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Il a plaidé coupable d'agression sexuelle avec l'aide d'un tiers envers une première victime et d'agression sexuelle à l'endroit d'une deuxième victime.
L'ancien chef du Parti québécois André Boisclair, âgé de 56 ans, a plaidé coupable à l'accusation d'agression sexuelle avec l'aide d'un tiers envers une première victime et d'agression sexuelle à l'endroit d'une deuxième victime.
La défense et la Couronne ont toutes deux suggéré, lundi, d'envoyer M. Boisclair en prison pour deux ans moins un jour après qu'il eut reconnu sa culpabilité.
André Boisclair is pleading GUILTY to sex assault charges @CTVMontreal
— Stéphane Giroux (@SGirouxCTV) June 20, 2022
Le chef d'agression sexuelle armée dans le premier dossier a été abandonné.
«Dans le cas qui est le nôtre, la poursuite est d'avis que seule une peine d'emprisonnement lançait le message approprié de dénonciation et de dissuasion. Ce sont des infractions qui sont graves, importantes et elles doivent être punies à la hauteur de leur gravité», a déclaré le procureur de la Couronne, Me Jérôme Laflamme, à la sortie de l'audience.
Le juge Pierre Labelle, de la Cour du Québec, n'a toutefois pas rendu de décision sur le banc, mais l'a plutôt prise en délibéré et c'est le 18 juillet que l'ex-politicien connaîtra la sort que la justice lui réserve.
Les deux victimes, dont l'identité est protégée par un interdit de publication, ont livré des témoignages émouvants, lundi au palais de justice, à la suite du plaidoyer de culpabilité de M. Boisclair.
«La personne que j'étais avant 2014 n'est plus», a déclaré la première victime. «Depuis 2014 au moment où j'ai franchi la porte de M. Boisclair, plus rien ne va.»
Le jeune homme a raconté avoir perdu ses ambitions et ses convictions. Les événements ont provoqué chez lui de l'anxiété, la dépression et porté atteinte à son estime de soi, au point où il a été habité par des idées suicidaires. Il a dû suivre des thérapies et demeure pris de moments de panique et habité de cauchemars.
«Mes objectifs de faire un jour de la politique se sont transformés en une aversion de celle-ci. (...) J'ai un mal de vivre qui ne veut juste pas partir», a-t-il déclaré, peinant à retenir ses larmes à plusieurs reprises.
Cette première victime s'était présentée chez André Boisclair le 8 janvier 2014 après des échanges sur un média social et par téléphone. D'autres personnes se trouvaient sur place et il y avait des stupéfiants que la victime a vu André Boisclair consommer. Certains gestes sexuels avaient alors été posés.
Bien qu'il ait mentionné qu'il ne voulait pas de sexe anal avant de se rendre chez l'accusé, à un certain moment, André Boisclair a demandé à deux autres personnes de le saisir et de le pénétrer, malgré un second refus affirmé sur place. L'agression a été abandonnée parce que la victime se débattait et le jeune homme a pu quitter par la suite.
C'est après la médiatisation de cette première agression que la seconde victime a porté plainte, racontant aux policiers les événements qu'il avait vécus le 22 novembre 2015.
«Le 22 novembre est née une blessure profonde», a affirmé l'homme devant le juge. Il a raconté qu'il se trouvait dans la jeune vingtaine et commençait à peine à affirmer sa sexualité et à s'épanouir.
«À ce jour ma blessure n'est toujours pas guérie», a-t-il poursuivi, racontant avoir vécu de la honte, de l'incompréhension et une perte de confiance qui ont toutes affecté sa vie intime par la suite.
«Ce souvenir ne s'effacera pas. Le corps se souvient. Je suis marqué à vie. (...) Cette personne qui a abusé de moi était une personne que je respectais et qui m'impressionnait», a-t-il déclaré, laissant entendre qu'André Boisclair avait clairement abusé de son statut.
L'ex-chef péquiste et ex-ministre et le jeune homme étaient entrés en contact par le biais d'une application de rencontre et s'étaient donnés rendez-vous chez André Boisclair pour le 22 novembre.
Après une discussion d'environ une heure autour d'une bière, le jeune homme a voulu quitter, mais c'est à ce moment que l'accusé lui a détaché et baissé son pantalon pour se livrer à une fellation que le jeune homme ne désirait pas.
Il avait remonté son pantalon, mais André Boisclair l'avait alors entraîné vers le lit, l'avait allongé sur le ventre et avait de nouveau baissé son pantalon. Cette fois, le jeune homme lui a clairement demandé d'arrêter, mais André Boisclair a plutôt commencé à se livrer à des attouchements anaux.
Cette fois, la victime l'a très fermement enjoint de s'arrêter, ce qu'André Boisclair a fait et la victime a quitté le logis de l'accusé.
L'avocat d'André Boisclair, Me Michel Massicotte, a fait valoir que le jugement de son client était «considérablement altéré» lors des événements, lui qui prenait des médicaments et consommait des stupéfiants.
À sa défense, il a soutenu que le plaidoyer de culpabilité enregistré par André Boisclair était un facteur de mitigation au soutien de la peine de deux ans moins un jour de prison.
Il a fait valoir que son client avait suivi de multiples thérapies après avoir fait l'objet d'accusations et qu'il avait subi une quarantaine de tests aléatoires sur l'usage de stupéfiants, «tous négatifs».
«On dit souvent que tous sont égaux devant la loi. Quarante-cinq ans de pratique m'auront permis de constater que ce n'est pas toujours le cas. La notoriété de mon client a fait en sorte que l'opprobre public a sur lui des conséquences que n'ont pas nécessairement des dossiers moins médiatisés», mais que malgré tout, il acceptait cette situation et ne contestait pas l'imposition d'une peine similaire à celle imposée à d'autres agresseurs pour des crimes semblables.
La suggestion commune des parties vise une condamnation à 18 mois d'emprisonnement pour l'agression sexuelle commise avec l'aide de tiers sur la première victime et de six mois moins un jour pour l'agression sexuelle contre la deuxième.