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«Il s'agit d'un phénomène spectaculaire et incessant.»
La famille d'une femme abattue par un policier à Edmonton lors d'un contrôle de santé affirme que sa mort était inutile, car le nombre de fusillades policières à travers le Canada ne montre aucun signe de ralentissement au cours des quatre dernières années.
«Je considère la mort de ma fille comme le résultat d'une mauvaise utilisation des outils dont disposent les forces de l'ordre pour traiter les problèmes de santé mentale», a affirmé la famille de la femme, qui n'a pas été publiquement identifiée, dans un communiqué de leur avocat, Tom Engel.
La police d'Edmonton a déclaré que les agents avaient été appelés pour une vérification d'aide sociale plus tôt ce mois-ci. Il y avait des risques que la femme se blesse, alors les policiers sont entrés dans l'appartement. Il y a eu une confrontation et la femme a été abattue, selon le corps policier.
La famille dit que si l'approche de la police avait été progressive et douce, elle aurait compris la nature de la visite et elle serait toujours en vie.
Un décompte effectué par La Presse Canadienne révèle que la police a tiré sur 85 personnes au Canada entre le 1er janvier et le 15 décembre, et que 41 personnes ont été tuées. La Presse Canadienne s'est appuyée sur les informations disponibles auprès de la police et d'unités d'enquête indépendantes, ainsi que sur ses reportages.
Cette année, le nombre de fusillades policières a presque égalé le total de 2022, lorsque 94 personnes ont été touchées par balle, dont 50 mortellement. Il s'agit d'une augmentation significative par rapport à il y a quatre ans, où il y avait eu 61 fusillades, dont 38 mortelles.
Les conclusions montrent que davantage d'officiers tirent avec leurs armes depuis 2020, lorsque le meurtre très médiatisé de George Floyd à Minneapolis a stimulé des mouvements mondiaux appelant à la responsabilité et à la transparence de la police. Les criminologues affirment que les policiers ont besoin de plus de formation et de retenue, tandis que le syndicat de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) affirme que les policiers ont été contraints de se rendre en première ligne de la crise de santé mentale au Canada, et qu'ils sont confrontés à des situations de plus en plus dangereuses.
«Aucun policier avec qui j'ai eu affaire ne veut s'engager dans cette voie, soutient Brian Sauvé, président de la Fédération de la police nationale, qui représente environ 20 000 policiers à travers le Canada. Et chacun d'entre eux est profondément marqué par le fait qu'il a dû décharger son arme.»
Les policiers ont droit à la sécurité, indique M. Oriola, mais les fusillades policières au Canada sont en hausse depuis trop d'années. M. Oriola se dit particulièrement préoccupé par le nombre de fusillades en Alberta.
«Nous ne devrions pas être à la tête du pays en termes de fusillades policières», déclare-t-il.
Cette année, l'Alberta a connu 21 fusillades policières — un taux de 0,45 pour 100 000 habitants — soit une augmentation de 90 % par rapport à 2020, où il y en avait 11.
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Il y a eu 28 fusillades policières en Ontario — un taux de 0,18 pour 100 000 habitants — contre 23 l'année précédente. Il y en avait neuf au Québec.
Tout le Canada atlantique a été témoin de six fusillades policières, contre deux l'année précédente.
Il y a eu 17 fusillades en Colombie-Britannique, contre 24 en 2022. La Saskatchewan et le Manitoba ont également connu des baisses du nombre de fusillades.
Il y a eu au moins deux fusillades ce mois-ci qui ne sont pas incluses dans le décompte. Un homme a été tué dans la nation crie de Red Earth en Saskatchewan. Un homme a également été blessé lors d'une fusillade à Grande Prairie, en Alberta.
Les jeunes hommes continuent de constituer la majorité des personnes abattues par la police. La race a été identifiée dans 18 cas et plus de 60 % d'entre eux étaient des Autochtones, des Noirs ou d'autres personnes de couleur.
Les premiers appels au 911 concernaient principalement une arme, un véhicule volé ou une conduite erratique. Six impliquaient une fusillade active.
Dans près de 70 % des tirs policiers, la personne était armée. Dans 30 cas, il s'agissait d'une arme à feu ou d'une réplique d'arme à feu. Dans 20 cas, la personne était en possession d'un couteau ou d'une autre arme blanche.
M. Sauvé affirme que les fusillades policières au Canada restent rares par rapport à de nombreux autres pays, mais que les policiers rencontrent de plus en plus de personnes armées. Lorsqu'il y a des armes à feu ou des couteaux, dit-il, la police doit réagir différemment.
«Parfois, c'est Justin Bourque», dit M. Sauvé, faisant référence à l'homme qui a tué trois policiers de la GRC à Moncton en 2014.
Cette année, trois policiers ont été tués alors qu'ils tiraient sur quelqu'un. Un autre policier a été blessé par balle.
M. Sauvé indique que les interactions avec la police sont également devenues plus conflictuelles, car il y a eu une augmentation du «manque de respect général envers… toute personne en position d'autorité, qu'il s'agisse d'un agent des règlements qui donne une contravention de stationnement ou d'un agent de police qui tente d'apaiser et de désamorcer» une situation.
En raison des pressions exercées sur les programmes sociaux surchargés, M. Sauvé explique que l'on compte également sur les agents pour répondre aux crises de santé mentale et aux problèmes d'itinérance.
Six fusillades ont commencé par un appel concernant un trouble à l'ordre public, cinq par une personne indésirable et six autres par des contrôles de santé.
Les agents doivent prendre des décisions en une fraction de seconde, dit M. Sauvé, ajoutant qu'une fusillade moyenne se termine en moins de trois secondes.
Il soutient l'importance d'une formation supplémentaire, l'accès à des armes non mortelles et une meilleure technologie pour la police. Mais, ajoute M. Sauvé, les solutions à long terme résident dans une réponse sociétale à l'itinérance, aux toxicomanies et aux soins de santé.
M. Oriola affirme que des changements clairs pourraient être mis en place, mais que les services de police restent «incroyablement résistants au changement», même si les appels à la réforme se multiplient.
«Nous ne devrions pas avoir le même nombre de fusillades que nous connaissons actuellement, et certainement pas le degré de mortalité que nous constatons.»