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«Il existe des endroits dans le monde où les normes du travail sont terribles, mais où les entreprises peuvent obtenir des biens moins chers. Il faut simplement être cohérents avec nos valeurs», a expliqué M. Trudeau.
Le Canada pourrait s’établir comme un chef de file dans des secteurs tels que l'extraction du lithium si les entreprises internationales mettaient un point d’honneur à ce que leurs importations respectent l'environnement et les normes du travail, selon le premier ministre Justin Trudeau.
M. Trudeau a fait ces commentaires lundi lors d'un événement organisé aux côtés du président allemand Frank-Walter Steinmeier, en visite au pays, qui a mis l'accent sur l'importance des valeurs démocratiques à l'heure où la Russie et la Chine se disputent une plus grande influence.
Lors d'un débat public à l'Université d'Ottawa, M. Trudeau a fait valoir qu'au lieu de carrément tourner le dos aux produits fabriqués en Chine, les entreprises devraient opter plus souvent pour des matériaux et des produits provenant de pays qui ont moins d'impact sur les changements climatiques et où les droits des travailleurs sont respectés.
«Il existe des endroits dans le monde où les normes du travail sont terribles, mais où les entreprises peuvent obtenir des biens moins chers. Il faut simplement être cohérents avec nos valeurs», a expliqué M. Trudeau.
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M. Trudeau a noté que les produits fabriqués au Canada contribuent davantage à défendre ces valeurs que les «piles au lithium bon marché qui viennent de la Chine».
Le premier ministre a également soutenu que les investisseurs apprécient la stabilité des pays dotés d'un solide filet de sécurité sociale, et M. Steinmeier a réitéré qu'il s'agissait là d'un exemple des avantages des démocraties libérales.
La visite du président Steinmeier est fortement axée sur l'importance des valeurs démocratiques, mais M. Trudeau a rappelé qu'il y a encore du travail à faire pour les défendre partout dans le monde.
«Si notre système démocratique est si formidable, comment se fait-il que pendant tant d'années, nous nous soyons tournés vers les ressources d'autocraties qui ne jouissent pas de nos libertés?» s’est questionné M. Trudeau, plaidant que «si nous voulons vraiment être un modèle pour le monde, nous devons être conséquents dans toutes nos approches».
«Nous ne devrions certainement pas être vulnérables aux décisions que des pays comme la Russie ou la Chine pourraient prendre pour mettre en danger notre prospérité et notre avenir, parce qu'ils ne sont pas d'accord avec nos politiques», a tranché le premier ministre.
Lors d'une réception organisée par l'ambassadeur d'Allemagne à Ottawa, lundi, M. Steinmeier a rappelé que les ambitions d'un régime autocratique, combinées au déclin de la coopération multilatérale, pourraient mettre en péril les valeurs libérales d'inclusion et de primauté du droit.
«Les prochaines années vont exiger un effort énorme, parce que nos sociétés sont confrontées à des changements majeurs», a-t-il affirmé, rappelant que les démocraties libérales tiennent leurs libertés pour acquises.
«Nous devons nous empêcher d'être politiquement et économiquement vulnérables. Notre démocratie fait aussi partie de nos infrastructures critiques: il faut la protéger contre les attaques», selon lui.
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Les deux hommes ont également mis en garde contre la désinformation et ont évoqué la nécessité pour les citoyens d'avoir un ensemble de faits partagés pour que la démocratie fonctionne.
«Les citoyens ont une responsabilité et ont un impact sur la communauté qui les entoure, a souligné M. Trudeau. Il faut être ouvert aux différences, écouter et parler avec les autres — même avec votre beau-frère qui est contre les vaccins.»
M. Steinmeier a d’ailleurs mentionné que la pandémie de COVID-19 a bien illustré l'importance d'élire des gouvernements qui sont capables de répondre à des crises même en ayant des informations limitées.
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«Il faut s'attendre à ce qu’on se retrouve un jour ou l’autre dans une situation similaire, où tout n’est pas noir et blanc et où le gouvernement doit quand même prendre une décision pour le bien-être de la population», a-t-il déclaré en allemand.
Il a également ajouté que la Chine pose un défi aux démocraties libérales de plusieurs manières.
«La détention des deux ressortissants canadiens et les allégations d'ingérence chinoise dans les élections canadiennes montrent ce que cela signifie pour nos démocraties libérales», a-t-il dit.