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Une proportion de 3% des locataires a vécu une expulsion au cours de la dernière année.
La demande de logements dépasse grandement l’offre au Canada, incluant au Québec, ce qui entraîne visiblement une baisse de l’abordabilité des habitations locatives au pays. Résultat, le portrait des personnes expulsées de leur logement évolue.
C’est ce que découvre l’Enquête sociale canadienne dans des analyses réalisées entre avril et décembre 2023. Une proportion de 3% des locataires a vécu une expulsion au cours de la dernière année, soit 1% de l’ensemble de la population canadienne.
Que leur est-il arrivé? Voici le rapport de Statistique Canada.
Plus de la moitié des expulsions sont attribuables à des facteurs liés au propriétaire, ce qui comprend l'utilisation personnelle, la vente de la propriété ainsi que des réparations ou rénovations majeures, rapporte Statistique Canada.
Dans 30% de ces cas d’expulsions, les propriétaires reprenaient le logement pour l’occuper. Dans 17% des dossiers, le propriétaire reprenait son logement pour fin de vente. Enfin, dans 4% des cas, il fallait exécuter des réparations ou rénovations majeures.
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Avoir de la difficulté à payer son loyer se classe au deuxième rang des raisons les plus courantes expliquant l'expulsion, observe Statistique Canada.
Dans l’Enquête sociale canadienne, près de six personnes expulsées sur 10 (59 %) ont trouvé difficile ou très difficile de répondre à leurs besoins financiers, par rapport à 32 % de l'ensemble de la population ayant fait état de difficultés financières.
«Cela peut expliquer pourquoi la difficulté à payer le loyer (18 %) se classait au deuxième rang des raisons les plus fréquemment citées pour expliquer une expulsion au cours de la dernière année», croit Statistique Canada, comme écrit dans le rapport.
C’est que les personnes qui emménagent dans de nouveaux logements doivent composer avec la hausse galopante des prix locatifs, là où les ménages locataires existants qui ne déménagent pas n’ont qu’à absorber une hausse plus basse de leur loyer.
La situation n’est pas près de se résorber pour ceux et celles qui se cherchent un nouveau logement à louer. Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), l’augmentation de la population, soutenue par une forte migration, et les obstacles persistants liés à l’accession à la propriété, vont maintenir le marché locatif sous tension. Au Québec, l'organisme note également que les départs de résidents montréalais vers d'autres régions ont diminué depuis la fin de la pandémie.
Parmi les personnes expulsées dans les 12 derniers mois, près de six personnes sur 10 (59 %) étaient âgées de 25 à 44 ans et plus du tiers (34 %) étaient âgées de 25 à 34 ans.
«Ce n’est pas surprenant», écrit Statistique Canada, puisque les adultes plus jeunes sont plus susceptibles de louer leur logement que d'en être propriétaires. Au Québec en 2021, plus de 1,4 million de particuliers avaient un revenu de moins de 100 000 $. À titre indicatif, en date décembre dernier, il fallait un revenu annuel minimum d’environ 110 000 $ pour s’acheter une propriété à Montréal.
Incidemment, un nombre croissant de Canadiens des générations Y et Z sont exclus du marché du logement, ont noté des chercheurs de Statistique Canada par le passé.
Les personnes éprouvant des problèmes de santé mentale et les personnes ayant une incapacité sont surreprésentées parmi les personnes expulsées, note Statistique Canada.
Près de la moitié des personnes expulsées ont fait état d'une santé mentale mauvaise ou passable (46 %), comparativement à un membre de la population totale sur cinq (20 %). En outre, 28 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une incapacité, ce qui représente plus du double de la proportion observée pour la population totale (13 %).
À la lumière de ces données, quelles sont les avenues pour alléger le fardeau des locataires? En avril 2024, le gouvernement libéral fédéral a annoncé prévoir un ensemble de prêts et de financement de 600 millions $ pour rendre la construction de logements plus facile et moins coûteuse pour les propriétaires et les locataires.