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La moitié des routes du Québec sont en mauvais état, estime la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.
La moitié des routes du Québec sont en mauvais état, selon la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc. Pire encore, en Abitibi-Témiscamingue, dans Chaudières-Appalaches et en Outaouais, près des deux tiers des chaussées sont dégradées.
Mme Leclerc a présenté un rapport à l’Assemblée nationale, jeudi, dans lequel elle affirme qu’environ 15 000 kilomètres de chaussées sont en mauvais état, dont 8075 kilomètres ont atteint la fin de leur vie utile.
En conférence de presse, elle s’est inquiétée de la dégradation du réseau routier, tout en précisant toutefois qu’il n’y a pas de danger public «à court terme», puisque des «travaux palliatifs» sont réalisés pour rendre les routes sécuritaires.
«C’est sûr que d’année en année, quand on fait du palliatif, et qu’on n’est pas en mesure de faire la réhabilitation en profondeur, bien c’est un peu comme si on traîne les problèmes», a expliqué le vérificateur général adjoint, Jacques Hébert.
Ils soutiennent que le bon état du réseau routier est «primordial» pour assurer la «mobilité efficace et sécuritaire des personnes et des marchandises, ainsi que pour favoriser l’accès au territoire, son occupation et le développement des régions».
Les travaux du ministère des Transports (MTQ) sont «insuffisants», si bien que le déficit de maintien d’actifs a augmenté de 3 milliards $ depuis 2018, pour atteindre 10 milliards $, peut-on lire dans le rapport.
Cela représente «plus du quart du déficit de l’ensemble des infrastructures publiques du Québec', écrit Mme Leclerc, qui affirme par ailleurs que le `ministère n’a pas évalué les investissements nécessaires pour maîtriser ce déficit».
S’il continue de croître à ce rythme, il risque d’atteindre près de 17,5 milliards $ en 2027.
«Cette lacune est encore plus problématique dans un contexte de changements climatiques, qui risque d’accroître l’ampleur des investissements requis», note dans le même rapport la commissaire au développement durable, Janique Lambert.
En outre, des travaux qui favoriseraient la pérennité du réseau ne sont simplement pas «planifiés», selon la vérificatrice. Et s’il le sont, «une portion importante d’entre eux sont reportés sans être réalisés».
Trois des directions générales territoriales du MTQ visitées par la vérificatrice n’avaient planifié aucun projet pour des segments de chaussée nécessitant des interventions majeures, souligne-t-on dans le rapport.
C’est en Abitibi-Témiscamingue où les routes seraient les pires; l’an dernier, 65,1 % de ses chaussées étaient en mauvais état, comparativement à 61,4 % pour la région de Chaudières-Appalaches, et 60 % pour l’Outaouais.
La vérificatrice générale signale également que le MTQ n’utilise pas les ressources qu’il consacre à l’innovation de manière «optimale». Ainsi, les projets choisis pourraient ne pas être ceux qui répondent le mieux aux défis, souligne-t-elle.
En guise de comparaison, la Ville de Toronto inclut depuis quelque temps dans sa conception des évaluations des risques liés aux changements climatiques, au lieu de s’appuyer sur les températures historiques.
Dans son rapport, Mme Leclerc fait plusieurs recommandations, soit de:
Le ministère a dit accueillir «favorablement» les conclusions de Mme Leclerc.
«La conservation des chaussées (…) présente des défis auxquels font face peu d’administrations (…) dans le monde: un réseau étendu sur un vaste territoire, une faible densité de population et des conditions météorologiques souvent difficiles et très variables», a-t-il répondu.
En entrevue avec La Presse la semaine dernière, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait dit constater que son ministère était bon pour faire des routes, moins bon pour concevoir des projets de transport collectif.
«Au ministère, ils ont toujours fait des routes et ils ont l’expertise là-dedans», avait-elle déclaré. La ministre n’a pas répondu aux questions des journalistes, jeudi.
Dans un autre chapitre, la vérificatrice appelle à mieux protéger la confidentialité des renseignements personnels des usagers du réseau de la santé et des services sociaux.
Le cas de Véronique Cloutier avait défrayé la manchette au printemps dernier; l'animatrice avait appris que son dossier médical avait été consulté par du personnel à plusieurs reprises sans motifs valables.
«Les contrôles (...) au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux et des établissements audités sont à améliorer, pour bien protéger la confidentialité de ces renseignements», écrit la vérificatrice.
«Seuls les intervenants dont les fonctions le requièrent devraient avoir accès aux renseignements personnels des usagers», ajoute-t-elle.
Selon Guylaine Leclerc, le MSSS et les établissements de santé «manquent de rigueur» dans la gestion des risques et des incidents en lien avec la confidentialité.
La sensibilisation, la formation et l'encadrement sont «insuffisants», ce qui accroît les risques liés à la protection des données, selon elle.
Le MSSS et les établissements audités ont déclaré adhérer à toutes les recommandations de la vérificatrice.