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Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, est passé de la «parole aux actes».
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, est passé de la «parole aux actes». Les toilettes mixtes dans les écoles sont dorénavant interdites dans les écoles québécoises.
M. Drainville a justifié mercredi la décision de Québec d’aller de l’avant dans ce dossier alors que le Comité des sages sur les questions d'identité de genre ne s’est pas prononcé sur cette idée.
Lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale, le ministre a souligné que le choix de ne plus permettre la mixité dans les blocs sanitaires reposait sur des principes «d’intimité et de vie privée».
Pourquoi avoir précipité la décision? «Parce qu’on en a pris l’engagement», a dit Bernard Drainville catégorique. Le ministre s’était officiellement opposé au concept de blocs sanitaires mixtes dans les écoles en septembre dernier. Il défaisait ainsi la décision de l’école secondaire d’Iberville de Rouyn-Noranda qui avait entrepris des travaux afin d’offrir des blocs sanitaires mixtes à ses élèves pour la rentrée 2024-2025.
Les futures écoles auront donc un bloc sanitaire pour les garçons et un autre pour les filles. Il y aura aussi des toilettes individuelles et universelles. Les écoles qui ont déjà des toilettes mixtes pourront les conserver. «Les écoles [en construction] qui ont un état d'avancement de moins de 30%, on va pouvoir changer les plans. Mais pour celle qui ont dépassé un taux d'avancement de 30%, on va aller de l'avant avec la construction parce qu'on est des gens pragmatiques et on ne veut pas retarder les travaux des nouvelles écoles», a statué le ministre.
Pour l'heure, on estime qu'il y a environ 10% des blocs sanitaires qui sont mixtes dans les écoles publiques à travers la province. Pour les vestiaires, on avance que ce sont 4% d'entre eux qui sont mixtes. Bernard Drainville est sûr que les membres du comité n'arriveront pas à la conclusion que d'interdire les toilettes mixtes était une mauvaise idée.
La ministre québécoise de la Famille, Suzanne Roy, a annoncé la formation du comité de sages en décembre dernier. Il doit rendre ses conclusions à l'hiver 2025.
La ministre de la Condition féminine, Martine Biron, assure que le comité de sages travaille sur d'autres dossiers actuellement. «Il y a des questions beaucoup plus pointues: Qu'est-ce qu'on devrait faire par exemple dans les compétitions sportives? Moi, j'ai de la misère à répondre à ça. Qu'est-ce qu'on doit faire aussi en milieu carcéral?» a-t-elle demandé.
Parler des toilettes mixtes, alors que les problèmes abondent dans les écoles, est un «excellent exercice de distraction», a réagi mercredi le leader parlementaire de Québec solidaire, Alexandre Leduc.
«Le ministre n'est pas capable d'avoir des enseignants, n'est pas capable d'avoir un système d'éducation dans le sens du monde. Bravo, on parle de ça à la place de parler de ses échecs», a-t-il râlé.
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part critiqué la méthode de travail de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui a pris une décision avant d'obtenir le rapport du comité de sages.
«C'est du caquisme grand cru, s'est-il exclamé. Tout est inversé. Les travaux ne se font pas en amont. On prend les décisions, puis ensuite on se remet en question, puis on change d'idée. C'est très chaotique.»
Le gouvernement adopte une mesure somme toute raisonnable, a déclaré de son côté la libérale Jennifer Maccarone, rappelant cependant qu'il faut «respecte(r) les droits de chacun des enfants dans nos écoles».
«C'est une mesure qui se justifie, a applaudi en point de presse le chef conservateur Éric Duhaime. On a toujours déploré le fait qu'il y avait de plus en plus d'initiatives (comme les toilettes mixtes) qui étaient prises et que les parents n'étaient pas consultés.
«Le comité de sages est là pour faire des recommandations, pour étudier la question, mais c'est le gouvernement qui, ultimement, a la légitimité démocratique de décider sur ces enjeux-là», a-t-il ajouté.
Avec des informations de la Patrice Bergeron, La Presse canadienne