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Les grandes plateformes technologiques font face à des appels croissants pour interdire aux médias d'État russes d'utiliser leurs plateformes pour diffuser de la propagande et de la désinformation.
Alors que la guerre de la Russie en Ukraine se déroule sous les yeux du monde entier sur les réseaux sociaux, les grandes plateformes technologiques font face à des appels croissants pour interdire aux médias d'État russes d'utiliser leurs plateformes pour diffuser de la propagande et de la désinformation.
Aucune des entreprises technologiques appartenant aux États-Unis n'a répondu par une interdiction pure et simple de ces médias. Elles ont plutôt proposé des changements plus modestes : limiter la portée du Kremlin, étiqueter une plus grande partie de ce contenu afin que les gens sachent qu'il provient du gouvernement russe et couper les organes de l'État russe des revenus publicitaires qu'ils généraient auparavant.
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Ces changements représentent un exercice d'équilibre prudent destiné à empêcher le Kremlin de diffuser de la propagande dans les médias sociaux sans irriter les responsables russes au point où ils privent leurs citoyens de l'accès aux plateformes pendant une période cruciale de guerre, a déclaré Katie Harbath, une ancienne directrice des politiques publiques pour Facebook.
«Ils essaient de marcher sur cette ligne très fine, ils font cette danse», a déclaré Mme Harbath, qui est maintenant directrice de la technologie et de la démocratie à l'International Republican Institute. «Nous voulons tenir tête à la Russie, mais nous ne voulons pas non plus être fermés dans le pays. Jusqu'où pouvons-nous aller?»
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Meta, qui possède Facebook et Instagram, a annoncé lundi qu'elle restreindrait l'accès aux services russes RT et Sputnik en Europe, à la suite d'une déclaration de la présidente de l'Union européenne Ursula von der Leyen au cours du week-end selon laquelle les autorités s'efforcent d'interdire ces sites dans toute l'UE.
Les États-Unis n'ont pas pris de mesures similaires ni appliqué de sanctions aux médias d'État russes, laissant les entreprises technologiques américaines se débattre pour savoir comment atténuer la portée du Kremlin.
Les résultats ont été mitigés.
RT et d'autres comptes de médias d'État russes sont toujours actifs sur Facebook aux États-Unis. Twitter a annoncé lundi qu'après avoir vu plus de 45 000 microbillets quotidiens d'utilisateurs partageant des liens de médias affiliés à l'État russe ces derniers jours, il ajoutera des étiquettes au contenu des sites web du Kremlin. La société a également déclaré qu'elle ne recommanderait plus des sites web affiliés à la Russie et ne dirigerait plus ses utilisateurs vers ces sites dans sa fonction de recherche.
Au cours du week-end, la société basée à Menlo Park, en Californie, a annoncé qu'elle interdisait les publicités des médias d'État russes et qu'elle avait supprimé un réseau de 40 faux comptes, pages et groupes qui publiaient des points de discussion prorusses. Le réseau utilisait des personnes fictives se faisant passer pour des journalistes et des experts, mais n'avait pas beaucoup d'audience.
Facebook a commencé à étiqueter les médias contrôlés par l'État en 2020.
De son côté, Microsoft a annoncé qu'elle n'afficherait pas le contenu ou les publicités de RT et Sputnik ni n'inclurait les applications de RT dans sa boutique d'applications. Et YouTube, qui appartient à Google, empêche les médias russes de monétiser le site par le biais de publicités, bien que les médias continuent de téléverser des vidéos toutes les quelques minutes sur le site.
En comparaison, l'approche non interventionniste adoptée par TikTok, une plateforme chinoise populaire aux États-Unis pour ses vidéos courtes et amusantes, a permis à la propagande prorusse de prospérer sur son site. La société n'a pas répondu aux messages sollicitant des commentaires.
Une vidéo récente publiée sur la chaîne TikTok de RT présente un clip de Steve Bannon, un ancien conseiller principal de l'ex-président Donald Trump qui héberge maintenant un balado ayant un penchant pour la désinformation et les théories du complot.
«L'Ukraine n'est même pas un pays. C'est une sorte de concept», déclare M. Bannon dans le clip, faisant écho à une affirmation du président russe Vladimir Poutine. «Ainsi, lorsque nous parlons de souveraineté et d'autodétermination, ce n'est qu'une région corrompue que les Clinton ont transformée en une colonie où ils peuvent voler de l'argent.»
Déjà, les efforts de Facebook pour limiter la portée des médias d'État russes ont suscité la colère des responsables russes. La semaine dernière, des dirigeants de Meta ont déclaré qu'ils avaient rejeté la demande de la Russie d'arrêter de vérifier les faits ou d'étiqueter les messages publiés par les médias d'État russes. Les responsables du Kremlin ont réagi en restreignant l'accès à Facebook.
La société a également rejeté les requêtes de responsables ukrainiens qui ont demandé à Meta de supprimer l'accès à ses plateformes en Russie. Selon Nick Clegg, récemment nommé vice-président des affaires mondiales de la société, cette décision empêcherait les Russes ordinaires d'utiliser les plateformes pour en savoir plus sur la guerre, exprimer leurs opinions ou organiser des manifestations.
«Nous pensons que la désactivation de nos services réduirait au silence une expression importante à un moment crucial», a écrit M. Clegg sur Twitter dimanche.
Un étiquetage plus agressif des médias d'État et des mesures visant à minimiser leur contenu en ligne pourraient aider à réduire la propagation de matériel préjudiciable sans couper une source d'information clé, a déclaré Alexandra Givens, PDG du Center for Democracy and Technology, une organisation à but non lucratif basée à Washington.
«Ces plateformes sont un moyen pour les dissidents de s'organiser et de répliquer», a déclaré Mme Givens. «L'indication la plus claire de cela est que le régime a essayé de fermer l'accès à Facebook et Twitter.»
La Russie a passé des années à créer son appareil de propagande tentaculaire, qui compte des dizaines de sites qui ciblent des millions de personnes dans différentes langues. Cette préparation rend difficile pour toute entreprise technologique de monter une réponse rapide, a expliqué Graham Shellenberger de Miburo Solutions, une entreprise qui suit les campagnes de désinformation et d'influence.
«C'est un système qui a été construit sur 10 ans, surtout en ce qui concerne l'Ukraine», a noté M. Shellenberger. «Ils ont créé les canaux, ils ont créé les messagers. Et tout à coup, maintenant, nous commençons à prendre des mesures contre cela.»
Redfish, une page Facebook qualifiée de média contrôlé par l'État russe, s'est constitué un public majoritairement américain et progressiste de plus de 800 000 abonnés au fil des ans.
La page a publié ces derniers jours des messages antiaméricains et a cherché à minimiser l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la qualifiant d'«opération militaire» et consacrant plusieurs messages à la mise en évidence des manifestations antiguerre à travers la Russie.
Une publication sur Facebook a également utilisé une image d'une carte pour mettre en évidence les frappes aériennes dans d'autres parties du monde.
«Ne laissez pas l'eurocentrisme des médias grand public dicter votre soutien moral aux victimes de la guerre», lit-on dans le message.
La semaine dernière, le sénateur américain Mark Warner de Virginie a envoyé des lettres à Google, Meta, Reddit, Telegram, TikTok et Twitter les exhortant à freiner ces campagnes d'influence russes sur leurs sites web.
«En plus de l'utilisation établie par la Russie des opérations d'influence comme outil d'influence stratégique, la guerre de l'information fait partie intégrante de la doctrine militaire russe», a écrit M. Warner.
Par - David Klepper et Amanda Seitz pour l'Associated Press