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Yan Marcil a déclaré que le départ de son équipe vers le Colorado en 1995 avait certes laissé «une cicatrice».
Le hockey de la LNH est de retour à Québec cette semaine, mais les Kings de Los Angeles ne sont pas l'équipe à laquelle rêvent les partisans de longue date des défunts Nordiques.
Dans son sous-sol de Québec, entouré de souvenirs des Nordiques, Yan Marcil a déclaré que le départ de son équipe vers le Colorado en 1995 avait certes laissé «une cicatrice», mais que la douleur était disparue avec le temps.
«J'avais 16 ans», a-t-il confié, «et j'ai pleuré».
Pendant cinq ans, il a refusé de regarder du hockey à la télévision. «J'ai renoncé à tout», a-t-il précisé.
Plusieurs décennies plus tard, Marcil et de nombreux autres partisans des Nordiques assisteront aux deux matchs préparatoires des Kings au Centre Vidéotron. Le premier duel aura lieu jeudi soir face aux Bruins de Boston.
Le premier avait lieu jeudi soir face aux Bruins de Boston - les Kings ont gagné 4-1, portés par le tour du chapeau de Quinton Byfield.
L'Ontarien de 22 ans a marqué deux fois en 25 secondes durant le deuxième tiers.
Byfield a complété le triplé à 7:59 au troisième vingt. Un de ses complices a alors été Phillip Danault, de Victoriaville.
Le match a attiré 17 334 partisans.
Le voyage des Kings, qui a reçu une subvention gouvernementale de 7 millions $, a été qualifié par Québec d'opportunité de mettre en valeur la ville — et son amphithéâtre qui a été érigé dans l'espoir d'attirer une concession de la LNH — et sa capacité à accueillir une équipe.
«Je crois que c'est un pas dans la bonne direction d'accueillir une équipe à Québec — ça n'est qu'une étape —, et il en faudra d'autres», a mentionné le ministre des Finances Éric Girard l'an dernier.
Bien que Marcil admette avoir hâte d'assister aux matchs cette semaine, les partisans des Nordiques et lui sont sceptiques lorsqu'on leur demande si l'escale des Kings à Québec permettra à la ville d'obtenir une concession du circuit Bettman.
Jean-François Leclerc, qui s'autoproclame un des plus grands partisans des Nordiques, a encore le trémolo dans la voix lorsqu'il raconte comment son idole, Peter Stastny, a inscrit le but victorieux en prolongation pour éliminer le Canadien de Montréal pendant les séries éliminatoires de 1985.
Leclerc a dit que contrairement au Canadien, les Nordiques ont toujours été les négligés qui évoluaient dans un petit marché fier de souligner son héritage francophone en portant la fleur de lys sur ses chandails. Contrairement au Tricolore, ils n'ont jamais gagné la coupe Stanley — ce qui, étrangement, a semblé les rendre plus sympathiques.
«C'est nous contre le reste du monde», a-t-il résumé.
Bien qu'il adorerait voir une équipe s'installer à Québec, il ne croit pas que la LNH veuille d'une autre concession au Canada, et est conscient que le coût pour en obtenir une — qui est estimé selon certaines sources à 1 milliard $ — est ridicule.
«Je travaille en finances, donc je comprends cette réalité», a dit Leclerc.
Alors, Marcil et lui ont fait quelque chose qui aurait été impensable à l'époque où les Nordiques évoluaient à Québec: ils sont devenus des partisans du Canadien.
Moshe Lander, un économiste du sport à l'Université Concordia, estime les chances de Québec d'obtenir une équipe à moins de 10 %. Il croit que l'absence de milliardaires plombe les chances que la LNH octroie une équipe à une autre ville canadienne. Québec, dit-il, serait difficile à vendre aux joueurs en raison de sa taille, de sa position géographique, de la barrière de la langue et des taux d'imposition.
Lander ajoute que le nom de la ville est prononcé par la ligue parmi celles qui pourraient obtenir une équipe d'expansion uniquement pour faire grimper les enchères et tirer le maximum d'argent des autres marchés.
«Québec est utilisé comme faire-valoir dans un jeu très stratégique mis en scène par des milliardaires très astucieux et le premier ministre (François Legault) est tombé dans le panneau en croyant que Québec obtiendra une équipe», a-t-il mentionné en entretien téléphonique.
Leclerc, qui habite à Gatineau, ne se rendra pas à Québec pour les matchs préparatoires. Il dénonce les subventions gouvernementales, puisqu'il considère qu'elles font passer les Québécois pour des péquenots («hillbillies») qui doivent payer des millions de dollars pour accueillir une équipe.
Mercredi, plusieurs curieux qui se sont déplacés pour assister à la séance d'entraînement des Kings au Centre Vidéotron se sont décrits comme étant des partisans des Nordiques. Aucun d'entre eux n'a paru très optimiste quant au retour d'une équipe à Québec.