires montrent que ses troupes, longtemps bloquées dans un convoi à l'extérieur de Kyiv, manœuvraient pour tenter d'encercler la capitale.
Voyez le reportage de notre envoyé spécial Louis-Philippe Bourdeau qui se trouve à la gare de Cracovie en Pologne dans le vidéo qui accompagne cet article.
Les États-Unis et leurs alliés se sont préparés à intensifier leurs efforts pour isoler et sanctionner la Russie en révoquant son statut commercial le plus favorisé. Mais avec l'invasion qui entre maintenant dans sa troisième semaine, les nouvelles manœuvres sur le terrain montrent que les forces russes tentent de se regrouper, bombardant de nouvelles villes alors qu'elles resserraient leur siège des dix derniers jours sur la ville portuaire clé de Marioupol, où des dizaines de milliers de personnes avaient du mal à trouver de la nourriture.
Pour les dernières nouvelles sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, voyez le dossier Noovo Info.
Les nouvelles frappes aériennes dans l'ouest de l'Ukraine étaient probablement un message de la Russie selon lequel aucune zone n'est sécuritaire. Des responsables occidentaux et ukrainiens ont déclaré que les forces russes se sont heurtées à une résistance plus forte que prévu et à des problèmes d'approvisionnement et de moral. Jusqu'à présent, elles ont fait le plus d'avancées sur les villes du sud et de l'est, mais sont restées empêtrées dans le nord et autour de Kiev.
Des frappes sur l'aérodrome occidental de Loutsk ont tué quatre militaires ukrainiens et en ont blessé six, selon le maire de Loutsk, Ihor Polishchuk. À Ivano-Frankivsk, les habitants ont reçu l'ordre de se mettre à l'abri après une alerte aérienne, a déclaré le maire Ruslan Martsinkiv.
Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, a déclaré que la Russie avait utilisé vendredi des armes à longue portée de haute précision pour mettre les aérodromes militaires de Loutsk et d'Ivano-Frankivsk «hors service». Il n'a pas fourni plus de détails.
Cette image satellite fournie par Maxar Technologies montre des troupes et des véhicules militaires déployés à Ozera, en Ukraine, au nord-est de l'aéroport d'Antonov, lors de l'invasion russe, le jeudi 10 mars 2022. (Image satellite ©2022 Maxar Technologies via AP)
Dans un autre mouvement potentiellement inquiétant, de nouvelles photos satellitaires semblaient montrer que l'énorme convoi russe à l'extérieur de la capitale ukrainienne s'était déployé dans les villes et les forêts voisines.
Des obusiers ont été positionnés pour ouvrir le feu, et des unités blindées ont été vues dans des villes proches de l'aéroport Antonov au nord de la ville, selon Maxar Technologies, la société qui a produit les images.
Le convoi de véhicules, de chars et d'artillerie long de 65 kilomètres s'était massé à l'extérieur de Kyiv au début de la semaine dernière. Mais son avance avait semblé stagner au milieu d'informations faisant état de pénuries de nourriture et de carburant, tandis que les troupes ukrainiennes le ciblaient avec des missiles antichars.
À lire également :
Les nouveaux mouvements suggèrent que les forces du convoi se déplacent maintenant vers l'ouest autour de la ville, se dirigeant vers le sud pour l'encercler, selon Jack Watling, chercheur au groupe de réflexion britannique sur la défense Royal United Services Institute.
«Ils sont à peu près à mi-chemin maintenant», a-t-il indiqué à la radio de la BBC. Il a dit que les forces se préparaient probablement à un «siège plutôt qu'à un assaut» sur Kyiv en raison de problèmes logistiques et de moral persistants. Un missile a frappé vendredi la ville de Baryshivka, en banlieue est de Kyiv, endommageant considérablement des bâtiments, selon l'administration régionale.
Le ministère britannique de la Défense a déclaré qu'après avoir réalisé des «progrès limités», les forces russes tentaient de «réinitialiser et de repositionner» leurs troupes, se préparant pour des opérations contre Kyiv.
Moscou a également indiqué son intention d'amener des combattants de Syrie dans le conflit.
Le président russe Vladimir Poutine a approuvé l'arrivée de combattants «volontaires» et a demandé à son ministre de la Défense de les aider à «se déplacer vers la zone de combat». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a confirmé que les «volontaires» comprenaient des combattants de Syrie.
Le ministre de la Défense, Sergei Shoïgu, a ajouté que la Russie avait connaissance de «plus de 16 000 candidatures» de pays du Moyen-Orient, dont beaucoup de personnes qui, selon lui, avaient aidé la Russie contre le groupe État islamique, selon une transcription du Kremlin.
Depuis 2015, les forces russes ont soutenu le président syrien Bachar el-Assad contre divers groupes opposés à son régime, dont l'État islamique. Des militants de l'opposition en Syrie ont également signalé des efforts de recrutement russes dans le pays pour la guerre en Ukraine. Mais ils estiment que le nombre de volontaires jusqu'à présent se situe dans les centaines ou quelques milliers.
La révocation du statut commercial de «nation la plus favorisée» de la Russie par les États-Unis et d'autres pays permettrait d'imposer des tarifs plus élevés sur certaines importations russes. Les sanctions occidentales ont déjà porté un coup sévère à la Russie, provoquant la chute du rouble, la fuite d'entreprises étrangères et une forte hausse des prix.
M. Poutine a insisté sur le fait que la Russie pouvait supporter des sanctions. Après avoir rencontré à Moscou le président biélorusse, M. Poutine a déclaré qu'il y avait eu «certains développements positifs» dans les négociations russo-ukrainiennes. Mais il n'a donné aucun détail.
Pendant ce temps, l'offensive sur les villes ukrainiennes s'est étendue.
Cette image satellite fournie par Maxar Technologies montre une longue file de personnes et de voitures attendant près du pont endommagé de la rivière Irpin lors de l'invasion russe, à Irpin, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022. (Image satellite ©2022 Maxar Technologies via AP)
En Syrie, la Russie a soutenu le gouvernement dans l'imposition de sièges longs et brutaux sur les villes tenues par l'opposition, causant de lourdes destructions dans les zones résidentielles et faisant de nombreuses victimes civiles. Ces antécédents, ainsi que le siège en cours du port de Marioupol sur la mer d'Azov, font craindre une effusion de sang similaire en Ukraine.
Les frappes aériennes russes ont visé vendredi pour la première fois la ville orientale de Dnipro, un pôle industriel majeur, la quatrième ville d'Ukraine et une position stratégique sur le fleuve Dniepr. Trois frappes ont tué au moins une personne, selon le conseiller du ministère ukrainien de l'Intérieur Anton Heraschenko.
L'état-major ukrainien a déclaré vendredi que les attaques à l'ouest et à Dnipro avaient été lancées parce que les Russes étaient «incapables de réussir» sur d'autres fronts. Il a indiqué que les efforts russes vendredi restaient concentrés autour de Kyiv et de Marioupol, et que les forces russes se regroupaient dans le nord et autour des villes orientales de Soumy et Kharkiv.
Les températures ont chuté en dessous de zéro dans la majeure partie de l'Ukraine et devraient atteindre -13 degrés Celsius à Kharkiv, qui a subi de lourds bombardements. Quelque 400 immeubles d'appartements ont été coupés du chauffage et le maire de Kharkiv, Ihor Terekhov, a appelé les résidents restants à descendre dans le métro ou dans d'autres abris souterrains où les autorités et les volontaires distribuaient des couvertures et des plats chauds.
Une frappe meurtrière contre un hôpital pédiatrique à Marioupol cette semaine a suscité l'indignation internationale et des accusations de possible crime de guerre.
Des employés des urgences ukrainiens travaillent dans une maternité endommagée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le mercredi 9 mars 2022. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
Les habitants de Marioupol ont indiqué que les bombardements se poursuivaient vendredi. M. Konashenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense, a déclaré que des combattants soutenus par la Russie s'étaient approchés jusqu'à 800 mètres de Marioupol.
Les autorités ukrainiennes prévoient d'envoyer de l'aide à Marioupol, où vivent quelque 430 000 personnes, a déclaré la vice-première ministre ukrainienne Iryna Vereshchuk dans un message vidéo.
Les tentatives précédentes répétées ont échoué, car les convois d'aide et de sauvetage ont été ciblés par les bombardements russes, alors même que les habitants sont devenus plus désespérés, à la recherche de nourriture et de carburant.
Plus de 1300 personnes sont mortes dans le siège, a déclaré Mme Vereshchuk. «Ils veulent détruire les habitants de Marioupol. Ils veulent les faire mourir de faim, a-t-elle ajouté. C'est un crime de guerre.»
Les résidents n'ont ni chauffage ni téléphone. Les corps sont enterrés dans des fosses communes. Les épiceries et les pharmacies ont été vidées il y a quelques jours par des personnes qui sont entrées par effraction pour s'approvisionner, selon un responsable local de la Croix-Rouge, Sacha Volkov. Un marché noir fonctionne pour les légumes et la viande n'est pas disponible, a dit M. Volkov.
Les habitants, a-t-il ajouté, se retournent les uns contre les autres : «Les gens ont commencé à s'attaquer les uns aux autres pour se nourrir.»
Un homme marche à vélo dans une rue endommagée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
Mme Vereshchuk a également annoncé des efforts pour créer de nouveaux couloirs humanitaires pour apporter de l'aide aux personnes dans les zones occupées ou sous attaque russe autour des villes de Kherson au sud, Chernihiv au nord et Kharkiv à l'est.
Quelque 2,5 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion, a annoncé vendredi l'Organisation internationale pour les migrations. Des millions d'autres ont été chassées de chez elles. Le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, a déclaré qu'environ deux millions de personnes, soit la moitié de la population de la région métropolitaine, ont quitté la capitale.
À lire et à voir également: «Vladimir Poutine a fait une terrible erreur» - Trudeau