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Seulement 51,4 % des personnes se présentant pour la première fois au test d'admission à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). En comparaison, le taux de réussite était de 71 % en mars 2022 et a atteint 81 % en septembre 2021.
Le Commissaire à l’admission aux professions se penchera sur le faible taux de réussite (51%) lors de l’examen d’admission à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) qui s’est déroulé le 26 septembre dernier.
Dans un communiqué envoyé tôt mardi, on a confirmé que Me André Gariépy, de l'Office des professions du Québec (OPQ) a ouvert une enquête le 11 novembre dernier en raison des quelque 27 plaintes qu’il a reçues à ce sujet.
Les récents «reportages et commentaires dans les médias d’information» ont aussi motivé le commissaire à aller de l’avant avec une «vérification» qui prendra la forme d’une enquête.
En ce qui concerne le résultat global de l’examen, seulement 51,4 % des personnes se présentant pour la première fois à l’épreuve ont réussi. En comparaison, le taux de réussite était de 71 % en mars 2022 et a atteint 81 % en septembre 2021.
«Près de 3 000 candidat(e)s à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) se sont présenté(e)s à l’examen», a confirmé l’Ordre professionnel des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), dans un échange de courriel avec Noovo Info.
L’OIIQ affirme que ce nombre se situe «dans la norme de ce qu’on retrouve habituellement pour nos examens professionnels» et ajoute que «l’examen du 26 septembre n’est pas différent de ceux réalisés au cours des années précédentes».
L’OIIQ reconnaît que les candidates et candidats à l’exercice de la profession de la cohorte pandémique (2019 à 2022) ont fait face à plus de difficulté.
«La pandémie ayant rendu plus difficile l’accès aux stages, aux laboratoires et à l’enseignement en présentiel, une partie des étudiantes et étudiants de cette cohorte n’ont donc pu démontrer leur aptitude à exercer lors de l’examen comme on l’observe normalement», explique-t-on.
Pour répondre à la situation, l’OIIQ déploiera des moyens additionnels sous forme de «soutien ciblé» afin d’accompagner les candidats dans leur processus d’admission à la profession. On n’envisage toutefois pas un «assouplissement» des critères d’évaluation par souci de protection de la population.
Les CEPI qui ont échoué à l’épreuve ont la possibilité de pratiquer dans le réseau de la santé, à condition d’œuvrer sous la supervision d’une infirmière ou d’un infirmier reconnu(e).
«Cet examen est habituellement bien réussi et nous sommes persuadés que le retour à l'enseignement en présentiel, de même qu'un soutien aux étudiantes et étudiants, seront des facteurs de succès», a mentionné Luc Mathieu, président de l’OIIQ.
Des participants au test comme Camille De Grandpré ont exprimé leurs doléances en public après avoir encaissé un échec lors du test.
«Je peux vous dire que l’examen de l’ordre ne décide absolument pas de la qualité des infirmières de demain», avait mentionné Mme De Grandpré dans une publication datant de vendredi dernier qui a fait grand bruit.
Lors d’une entrevue téléphonique avec Noovo Info, la jeune femme de 20 ans, qui a échoué l’examen par un seul point de pourcentage (54 %), s’est dite en quelque sorte «rassurée» d’apprendre qu’une enquête sera effectuée dans ce dossier.
Mme De Grandpré affirme entre autres que l’examen «n’évalue pas le jugement clinique des candidats» ni la «compétence infirmière». Elle cite notamment en exemple une question («Lorsqu’un patient souffre d’hypoglycémie, devez-vous donner ou offrir un jus?») du test qui reposait sur la connaissance de la langue française.
Depuis 2018, l'examen est «entièrement constitué de questions à choix de réponses», indique-t-on sur le site de l'OIIQ.
Il en coûte 638 $ pour s’inscrire à l’épreuve. Cette somme exclut les frais (environ 300 $) reliés au service de tutorat dont plusieurs candidats se prévalent afin de se préparer à l’examen.
En attendant de faire la lumière sur cette situation, le Commissaire invite les personnes ayant subi un échec qui sont admissibles à la reprise de 2023 à «à s’y inscrire et s’y préparer.» Mme De Granpé a par ailleurs confirmé qu'elle se préparait pour la prochaine vague d'examens.
À noter que trois échecs consécutifs à l’examen obligent les candidats à recommencer les Diplômes d’études collégiales (DEC).
Isabelle Dumaine, présidente d'un syndicat représentant les infirmières du Québec - la Fédération de la Santé du Québec - a déclaré qu'elle ne savait pas pourquoi le taux d'échec de septembre était si élevé, mais qu'elle ne pensait pas que cela était entièrement lié à la pandémie.
«Blâmer la pandémie (…) évidemment, cela n'a pas aidé la situation, et bien sûr, a rendu la formation plus difficile, mais je pense que cela doit être examiné de manière approfondie», a déclaré en entrevue avec la Presse canadienne Mme Dumaine.
Elle a fait savoir que le syndicat est très inquiet de l'effet que le taux d'échec élevé aura sur un système de santé déjà fragile, ajoutant qu'il pourrait exacerber la pénurie actuelle d'infirmières dans la province.
«Nos infirmières sont déjà débordées, a fait valoir Mme Dumaine. Nous avons besoin de personnes capables de faire le travail entièrement.»