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«Nous devons prendre la sécurité parlementaire plus au sérieux», a martelé M. Mendicino.
L'ex-ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, appelle à la création de «zones de protection» autour des bureaux de circonscription des élus afin de protéger les députés et leur personnel dans un contexte d'augmentation des comportements menaçants.
M. Mendicino, qui est député libéral dans une circonscription de Toronto, propose que toute personne qui se livre à de l'intimidation ou du harcèlement dans une zone tampon d'environ 50 à 100 mètres autour d'un bureau de circonscription soit rendue passible de sanctions criminelles plus sévères, y compris une peine de prison.
En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Mendicino a expliqué que de telles règles pourraient être introduites dans la réglementation qui découlera du projet de loi sur l'ingérence étrangère qui vient d'être adopté à Ottawa.
L'ex-ministre a mis de l'avant cette suggestion quelques jours après la tentative d'assassinat dont a été la cible l'ancien président américain Donald Trump. Cet événement a suscité de nouvelles inquiétudes et discussions concernant la sécurité des politiciens canadiens.
«En tant que Canadiens, il faut qu'on s'ouvre les yeux et que l’on comprenne que la violence politique n'est pas quelque chose qui se produit seulement ailleurs, mais qu'elle existe aussi ici, dans nos propres communautés.»
M. Mendicino a rappelé que les gens ont le droit constitutionnel d'exprimer un point de vue et d'être en désaccord avec leurs concitoyens, y compris les parlementaires.
«Mais il est également vrai que nous constatons davantage de menaces, d'intimidation et de harcèlement, ce qui peut entraîner des préjudices à la fois en ligne et dans la communauté», a-t-il soutenu.
Au cours des dernières années, plusieurs députés de différents partis ont vu leurs bureaux de circonscription être visés, notamment par des graffitis et des pierres jetées par les fenêtres.
M. Mendicino affirme qu'il a reçu «une avalanche de menaces de mort» et que sa famille a également été prise pour cible. Un homme a récemment craché sur le député alors qu'il se dirigeait vers son bureau à Ottawa.
Depuis, son personnel de circonscription et lui sont devenus plus prudents dans la prise de rendez-vous avec les membres du public, consacrant davantage d'efforts au contrôle et à la sélection.
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Le ministre du Logement, Sean Fraser, a lui aussi reçu des menaces de mort.
«Ma maison a été équipée d'un degré de sécurité plus élevé que ce que je pense être normal ou avec lequel je suis personnellement à l'aise», a-t-il révélé en entrevue.
«Mais quand les responsables de la sécurité vous disent qu'ils doivent prendre certaines décisions dans votre intérêt en matière de sécurité personnelle, vous les écoutez.»
La police a d'ailleurs fourni davantage de protection aux politiciens fédéraux de divers partis ces dernières années.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a avoué cette semaine qu'il s'inquiétait de la sécurité de sa famille et qu'il avait demandé de la protection en réponse à un comportement menaçant.
Marco Mendicino, qui a été ministre responsable de la police nationale d'octobre 2021 à juillet 2023, a toujours senti que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) était prête à en faire plus.
«Mais j'estime qu'ils continuent d'avoir besoin de plus de ressources, que les corps policiers locaux ont besoin de plus de ressources et que nous devrions laisser toutes les options sur la table» pour les aider à prévenir le harcèlement, a-t-il ajouté.
Le commissaire de la GRC, Mike Duheme, a récemment déclaré qu'il souhaitait que le gouvernement envisage de rédiger une nouvelle loi qui permettrait à la police de porter plus facilement des accusations contre les personnes qui menacent des élus.
Cependant, le ministre de la Justice, Arif Virani, a par la suite fait valoir que les dispositions existantes du Code criminel étaient suffisantes.
Selon M. Mendicino, le gouvernement doit faire pression sur les entreprises de réseaux sociaux afin qu'elles en fassent plus pour garantir que les espaces en ligne soient exempts d'insultes et de harcèlement.
Il reconnaît également que «les politiciens doivent eux-mêmes se regarder dans le miroir».
«Et je ne pense pas qu'il soit particulièrement utile de pointer du doigt et de dire qu'un parti est plus coupable de s'engager dans une rhétorique extrême que l'autre. Je pense que nous avons la responsabilité collective de relever la barre du débat politique», a-t-il soulevé.
Dans l’ensemble, M. Mendicino s’inquiète surtout du fait que «les tendances vont toutes dans la mauvaise direction».
À son avis, si le problème n’est pas pris au sérieux, il entraînera davantage de violence politique, ce qui fera en sorte qu'il sera plus difficile d'attirer des candidats de qualité en politique.
«Je vais continuer de m'exprimer sur cette question pour éviter que cela ne se produise», a-t-il promis.
Avec des informations d'Alessia Passafiume.