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Le Conseil national des musulmans canadiens a fait savoir lundi qu'il garderait un œil sur la façon dont le gouvernement appliquait l'interdiction des espaces de prière, ajoutant qu'il «prendrait des mesures» si les droits des étudiants étaient violés.
Des groupes musulmans dénoncent l'intention du gouvernement du Québec d'interdire les espaces de prière dans les écoles publiques, affirmant qu'ils surveilleront la manière dont le ministère de l'Éducation applique ses nouvelles règles.
En réponse aux informations selon lesquelles au moins deux écoles de la région de Montréal avaient réservé des espaces pour que les étudiants musulmans puissent prier, le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a promis la semaine dernière d'interdire aux écoles de le faire. Le ministre a cependant précisé qu'il n'interdirait pas complètement la prière; les étudiants qui voulaient prier devraient le faire discrètement et «silencieusement», a-t-il déclaré aux journalistes.
Le Conseil national des musulmans canadiens a fait savoir lundi qu'il garderait un œil sur la façon dont le gouvernement appliquait l'interdiction des espaces de prière, ajoutant qu'il «prendrait des mesures» si les droits des étudiants étaient violés.
«Nous n'avons pas vraiment vu comment cela va avoir un impact tangible sur les gens, a mentionné dans une entrevue Stephen Brown, directeur général du conseil. Donc (si) ces directives constituaient en fait une limitation des droits fondamentaux des personnes, alors nous ferions quelque chose, nous agirions.»
Le ministère de l'Éducation n'a pas répondu lundi à une question demandant si la directive de M. Drainville avait été mise en œuvre.
La position du ministre Drainville s'est durcie en l'espace de 24 heures la semaine dernière. Sa première réponse aux rapports des espaces de prière scolaires a été d'annoncer que les écoles ne pouvaient pas privilégier une religion par rapport à une autre et qu'elles devaient veiller à ce que les espaces respectent l'égalité des sexes. Mais il a rapidement changé d'avis après que le Parti québécois (PQ) a appelé à des mesures plus fortes, suggérant que la position conciliatrice initiale de M. Drainville encouragerait davantage d'écoles à ouvrir des salles de prière.
Bernard Drainville est connu pour avoir présenté une soi-disant charte des valeurs lorsqu'il était au gouvernement avec le PQ en 2013. La charte demandait que les personnes qui portent des symboles religieux ne puissent pas travailler dans les institutions publiques. La charte était un précurseur de la loi sur la laïcité de la Coalition Avenir Québec (CAQ) – le projet de loi 21 – qui a été adoptée en 2019 et qui a interdit à de nombreux fonctionnaires, y compris des enseignantes, de porter des signes religieux au travail. Le ministre s'est joint à la CAQ avant les élections de 2022.
L'avocat spécialisé dans les droits de la personne Julius Grey a souligné que les écoles du Québec - indépendamment du projet de loi 21 - n'ont aucune obligation d'ouvrir des espaces dédiés à la prière. Le gouvernement pourrait cependant avoir des ennuis juridiques s'il empêche complètement les étudiants de prier.
«Ce qui serait totalement contraire à la Charte - et je pense que cela serait invalidé - est une interdiction pour les individus de prier dans les écoles, a indiqué Me Grey dans une entrevue lundi. Je ne pense pas qu'ils feront ça; je pense que ce serait demander une contestation.»
La décision de M. Drainville la semaine dernière a été dénoncée par un groupe d'organisations musulmanes et de mosquées - la Table de concertation des organismes musulmans - qui a déclaré que le ministre aurait dû rencontrer les dirigeants communautaires avant d'interdire les espaces de prière dans les écoles.
L'imam montréalais Hassan Guillet a décrit la situation comme une tempête dans un verre d'eau, affirmant que les médias et les politiciens avaient suggéré qu'il y avait quelque chose de néfaste dans le fait que des étudiants musulmans prient à l'école. Dans l'Islam, les gens prient cinq fois par jour et pendant le ramadan, il y a une augmentation du nombre de personnes qui prient, a-t-il souligné. Alors que les gens jeûnent – ce qui est requis pendant le ramadan de l'aube au coucher du soleil – certaines personnes choisissent de prier pendant ces intervalles, a-t-il ajouté.
«Mon message au gouvernement du Québec est d'être pratique, de respecter les citoyens… tous les citoyens, peu importe leur religion, leur foi ou leur origine; le gouvernement est le gouvernement de tout le monde, a déclaré M. Guillet en entrevue lundi. La laïcité n'est pas une carte blanche pour effacer la religion ou la pratique religieuse.»