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L'équipe de Mme Martinez est la seule au monde à travailler sur une telle stratégie pour, potentiellement, un jour permettre aux paraplégiques de remarcher.
Des chercheurs montréalais qui sont à l'avant-garde des travaux dans ce domaine ont développé une interface qui permet à un animal dont les pattes arrière sont paralysées de recommencer à marcher, en stimulant en alternance les deux hémisphères de son cerveau.
Ces essais pré-cliniques ont été menés sur ce que les chercheurs appellent un «modèle animal de grande taille» qui ressemble beaucoup plus à l'humain que les souris. Leurs résultats sont si concluants qu'ils sont maintenant prêts à passer, dans quelques années, à des essais cliniques.
«On va stimuler de manière alternée le cortex gauche et le cortex droit, de manière à permettre la récupération du mouvement des deux jambes», a expliqué Marina Martinez, qui est chercheuse régulière à l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal et professeure au département de neurosciences de l'Université de Montréal.
«Dès qu'on va enclencher les stimulations alternées dans le cerveau, l'animal va se remettre immédiatement à remarcher.»
L'équipe de Mme Martinez est la seule au monde à travailler sur une telle stratégie pour, potentiellement, un jour permettre aux paraplégiques de remarcher. Leurs plus récents travaux ont été publiés par ScienceDirect.
Les chercheurs avaient précédemment testé la même approche sur des souris qui présentaient des blessures ressemblant moins à celles qu'on retrouve chez l'humain. Cette fois, ils ont utilisé des animaux de plus grande taille et des blessures très similaires aux blessures humaines.
Lors de la première étude, un seul cortex était stimulé avec des électrodes pour soulager la paralysie d'une seule patte de la souris. Cette fois, ce sont les deux cortex qui ont été stimulés en alternance pour remettre en mouvement les deux pattes paralysées d'un animal de plus grande taille, ce qui se rapproche clairement de la paraplégie humaine.
«Quand vous marchez, vous alternez vos mouvements des deux jambes et nous, c'est ce qu'on veut faire avec cette technique-là et c'est ce qu'on a réussi à faire chez ce modèle animal», a indiqué Mme Martinez.
Les technologies utilisées ressemblent aussi beaucoup plus à ce qu'on pourrait éventuellement mettre en place chez l'humain, ce qui devrait faciliter le transfert des connaissances.
«On est vraiment rendus à une étape supérieure, a estimé Mme Martinez. Avec le rat, on avait une preuve de concept. Là, on est dans une étape très clinique.»
La technologie que ses collègues et elle s'affairent à peaufiner s'applique uniquement aux blessures incomplètes de la moelle épinière. Ils essaient de reproduire l'activité normale du cerveau pour redonner à la moelle épinière les instructions qu'elle devrait recevoir naturellement pendant la marche, ce qui implique que certaines fibres nerveuses relient toujours le cerveau au bas du corps.
Si cette technologie ne pourra jamais s'appliquer aux blessures complètes de la moelle épinière, a dit Mme Martinez, «chaque étape nous donne cette opportunité de nous rapprocher un peu plus de l'humain».
«L'objectif ultime de notre équipe, c'est vraiment d'aider les patients et ceux qui en ont besoin. C'est pour ça qu'on travaille, c'est vraiment pour eux, c'est notre motivation principale», a-t-elle conclu.