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«Il est certain que nous maintenons qu’il y a eu un examen de fait et nous allons évidemment approfondir les efforts en ce qui concerne l’ingérence étrangère», a dit Steven MacKinnon.
Les libéraux ont tour à tour défendu mardi le travail du rapporteur spécial sur l'ingérence étrangère, David Johnston, alors qu'une motion réclamant le retrait de l'ex-gouverneur général a vraisemblablement toutes les chances d'être adoptée mercredi.
«C'est quelqu'un qui a démontré son engagement envers le Canada et le travail qu'il a fait avec ce rapport est exceptionnel», a dit, au premier chef, le premier ministre Justin Trudeau à son arrivée à la Chambre des communes pour prendre part à la période des questions.
Plus tôt, le whip de son gouvernement, Steven MacKinnon, avait sans surprise confirmé que les libéraux s'opposaient à la motion mise de l'avant par les néo-démocrates à l'occasion de leur journée d'opposition.
«Il est certain que nous maintenons qu'il y a eu un examen de fait et nous allons évidemment approfondir les efforts en ce qui concerne l'ingérence étrangère», avait-il dit en mêlée de presse.
M. MacKinnon faisait référence au rapport préliminaire de M. Johnston tranchant en défaveur d'une commission d'enquête sur l'ingérence étrangère.
Pareille enquête, voulue par l'ensemble des partis d'opposition, est d'ailleurs à nouveau réclamée dans le texte de la motion qui était débattue mardi et qui fera l'objet d'un vote mercredi.
Une telle motion est non contraignante pour le gouvernement, comme une précédente motion du Nouveau Parti démocratique (NPD) adoptée par la Chambre en mars.
La différence, dans le contexte des dernières semaines, est que le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, fait maintenant la promotion de la nouvelle motion tout en ayant accepté de lire l'annexe confidentielle du rapport Johnston. Les libéraux ne peuvent donc pas l'accuser de refuser de prendre connaissance d'informations sensibles sous-tendant les conclusions du rapporteur spécial, comme ils le font face au refus des chefs conservateur et bloquiste, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet.
Questionné à savoir si cela change la donne, M. Trudeau a fermé la porte à déclencher une enquête de son propre chef.
«M Johnston a été très clair dans sa recommandation bien fondée», a-t-il réitéré.
M. Singh a néanmoins martelé qu'il croyait pouvoir convaincre les libéraux, avec lesquels son parti a une alliance, de changer leur fusil d'épaule.
«Les prochaines étapes, c'est de continuer de monter la pression», a-t-il répété à maintes reprises en point de presse.
Il a pris l'exemple du programme de soins dentaires dont un premier jalon a été lancé par les libéraux après avoir été inclus dans l'accord qui les lie au NPD.
«Tout le monde a dit: 'Même (si) vous avez une entente, vous n'allez pas réussir à livrer les soins dentaires` et on a réussi. (…) De la même façon, on va continuer de mettre de la pression, on va continuer de pousser, parce qu'on pense que c'est important de prendre au sérieux ces allégations (d'ingérence étrangère).»
Questionné à savoir pourquoi il ne se retirait pas de l'entente pour priver les libéraux, en situation de gouvernement minoritaire, d'un partenaire assuré, il est à nouveau revenu sur les soins dentaires, mais sous un angle tout autre.
«Ça va aider des millions de personnes. On va forcer ce gouvernement à mettre en place cette mesure. Je ne veux pas donner aux libéraux une excuse pour ne pas faire quelque chose sur lequel ils ont voté contre dans le passé», a-t-il dit.
Les bloquistes, qui appuieront la motion, préféreraient `assurément' que les néo-démocrates se retirent de leur entente, a soutenu M. Blanchet en mêlée de presse.
Le chef du Bloc québécois a souligné qu'il voyait d'un bon œil le fait que la motion demande à M. Johnston de se récuser sans que M. Trudeau n'ait nécessairement à lui montrer la porte. Selon M. Blanchet, il sera difficile pour l'ex-gouverneur général de faire fi d'un «ordre du Parlement».
À son avis, un vote du Parlement ne peut être vu comme étant symbolique «sauf lorsque l'enjeu n'est qu'un symbole». «Dans le cas présent, on a ce qui est sans équivoque l'enjeu le plus important de l'actualité et de l'histoire très récente du Québec et du Canada sur la table», a dit M. Blanchet.
Le bureau de M. Johnston n'a pas répondu mardi aux questions envoyées par La Presse Canadienne. Le principal intéressé a écrit, dans un texte publié vendredi sur le site web du Globe and Mail, qu'il ne se laisserait pas dissuader de compléter son mandat. C'était donc quelques jours avant le dépôt de la motion visant à demander son retrait.
Les conservateurs n'ont pas confirmé qu'ils appuieront les néo-démocrates. Une porte-parole de l'équipe de M. Poilievre n'a pas voulu le faire mardi. Il est toutefois plus que vraisemblable que les troupes de M. Poilievre voteront en faveur. En période des questions, ils ont utilisé leur temps de parole pour redemander au premier ministre Trudeau le congédiement du rapporteur spécial, en plus de l'exhorter à déclencher une commission d'enquête.