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«Il est assez clair que [l'équipe de la Défense] sait comment agir rapidement dans la bonne direction, si elle en a la volonté.»
Les recommandations formulées au cours des 20 dernières années pour faire de la défense nationale du Canada un endroit inclusif et exempt de racisme n'ont pas été appliquées adéquatement - quand elles n'ont pas été carrément ignorées - et un nouveau rapport conclut qu'il est crucial d'en assurer un meilleur suivi.
«Il est assez clair que [l'équipe de la Défense] sait comment agir rapidement dans la bonne direction, si elle en a la volonté», peut-on lire dans le document produit par le Groupe consultatif de la ministre de la Défense nationale sur le racisme systémique et la discrimination.
«Il serait déshonorant que le Groupe consultatif se contente de répéter les nombreuses recommandations innovantes déjà formulées», ajoutent les auteurs du rapport dévoilé lundi par la ministre de la Défense, Anita Anand.
Ils proposent notamment la mise sur pied d'un processus d'examen des recommandations afin de s'assurer qu'aucune de celles-ci ne reste sur une tablette. Ils demandent aussi à ce que la relation avec les peuples autochtones soit redéfinie.
Les auteurs notent qu'un travail a été fait pour recruter des membres de communautés autochtones dans l'armée, mais que ces efforts sont largement insuffisants.
«Une fois que ces recrues autochtones entrent dans les forces armées, les initiatives permanentes visant à maintenir ou à intégrer la culture autochtone, comme il a été annoncé dans les programmes d'été, ne sont pas répandues. Les programmes destinés aux peuples autochtones ressemblent presque à un effort pour les «faire entrer» afin qu'ils et qu'elles puissent ensuite être assimilés au moule militaire traditionnel sans autre considération pour leur diversité culturelle.»
La ministre Anand a assuré être résolue à déployer tous les efforts nécessaires pour faire des Forces armées canadiennes (FAC) et de son ministère un endroit inclusif.
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«Je sais ce que c'est que d'être une femme racialisée dans une grande organisation et de faire face à la discrimination et au racisme systémique», a-t-elle déclaré. Elle a notamment promis la mise sur pied d'un plan d'action pour mettre en ?uvre les recommandations du rapport publié lundi.
Elle a affirmé que les problématiques mises en lumière ne se régleront pas «du jour au lendemain» et que beaucoup de travail doit être fait. «Nous y parviendrons. Nous allons travailler très fort et c'est une étape, aujourd'hui, d'accepter ce rapport et de promettre de travailler fort ensemble chaque jour», a-t-elle dit.
Le groupe consultatif, formé de membres retraités des Forces armées canadiennes, a été mis en place en décembre 2020 en raison d'allégations de racisme systémique dans l'armée et de présumés liens entre des membres des forces et des groupes d'extrême droite et de suprématistes blancs.
Sur ce dernier point, les auteurs du rapport constatent que la présence de l'extrémisme à l'interne n'est pas bien cernée et signalée dans les forces armées. La détection du problème est jugée «très complexe et inefficace».
Voyez l’animatrice Noémi Mercier s’entretenir avec notre collaboratrice Mélanie Marquis sur ce sujet au bulletin Noovo Le Fil 17:
Le groupe consultatif estime donc qu'une plus grande coopération doit se faire avec les organisations de renseignement. On recommande aussi que le point de vue d'organisations telles que celles représentant des employés noirs au sein des FAC soit pris en considération.
Une meilleure connaissance pour tous les membres des FAC des procédures de signalement est aussi nécessaire, souligne-t-on. «Il faut qu'ils sachent (...) comment les identifier, les rapporter, quoi faire quand ils les identifient et je pense que c'est une préoccupation qui prend beaucoup de place au niveau des Forces armées canadiennes», a résumé en point de presse Sandra Perron, qui fait partie du groupe consultatif.
Le chef d'état-major de la Défense, le lieutenant-général Wayne Eyre, a affirmé que le travail d'éducation sur les différents groupes extrémistes doit être constant puisque ceux-ci évoluent. «Le réel défi auquel nous faisons face est qu'une fois que ces organisations tombent sous les projecteurs, elles tendent à se transformer, à changer leurs noms, leurs symboles», a-t-il dit.
La ministre Anand a le rapport en sa possession depuis le début du mois de janvier. Le délai de publication a été remis en question par le bureau de l'ombudsman des Forces armées canadiennes, Gregory Lick.
Le bureau de l'ombudsman a d'ailleurs mené sa propre étude sur les efforts de l'armée pour accroître la diversité dans les forces armées et publiera ses conclusions au début du mois de mai.
«Depuis des mois, nous avons demandé à plusieurs reprises de voir le rapport du groupe consultatif avant sa publication», a déclaré le porte-parole du bureau de l'ombudsman, Andrew Bernardo, qui a ajouté que les résultats de l'enquête de l'ombudsman «ne sont pas beaux à voir».
«Quelles que soient les nouvelles initiatives mises en place à la suite du rapport du panel, l'ombudsman a été catégorique sur le fait que les mêmes erreurs ne doivent pas être répétées et que le ministère et l'armée doivent faire les choses différemment.»
Questionnée à savoir pourquoi le rapport n'avait pas été rendu public plus tôt, la ministre Anand a dit lundi que son équipe et elle «ont préparé l'annonce (...) pendant plusieurs mois».