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Alors que les hôpitaux du Québec croulent sous le nombre de patients atteints de la COVID-19, les hôtels «sont prêts à aider», déclarent plusieurs représentants du secteur.
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« Pendant le temps des Fêtes, le ministère de la Santé a demandé d’avoir des listes d’hôtels » qui voudraient bien accueillir des patients, a affirmé lundi le président-directeur général de l’Association des hôtels du Grand Montréal, Jean-Sébastien Boudreault, en entrevue téléphonique. Cet appel aurait été lancé entre Noël et le Jour de l’An.
Dans toute la province, c’est plus de 130 propriétaires d’hébergement touristique qui ont répondu présents, a ajouté la présidente-directrice générale de l’Association hôtellerie Québec, Véronyque Tremblay.
« Ils seraient vraiment très fiers, très contents de pouvoir contribuer et d’aider dans cette cinquième vague, qui n’est pas facile pour personne, a-t-elle dit. Ils n’attendent qu’un appel du ministère de la Santé, des CIUSSS ou des CISSS. »
En date de lundi, 2742 lits étaient occupés par des patients atteints de COVID-19 dans la province. Pourtant, la capacité du réseau n’est que de 2549 lits, même avec un niveau 4 de délestage.
La docteure Laurie Robichaud, vice-présidente de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, est aux premières loges de l’influx de patients à l’Hôpital général juif, où elle travaille.
Lors de l’un de ses derniers quarts, la semaine dernière, « il n’y avait plus de lits physiques dans l’urgence. À un certain moment donné, l’espace physique n’existe plus », a-t-elle dit. Selon elle, même si l’utilisation des hôtels n’est « pas idéale, c’est quand même plus idéal que d’engorger les corridors de patients COVID, au risque d’infecter encore plus de gens ».
Au ministère de la Santé, on indique par courriel que « l’utilisation d’hôtels a déjà débuté », et que « le type de soins offerts pourrait être d’intensité différente selon la vocation du site et des besoins de la région ».
Par exemple, dans la Capitale-Nationale, l’Hôtel Le Concorde est transformé de nouveau en centre de convalescence pour des patients porteurs du virus. Ceux-ci seront pris en charge sur place par du personnel médical.
Mais avec une pénurie de main-d’?uvre et des milliers de travailleurs de la santé sur le carreau à cause de la COVID-19, ce n’est pas seulement l’espace qui manque, mais aussi le personnel lui-même.
À cela, la Dre Robichaud a répondu que certains patients infectés n’ont pas besoin de toutes les ressources d’un hôpital. Certains, comme des personnes aînées autonomes et triplement vaccinées, deviennent juste un peu trop faibles pour être laissées à elles-mêmes. Dans ces cas, « aller à l’hôtel, où il y a peut-être un préposé aux bénéficiaires pour tout l’étage, qui peut amener un verre d’eau, aider à se déplacer à la salle de bain, ça peut faire toute une différence », a-t-elle fait valoir, proposant aussi d’y placer un médecin de garde en cas de besoin.
Les hôtels permettraient aussi d’isoler des gens asymptomatiques, notamment pour ne pas contaminer les résidences privées pour aînés, a dit Mme Tremblay, notant qu’« on ne veut pas répéter ce qui s’est passé malheureusement dans la première vague ». Elle a aussi cité le cas de patients non infectés en attente de chirurgie.
La Ville de Montréal a déjà établi un tel système pour des personnes itinérantes. En effet, un hôtel de la métropole a été choisi pour loger un maximum de 111 patients qui n’ont pas besoin de soins médicaux, mais qui n’ont nul endroit où s’isoler.
Interrogé sur la sécurité de tels arrangements, M. Boudreault a rappelé que « tout le personnel dans les hôtels est déjà formé » pour éviter la propagation, comme il n’est pas rare qu’un voyageur reçoive un résultat de test positif et doive faire sa quarantaine dans sa chambre. « C’est sûr qu’il y a des protocoles, la nourriture va devoir être amenée devant la chambre et non, on ne rentrera pas dans la chambre, il n’y aura pas de service de nettoyage. »
Si les hôtels peuvent aider à lutter contre la pandémie, « ce serait faire d’une pierre, deux coups », a-t-il plaidé.
Il a rappelé que l’industrie du tourisme est parmi les plus touchées par la crise et « souffre énormément ». « Si nous sommes capables de louer des chambres via le ministère », cela aiderait grandement les hôteliers, a-t-il dit.