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«Le gouvernement prétend ne pas être en période d'austérité, ce qui est faux», a rapporté le président de la Fédération de la santé et services sociaux.
Les professionnels de la santé du Québec continuent de dénoncer la privatisation du réseau par le gouvernement, qui commence à se serrer la ceinture en gelant les embauches.
En début de semaine, Geneviève Biron, directrice de Santé Québec — le nouveau système de gestion des soins de santé de la province — a déclaré que le réseau subissait de fortes pressions. Mme Biron est l'ancienne directrice du groupe Biron Medical, qui opère dans le secteur privé, et sa nomination a fait craindre à certains qu'elle ne gère Santé Québec comme une entreprise.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Elle a confirmé que le gouvernement essayait de combler un déficit d'un milliard de dollars dans le secteur «sans affecter les services» et en continuant à utiliser le secteur privé «comme une marge de manœuvre».
Mais lorsque Maya Johnson, présentatrice de CTV News Montreal, l'a interrogée sur le réalisme de cette démarche, Mme Biron a esquivé les questions, affirmant que son principal objectif était de construire un réseau public solide et de «relever le défi» en matière de soins primaires, de salles d'urgence, de chirurgies et d'accès aux traitements.
«Nous ne parlons pas de réductions. Nous visons des déficits et nous demandons aux gens de gérer efficacement», a-t-elle déclaré. «Je pense que les soins de santé doivent contribuer à la bonne gestion de notre économie, comme d'autres secteurs».
Dans le même temps, le ministère de la santé a ordonné un gel des embauches dans plusieurs établissements, comme le CISSS de Laval, qui fera l'objet d'une « révision structurelle », laissant 565 postes vacants pour une durée indéterminée. Le syndicat représentant les travailleurs s'est dit «abasourdi» par cette décision. Quelque 580 autres postes sont vacants au CHUM et environ 120 au CISSS de l'Est-de-l'Île.
Réjean Leclerc, président de la Fédération de la santé et services sociaux (FSSS), qui représente quelque 140 000 membres, a accusé le gouvernement de tenir un «double langage» et de «répandre des mensonges».
Le Québec prévoit d'obliger les nouveaux médecins formés dans la province à travailler dans le système de santé public québécois pendant les premières années de leur pratique. Au début du mois, le ministre de la santé, Christian Dubé, a déclaré qu'il allait «sevrer» le système de santé du secteur privé, mais il a depuis fait marche arrière. La semaine dernière, il a déclaré qu'il souhaitait que chaque Québécois ait accès à un professionnel de la santé d'ici l'été 2026.
«Le gouvernement prétend ne pas être en période d'austérité, ce qui est faux, il prétend ne pas toucher aux besoins de la population en matière de soins et de services, et voilà qu'il annonce des coupures alors qu'il a dépensé beaucoup d'argent dans le secteur privé», a rapporté M. Leclerc.
«Ils se sont mis 3 milliards de dollars dans la poche alors qu'ils nous demandent de couper 1 milliard de dollars».
M. Leclerc a critiqué la position de M. Biron sur le réseau public de soins de santé, affirmant que «nous savons tous qu'il est beaucoup plus coûteux». Pendant ce temps, a-t-il dit, le gouvernement paie des groupes médicaux privés avec des fonds publics.
«Aujourd'hui, on nous demande de supprimer du secteur public ce qui a été payé au public. Je dis que le gouvernement devrait récupérer cet argent auprès des agences privées», a-t-il déclaré à CTV News.
Selon lui, le gel des embauches affectera profondément les services, car les postes vacants ne seront pas pourvus et les personnes qui partent à la retraite ne seront pas remplacées. Les travailleurs du secteur de la santé sont déjà très dispersés, certains d'entre eux cumulant plusieurs emplois à des salaires inférieurs, a-t-il ajouté.
«Il n'y a plus de graisse à couper, a indiqué M. Leclerc. Le gouvernement ne peut même pas payer ce qui nous est dû dans le cadre de nos conventions collectives».
Selon M. Leclerc, le gouvernement n'a rien appris de la pandémie. Selon lui, les Québécois souffriront si les soins préventifs, les soins à domicile et le personnel de soutien des hôpitaux restent sous-évalués.
Avec des informations de Maya Johnson et Max Harrold pour CTV News.