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Le malaise de certains ministres québécois du gouvernement Trudeau était palpable mardi à la suite de la nomination controversée d'Amira Elghawaby à titre de conseillère spéciale chargée de la lutte contre l'islamophobie.
Le malaise de certains ministres québécois du gouvernement Trudeau était palpable mardi à la suite de la nomination controversée d'Amira Elghawaby à titre de conseillère spéciale chargée de la lutte contre l'islamophobie.
«Comme Québécois j'ai été profondément blessé par ses propos. Je le suis encore d'ailleurs», a dit le lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, Pablo Rodriguez, à son arrivée à la réunion hebdomadaire du cabinet.
Le ministre Rodriguez a révélé avoir demandé la semaine dernière une rencontre avec Mme Elghawaby, étant «prêt à discuter», et a indiqué que cela aura lieu «dans les prochains jours».
Le fait qu'Amira Elghawaby ait par le passé dépeint les Québécois comme «antimusulmans» et qu'elle ait refusé de s'en excuser dans les derniers jours a conduit le gouvernement du Québec à demander officiellement qu'elle démissionne ou qu'elle soit congédiée, ce que refuse le premier ministre Justin Trudeau.
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Le ministre de la Justice, David Lametti, a refusé mardi de dire s'il est à l'aise avec la nomination, affirmant plutôt qu'il n'est «pas à l'aise avec les commentaires originaux» et qu'il ne «partage pas cette opinion».
«C'est à elle de clarifier ce qu'elle a dit, a-t-il ajouté. Le Québec n'est pas islamophobe. Ça, c'est clair pour moi. (...) On va voir ce qu'elle a à dire.»
La ministre des Sports, Pascale St-Onge, a pour sa part affirmé que «tout le monde est unanime que les propos tenus par le passé manquaient de nuances et que des précisions devaient être apportées».
Quant au ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, il a carrément contourné une question quant à son appui à la nomination, préférant répondre que les Québécois sont «parmi les Canadiens les plus sensibles» aux enjeux d'inclusion.
Quelques minutes plus tôt, M. Trudeau a réitéré son appui à la nomination, et ce malgré que de nouveaux propos sur la préoccupation des Québécois pour la «pureté du sang» aient refait surface quelques heures plus tôt.
«J'appuie à 100% madame Elghawaby», a-t-il déclaré à son arrivée à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, à Ottawa, au lendemain de la demande du gouvernement du Québec de la congédier après qu'elle ne se soit pas excusée pour avoir dépeint les Québécois comme «antimusulmans».
Selon M. Trudeau, Amira Elghawaby a démontré au fil des ans «une sensibilité, une ouverture et une rigueur dont on a besoin maintenant».
Une série de propos tenus par Mme Elghawaby ont refait surface lundi soir sur les réseaux sociaux. En 2013, elle estimait dans un texte publié dans le Toronto Star que les propos du philosophe John Ralston Saul quant à «la peur de perdre la pureté - la pureté du sang, la pureté de la race, la pureté des traits nationaux, des valeurs et des liens» pourraient s'appliquer aux Québécois.
Quelques années plus tard, en 2019, elle écrivait dans le Globe and Mail que «l'approche du Québec considère plutôt les immigrants potentiels avec suspicion, imposant un fardeau inversé pour prouver qu'ils ne viennent pas avec des attitudes en contradiction avec le caractère imaginaire et supérieur de la province».
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Et en juin dernier, lors d'une réunion d'un comité sénatorial qui se penchait sur l'islamophobie, elle a soutenu en parlant du projet de loi 21 que les Québécois font «une fixation» sur les minorités religieuses, ce qui «crée l’idée que quelque chose ne va pas avec les femmes qui, comme moi, portent le foulard, et que nous méritons presque d’être attaquées et de faire l’objet de discrimination, que ce soit par le harcèlement, les attaques et autres».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, et Amira Elghawaby se rencontreront mercredi midi, a-t-on également appris.
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M. Blanchet avait tendu la main la veille lors de la période des questions en indiquant qu'une rencontre serait utile pour «tenter de comprendre». Le premier ministre Trudeau lui avait répondu qu'il souhaite `de tout mon coeur' que cette rencontre ait lieu et a assuré qu'il va «certainement (la) faciliter».
Dans la foulée d'une question aux Communes mardi, M. Blanchet a adopté un ton différent, qualifiant la nomination de «très peu flatteuse pour le Québec». Selon lui, «un échange sur l'histoire du Québec et la laïcité sera salutaire pour Mme Elghawaby».