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La nouvelle vague de mises à pied connue cette semaine par le secteur technologique fait basculer le rapport de force en faveur des employeurs.
La nouvelle vague de mises à pied connue cette semaine par le secteur technologique fait basculer le rapport de force en faveur des employeurs, observent des membres de l'industrie au Canada.
Les travailleurs du secteur des technologies ont eu plus de pouvoir pour négocier de meilleurs salaires et rôles ces dernières années parce que les entreprises se développaient rapidement et avaient besoin des meilleurs talents pour suivre la cadence, a expliqué la cheffe de la direction du collectif technologique féminin Toast, Marissa McNeelands.
Maintenant que les coupes se sont étendues même aux entreprises technologiques les plus importantes, avec des licenciements cette semaine chez Amazon et Google, il y a un nombre croissant de travailleurs mis à pied, a-t-elle ajouté. En conséquence, les entreprises peuvent être plus exigeantes en ce qui a trait à l'embauche, et moins généreuses au chapitre des salaires.
«Donc, depuis un an et demi ou deux ans, ce sont vraiment les travailleurs qui ont eu l'influence, le pouvoir et il y avait une pénurie, et maintenant nous basculons dans l'autre sens», a-t-elle observé vendredi, lors d'une entrevue.
Abdullah Snobar, directeur général du centre de technologie DMZ à Toronto, a remarqué le même changement. Il estime que celui-ci a commencé il y a environ 12 mois, alors que les entreprises avaient accéléré l'embauche et pouvaient emprunter de l'argent à si faible intérêt que les gros salaires étaient encore plus possibles.
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Cependant, l'inflation est maintenant obstinément élevée, les taux d'intérêt ont été relevés de manière significative et de nombreux économistes prévoient une récession.
«Un employé ne peut plus arriver à son entretien d'embauche et demander la lune», a affirmé M. Snobar.
Ce nouveau portrait survient alors que Sundar Pichai, le grand patron d'Alphabet, la société mère de Google, a annoncé vendredi que son entreprise mettrait à pied 12 000 travailleurs.
«Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaire», a-t-il souligné dans une note annonçant les coupes.
«Pour nous ajuster et alimenter cette croissance, nous avons embauché en fonction d'une réalité économique différente de celle à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui.»
Les sociétés technologiques ont commencé à réduire leurs effectifs au printemps dernier, lorsque les valorisations ont commencé à baisser et que l'intérêt des investisseurs s'est estompé, alors que les consommateurs renouaient avec leurs habitudes prépandémiques.
Plus tôt cette semaine, le détaillant en ligne Amazon a mis à pied 18 000 employés, le géant du logiciel Microsoft a supprimé 10 000 emplois et WeWork a remercié 300 travailleurs.
Au Canada, Lightspeed a dit au revoir à 300 personnes, tandis qu'environ 150 employés de Clutch et 70 autres chez Hootsuite ont été mis à pied.
Ces annonces faisaient suite à celles d'autres sociétés de premier plan, comme Shopify, Meta, Netflix, Lyft et Stripe, qui ont procédé à des mises à pied au cours de la dernière année.
L'agrégateur Layoffs.fyi a dénombré 55 324 travailleurs technologiques mis à pied dans le monde depuis le début de 2023. En 2022, pas moins de 155 126 travailleurs de ce secteur ont perdu leur emploi.
Le nombre de mises à pied pourrait également modifier l'attrait des travailleurs technologiques canadiens pour les entreprises américaines. Le Canada déplore depuis longtemps un «exode des cerveaux» ce phénomène qui voit les personnes éduquées du pays migrer au sud de la frontière pour aller y travailler.
Une étude de 2018 s'appuyant sur les profils LinkedIn des diplômés des universités de Toronto, de la Colombie-Britannique et de Waterloo en 2015 et 2016 a révélé que 66 % des étudiants en génie logiciel et 30 % des étudiants en informatique quittaient le Canada pour travailler après l'obtention de leur diplôme.
Les chercheurs de l'Université de Toronto et de l'Université Brock qui ont réalisé l'étude ont découvert que les étudiants avaient déménagé parce qu'ils croyaient qu'un grand employeur améliorerait leurs futures perspectives d'embauche, que leur champ de travail serait plus large et qu'on leur promettait des salaires plus élevés.
Les entreprises américaines aiment pouvoir embaucher des travailleurs canadiens, réputés pour leurs compétences en intelligence artificielle, parce qu'ils ont aidé à combler les pénuries et à augmenter le bassin de talents du pays.
Les mises à pied pourraient «garder plus de Canadiens au Canada», car les entreprises américaines doivent respecter un ensemble différent de lois sur la paie, la conformité et la fiscalité lorsqu'elles embauchent à l'extérieur du pays dans lequel elles sont constituées, a souligné Mme McNeelands.
«Avec les mises à pied, les entreprises américaines ont maintenant un bassin beaucoup plus vaste pour recruter, alors elles ne chercheront peut-être pas à s'intéresser à quelqu'un au Canada.»