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Le premier ministre de l'Ontario a soutenu mardi que les tarifs douaniers évoqués par le président élu américain Donald Trump sur les exportations canadiennes pourraient coûter jusqu'à 500 000 emplois dans sa province. Et Doug Ford réclame d'Ottawa une action plus forte et plus visible.
M. Trump a indiqué que, dès son retour à la Maison-Blanche, il signerait un décret imposant des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits arrivant aux États-Unis en provenance du Canada et du Mexique.
M. Ford a indiqué que le nombre réel d'emplois ontariens touchés par ces tarifs dépendra des secteurs ciblés, mais les ministères au sein de son gouvernement lui ont soumis que ce chiffre pourrait se situer entre 450 000 et 500 000 emplois. «C'est grave, a déclaré M. Ford mardi en conférence de presse. C'est sans précédent.»
Les 13 premiers ministres des provinces et territoires doivent rencontrer mercredi le premier ministre Justin Trudeau pour discuter des mesures à prendre face à ces menaces. M. Ford a estimé mardi qu'à moins d'une semaine du jour de l'investiture présidentielle à Washington, un plan sur la façon de répondre à ces tarifs devrait déjà avoir été finalisé.
«Je vais être franc: ils doivent se ressaisir» à Ottawa, a déclaré M. Ford. «C’est aussi simple que ça. Il ne devrait pas revenir aux premiers ministres de demander une réunion de suivi en personne: cela aurait dû se produire il y a un certain temps, et nous devons travailler en 'équipe Canada'. Nous ne pouvons pas avoir un Canada divisé. Nous devons nous assurer que nous nous serrons tous les coudes et que nous chantons tous la même chanson.»
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a rendu visite à M. Trump à Mar-a-Lago en fin de semaine, a mis en garde Ottawa contre un embargo sur les exportations d’énergie vers les États-Unis en réponse aux tarifs douaniers, alors que M. Ford a estimé que toutes les options devraient être sur la table.
L’une des raisons invoquées par M. Trump pour imposer des tarifs douaniers est l’état de la sécurité à la frontière. Bien qu’Ottawa ait promis 1,3 milliard $ pour s’attaquer à ce problème, M. Ford estime que le gouvernement fédéral n’agit pas assez rapidement.
«Nous avons besoin que le gouvernement fédéral intensifie ses efforts en proposant un plan solide pour sécuriser notre frontière et qu’il s’assure de respecter son engagement de 2 % envers l’OTAN», a déclaré M. Ford, faisant référence aux dépenses militaires du Canada.
«Nous avons entendu un chiffre avancé, 1,3 milliard $, pour notre protection frontalière. Je n'ai encore rien vu, rien du tout», a-t-il déclaré, ajoutant que le ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty, «doit sortir de sa cachette» et exposer publiquement le plan d'Ottawa.
M. Ford devait rencontrer mardi après-midi le ministre des Finances et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.
Le premier ministre ontarien a également déclaré qu'il pourrait devoir dépenser des dizaines de milliards de dollars pour atténuer les impacts de ces tarifs en Ontario. Il a laissé entendre qu'il envisageait de déclencher des élections anticipées afin de soumettre aux Ontariens ce type de dépenses de relance économique.
M. Ford n'a pas donné d'indication sur le calendrier qu'il aurait en tête, mais il croit que le président Trump pourrait essayer de repousser un peu l'imposition des tarifs.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux mardi, M. Trump s'est toutefois engagé à créer dès le jour de son investiture le 20 janvier un «service des revenus externes» pour commencer à collecter «les tarifs, les droits et tous les revenus provenant de sources étrangères».
«Nous commencerons à faire payer ceux qui gagnent de l’argent sur notre dos grâce au commerce, et ils commenceront à payer, ENFIN, leur juste part», a écrit le président désigné.
On ignore quel serait le fonctionnement d’un tel «service des revenus externes», par opposition à l'agence fiscale américaine (Internal Revenue Agency). Le secrétaire américain au Trésor établit les réglementations alors que le Service des douanes et de la protection des frontières collecte les droits de douane applicables aux portes d’entrée américaines. La création d’un tel service nécessiterait probablement l’approbation du Congrès.
Mais le message de M. Trump sur son réseau «Truth Social» démontre encore une fois que le président élu a bien l’intention d’imposer des droits de douane radicaux lorsqu’il prendra ses fonctions lundi prochain.
L’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper a déclaré qu’il avait «un réel problème» avec les propos de M. Trump sur les relations commerciales.
Dans une entrevue accordée à un baladodiffuseur américain et diffusée lundi, M. Harper a réfuté les affirmations de M. Trump selon lesquelles les États-Unis «subventionnent le Canada», attribuant le «modeste excédent commercial» au fait que les Américains achètent beaucoup de pétrole et de gaz canadiens à un prix réduit par rapport aux marchés mondiaux.
«C’est en fait le Canada qui subventionne les États-Unis à cet égard», a-t-il soutenu.
M. Harper a aussi rappelé que la défense commune de l’Amérique du Nord par le biais du NORAD ne constitue pas non plus une subvention. «Les États-Unis le font parce que c’est dans leur intérêt vital, a-t-il déclaré. Voulez-vous que le Canada soit un pays neutre?»
Il a également déclaré qu’il n’y avait pas de flux majeur de migrants aux États-Unis en provenance du Canada, tout en qualifiant de «honteuse» la politique de l’administration de Joe Biden à la frontière sud.
«Je vais vous le dire tout de suite: la drogue, les armes, la criminalité – la plupart de ces choses circulent vers le nord, pas vers le sud», a déclaré M. Harper.