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Les élus fédéraux ont l'obligation de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre «parce qu'on est encore un peuple conquis», a dit le chef du Bloc québécois, Yves-François Banchet.
Les libéraux et les conservateurs ont essentiellement évité mardi de véritablement débattre de la motion du Bloc québécois qui propose l'indépendance du Canada face à la monarchie britannique, estimant qu'il y a d'autres sujets prioritaires.
«Le Bloc québécois a la journée entière pour parler de préoccupations de Québécois, de Canadiens. Ils pourraient parler du coût de la vie, ils pourraient parler de l'inflation, [...] mais non le Bloc québécois, surprise, surprise, veut rouvrir la Constitution. Mon Dieu! Ce n'est pas ça qui préoccupe les Québécois, ni les Canadiens, ces jours-ci», a lancé le premier ministre et chef libéral Justin Trudeau, lors de la période des questions.
M. Trudeau répondait à une question du chef bloquiste, Yves-François Blanchet, qui lui demandait s'il soutient le statut du Canada comme «État vassal de la couronne britannique» et qu'il devra voter mercredi sur la question même si en «politicien intelligent et, bien sûr, homme de théâtre» il peut faire semblant que la soumission à la monarchie britannique, ce n'est pas important.
Prenant la parole à nouveau quelques minutes plus tard, M. Blanchet a déclaré que son serment d'allégeance à la couronne britannique «n'était pas sincère». Cette déclaration a provoqué des cris dans la Chambre des communes, des députés lui criant en anglais: «démissionne».
Dès le début des débats en matinée, les libéraux ont annoncé qu'ils voteront contre la motion que les bloquistes ont déposée à l'occasion de leur première journée d'opposition de la session parlementaire. Les conservateurs ont tenu un discours semblable et leur formation politique a fait savoir qu'ils voteront eux aussi contre la motion, qui est donc vouée à l'échec.
«Les gens ne s'intéressent pas nécessairement au visage de la personne sur le billet de vingt. Ce qu'ils veulent, c'est d'avoir assez de billets de vingt dans leurs poches pour payer leur épicerie à la fin du mois», a déclaré leur chef adjoint, Luc Berthold.
M. Berthold a aussi reproché au Bloc québécois de vouloir transporter à Ottawa «un débat qui n'a fait élire qu'un, deux, trois députés» à l'Assemblée nationale, soit ceux du Parti québécois, et de continuer de prétendre être la voix du Québec, ce qui lui a valu les remerciements du bloquiste René Villemure pour «son mépris».
Le lieutenant conservateur pour le Québec, Pierre Paul-Hus, s'est quant à lui demandé s'il est «primordial d'en faire un débat alors que les Québécois se préoccupent davantage de l'impact de l'inflation dans leur vie».
Les néo-démocrates ont décidé que leurs députés pourront voter comme ils l'entendent, si bien que la Manitobaine Niki Ashton, par exemple, y est allée d'un vif plaidoyer en faveur de la motion.
Il est «grand temps» que les parlementaires se demandent à quel point le Canada est une démocratie. «On est en 2022 et on a un roi , a-t-elle dit à plusieurs reprises. Selon elle, les Canadiens devraient élire ou choisir leur chef d'État.
Le Canada doit faire «le pas en avant sur le parcours de la décolonisation» et s'éloigner de la monarchie, a-t-elle dit, notant au passage qu'elle estime que les élus pourraient abolir le serment au roi et le remplacer par un serment aux Canadiens, abolir le Sénat non élu qui est «profondément non démocratique» et modifier le mode de scrutin qui permet à des partis, comme le Parti libéral, de former un gouvernement avec moins du tiers du vote populaire.
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Son collègue britanno-colombien Alistair MacGregor, qui prenait la parole après elle, a présenté un point de vue «légèrement différent» dans lequel il a noté que ses concitoyens ne le contactent «certainement pas» pour discuter de la monarchie.
«Les gens de ma circonscription sont très préoccupés par le coût croissant de la nourriture, ils sont très préoccupés par l'inabordabilité et la disponibilité des logements. Ma communauté traverse une crise des opioïdes. Il y a tant de besoins immédiats que me présentent mes commettants: la monarchie est très, très basse dans la liste», a-t-il mentionné.
En présentant sa motion qui réclame que le gouvernement Trudeau prenne des mesures pour rompre les liens entre le Canada et la monarchie britannique, le chef du Bloc québécois, Yves-François Banchet, a longuement défendu l'importance de la proposition.
Les millions d'électeurs qui votent à chaque élection «ne choisissent jamais un roi, ils choisissent toujours un député», a-t-il noté. «Et pourtant, en haut de la pyramide alimentaire canadienne, il y a les ''jewels'' de la couronne. Ça doit être important!»
En fait, les élus fédéraux ont l'obligation de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre «parce qu'on est encore un peuple conquis», a mentionné M. Blanchet.
Selon lui, le fait qu'il faille ouvrir la constitution pour détacher le Canada de la monarchie britannique «devrait être une indication d'importance».
«Il faut l'unanimité des provinces, du Sénat et du Parlement, hey, ça doit être important!, a-t-il poursuivi. Quand tu mets 14 cadenas après ton cabanon, c'est parce que tu tiens à ta tondeuse.»
Encore en matinée, avant que ne s'ouvre le débat à la Chambre des communes, M. Blanchet a dit s'attendre à perdre ce vote, mais cela démontrerait aux Québécois, dont les trois quarts sont pour l'abolition de la monarchie, «qui les représente véritablement».
Le vote sur la motion du Bloc québécois doit avoir lieu mercredi après-midi après la période des questions.