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À l'Hôpital Sainte-Anne, lundi, on a rendu hommage à celles et ceux qui ont servi sous les drapeaux au péril de leur vie.
Pendant que les bombes pleuvent sur l'Ukraine et que les victimes se comptent par milliers en Israël et en Palestine, les cérémonies du Souvenir revêtent un cachet particulier. À l'Hôpital Sainte-Anne, lundi, on a rendu hommage à celles et ceux qui ont servi sous les drapeaux au péril de leur vie.
«Ils ne vieilliront pas comme nous / Qui leur avons survécu / Ils ne connaîtront jamais / L'outrage ni le poids des années», a récité Roger Lemire, lui-même ancien combattant.
Devant une centaine de personnes réunies dans l'auditorium de l'établissement devenu principalement un centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), des dignitaires ont déposé des couronnes de fleurs en mémoire des disparus.
Depuis 1917, l'Hôpital Sainte-Anne accueille et soigne les anciens combattants canadiens. Encore aujourd'hui, une soixantaine d'hommes et de femmes ayant servi lors de la Deuxième Guerre mondiale ou de la Guerre de Corée y résident toujours.
Parmi eux, Howard McNamara, 103 ans, raconte avoir piloté des avions dans le nord de l'Afrique et en Italie pendant plus de quatre ans au cours du second conflit mondial.
«Ceux qui ont perdu leur vie à la guerre méritent qu'on se souvienne», a-t-il soutenu en entrevue à La Presse Canadienne. Il aimerait justement que l'histoire soit davantage racontée aux jeunes générations.
Nicolas Meunier, qui a servi en Bosnie, en Yougoslavie, en Haïti et en Afghanistan, appartient à une autre génération d'anciens combattants à laquelle on ne pense pas spontanément lors des cérémonies du Souvenir.
«L'étiquette sociale est encore associée aux anciennes guerres parce que les gens ne veulent pas soutenir la guerre, croit-il. Pour nous, en ce moment, c'est difficile, mais le système change.»
Il s'est déplacé pour assister à l'événement afin de représenter la nouvelle vague d'anciens combattants ayant notamment participé à la plus longue campagne canadienne, soit celle d'Afghanistan.
«Je suis là pour démontrer qu'il y a aussi des vétérans, en ce moment, qui se cachent un peu partout en choc post-traumatique, en dépression et qui sont jeunes», a-t-il dit.
Il espère que les services offerts à cette nouvelle génération d'anciens combattants continueront de s'améliorer alors que beaucoup d'entre eux sont aux prises avec des troubles complexes, selon M. Meunier.
Au cours de son siècle d'histoire, l'Hôpital Sainte-Anne a développé une expertise dans le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel ainsi que des blessures de guerre et de la gestion de la douleur.
Elle continue d'accueillir des soldats, mais aussi des policiers.
Nicolas Meunier tient d'ailleurs à lancer un message à ceux qui hésitent à parler.
«On a des ressources, mais à cause d'un stéréotype, on a peur de demander de l'aide, d'aller chercher ce qu'on a le droit de recevoir. On a sacrifié notre vie pendant très longtemps, on a des blessures psychologiques autant que physiques», partage-t-il.
Le son de la cornemuse dans les murs de l'Hôpital de Sainte-Anne sert justement à nous rappeler de ne pas penser seulement à ceux qui sont restés sur le champ d'honneur, mais aussi à ceux qui en sont revenus en y laissant une part d'eux-mêmes.