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Le Canada et les États-Unis ont évoqué publiquement, et travaillé discrètement à la modernisation du NORAD, que les états-majors et les élus des deux côtés de la frontière ont depuis longtemps reconnu comme un système très obsolète.
Les yeux du Canada et des États-Unis sont tournés avec méfiance vers le ciel, ces jours-ci, notamment grâce au système conjoint de défense continental qui est censé le surveiller pour eux.
Le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) semble avoir perdu la trace un certain temps de l'objet volant non identifié qui a finalement été abattu dimanche au-dessus du lac Huron.
Pour Jamil Jaffer, directeur du National Security Institute de l'Université George Mason, en Virginie, ce n'est là qu'un des exemples qui militent en faveur d'une modernisation du NORAD.
L'expert ne peut pas dire si les défis posés par la récente vague de «rencontres aériennes» représentent un manque de capacité, un manque d'attention, ou une combinaison des deux.
Trois objets distincts ont été abattus dans le ciel en autant de jours la semaine dernière. Il y a deux semaines, un «ballon de surveillance chinois», selon les responsables américains, a flotté au-dessus de l'Amérique du Nord avant d'être abattu au large de la Caroline, le 4 février.
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Les équipes de récupération américaines et canadiennes affrontent actuellement des conditions difficiles pour tenter de récupérer les débris dans trois secteurs difficilement accessibles: l'océan Arctique gelé, une région éloignée du Yukon et les profondeurs des Grands Lacs.
Les responsables militaires croient que l'objet abattu dimanche au-dessus du lac Huron avait été détecté pour la première fois samedi au-dessus du sud de l'Alberta, avant que les opérateurs radar ne perdent sa trace quelque part au-dessus du Montana.
«Cela seul, je pense, témoigne d'une lacune de collecte, d'ingestion ou d'analyse des données — ou de ces trois facteurs, estime le professeur Jaffer en entrevue. En conséquence, la modernisation du NORAD doit être en jeu, tout comme les capacités globales de collecte et d'identification des défenses conjointes américaines et canadiennes.»
Le Canada et les États-Unis ont évoqué publiquement, et travaillé discrètement à la modernisation du NORAD, que les états-majors et les élus des deux côtés de la frontière ont depuis longtemps reconnu comme un système très obsolète.
C'était une priorité vendredi dernier à Washington, lorsque la ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, et son homologue américain, Lloyd Austin, se sont rencontrés en personne au Pentagone – le jour même où des avions de chasse américains suivaient un objet volant au large de la côte nord de l'Alaska.
Mais ni M. Austin ni Mme Anand n'ont parlé publiquement de la façon dont ces initiatives de modernisation se déroulent. Ils n'ont pas précisé non plus si un NORAD nouveau et amélioré serait mieux équipé pour détecter les objets volants sans pilote qui se déplacent lentement et à haute altitude.
L'objet abattu au-dessus du Yukon semblait être un «petit ballon métallique» avec une charge utile attachée qui s'est aventurée près de «sites sensibles» aux États-Unis, a rapporté CNN lundi, citant une note du Pentagone envoyée à des élus du Congrès. Cette même note indique que l'objet du lac Huron «a lentement coulé» après avoir été abattu, selon CNN.
Toutes les preuves pointent vers un nouveau défi que ni les États-Unis ni le Canada ne sont suffisamment équipés à affronter, a déclaré le professeur Jaffer.
«Il ne fait aucun doute que nous devons vraiment faire un examen et comprendre ce qui se passe ici. Mais nos systèmes ne sont pas orientés – du moins, il semble – vers des ballons, et potentiellement des drones ou quoi que ce soit de ce genre.»
Un navire de la Garde côtière canadienne a été dépêché lundi pour participer aux recherches au lac Huron, avec une équipe de drones et des enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Des militaires des Forces armées canadiennes participent également aux recherches au Yukon, où les conditions météorologiques et le terrain difficile posent d'autres défis.
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L'Aviation royale canadienne a déployé un gros appareil Hercule CC-130H, deux Twin Otter CC-138, habitués aux opérations nordiques, un hélicoptère Cyclone CH-148 et un Cormorant CH-149 pour soutenir les efforts de récupération des débris, sur une superficie évaluée par les responsables à 3000 km carrés.
«C'est malheureusement un terrain très accidenté et montagneux, a précisé Sean McGillis, directeur de la gestion stratégique de la police fédérale à la GRC, qui dirige les deux opérations de recherche. Les conditions météo ne sont pas formidables. Il y a une très grosse couverture neigeuse dans la région. Donc, nos efforts vont être difficiles, exigeants— ça va prendre du temps.»
Le commandant du NORAD, le général américain Glen VanHerck, a confirmé dimanche soir que l'augmentation soudaine des observations s'explique en partie par le fait que le NORAD – un système conçu à l'origine pour repérer les avions et les missiles étrangers – s'est maintenant «recalibré» pour mieux détecter les objets plus petits et plus lents.
«Si des radars allumés en permanence observent quoi que ce soit à partir de la vitesse nulle jusqu'à, disons, 160 km/h, il y aura forcément beaucoup plus d'informations» sur les écrans, a expliqué le général VanHerck.
«Donc, avec quelques ajustements, nous pouvons maintenant obtenir une meilleure catégorisation des signaux radar. Et c'est pourquoi, je pense, on en voit davantage.»