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Le colloque des deux prochains jours «va être un beau terrain de jeu fertile pour les discussions».
L'Institut de recherches cliniques de Montréal accueillera jeudi et vendredi plusieurs des principaux experts mondiaux de l'ARN ― cet acronyme dont le commun des mortels n'avait jamais entendu parler avant la pandémie, mais qui nous a ultimement permis de sortir de la crise sanitaire.
La présence à Montréal d'une brochette de chercheurs aussi éminents démontre que la métropole est en voie de devenir un pôle mondial de l'ARN, a estimé le président et directeur scientifique de l'IRCM, Jean-François Côté.
Il cite en exemple la subvention de 165 millions $ qui a été accordée à l'Université McGill pour le développement de médicaments génomiques à ARN, ou encore la décision de la multinationale pharmaceutique Moderna de venir s'installer au Québec.
«Et chez nous, nous avons attiré une compagnie qui a le vent dans les voiles, RNA Technologies and Therapeutics, (qui) loue des locaux à l'IRCM et qui collabore avec des chercheurs de l'IRCM, a-t-il dit. C'est une compagnie en pleine croissance qui s'intéresse à la livraison des petits ARN thérapeutiques. Alors c'est vraiment le fun de les avoir dans notre building, en collaboration avec la recherche fondamentale.»
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L'acide ribonucléique (ARN) est une molécule qui est présente dans la majorité des organismes vivants et des virus. Elle joue une multitude de rôles au sein de l'organisme.
L'ARN messager, par exemple, explique aux cellules comment produire une certaine protéine. Les vaccins qui ont permis de mater la COVID-19 utilisent l'ARNm pour ordonner aux cellules de produire la protéine de spicule qu'on retrouve à la surface du SRAS-CoV-2, induisant une réponse immunitaire qui protège ensuite contre la maladie.
Le colloque des deux prochains jours «va être un beau terrain de jeu fertile pour les discussions» qui permettra de réunir au même endroit des scientifiques qui s'intéressent davantage à la recherche fondamentale et ceux qui s'intéressent un peu plus à son application thérapeutique, a ajouté M. Côté.
L'ARN, a-t-il rappelé, est un domaine de recherche en pleine ébullition.
«C'est encore un beau mélange de recherche hyper fondamentale, où on a encore besoin de faire les grosses découvertes pour mieux comprendre ce qui se passe, mais en même temps, on est rendu à un point où ça rentre dans des modalités thérapeutiques», a indiqué M. Côté.
«Si on comprend bien les maladies sur lesquelles on veut travailler, alors on est capable de corriger le défaut en programmant bien les séquences ARN qu'on veut utiliser, c'est pour ça que le potentiel est si énorme.»
La tâche d'aller livrer les ARN thérapeutiques «au bon tissu au bon moment pour guérir la maladie» est le principal défi en ce moment, a-t-il dit; plusieurs entreprises privées en démarrage tentent de le relever, «ce qui laisse le terrain de jeu aux académiciens pour bien comprendre les maladies, bien comprendre les gènes mutés, les séquences, et comment venir les attaquer».
«La possibilité de collaboration entre le privé et l'académique est vraiment énorme en ce qui a trait à l'ARN, et c'est ça qui m'excite», a-t-il dit.
Cela étant dit, malgré tout l'engouement que suscite en ce moment la recherche autour de l'ARN, il n'y a aucune garantie que toutes les possibilités qu'on entrevoit finiront par accoucher de résultats concrets.
Les vaccins actuels ont déjà fait leurs preuves, a rappelé M. Côté, et d'autres qui s'en viennent semblent très prometteurs. Et certaines cibles, comme la rétine, semblent plus facilement atteignables que d'autres.
«Mais oui il y a un risque parce que c'est encore très tôt, a-t-il souligné. C'est pour ça qu'il ne faut pas abandonner les autres approches de médecine personnalisée. Il faudra toujours plusieurs approches pour guérir une maladie.»