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«C'était un homme incroyable.»
Le long adieu public de Jimmy Carter a commencé samedi dans le sud de la Géorgie, où la vie du 39e président des États-Unis a commencé il y a plus de 100 ans.
Les funérailles d'État de six jours sont destinées à mélanger les commémorations personnalisées avec le faste des cérémonies accordé aux anciens présidents. Jimmy Carter, le dirigeant américain ayant vécu le plus longtemps, est décédé le 29 décembre à l'âge de 100 ans.
«C'était un homme incroyable. Il était soutenu et apaisé par une femme incroyable», a déclaré son fils, James Earl «Chip» Carter III, aux personnes en deuil au Carter Center en fin d'après-midi samedi, faisant référence à son père et l'ancienne première dame Rosalynn Carter, décédée en 2023. «Tous deux ensemble ont changé le monde. Et c'était une chose incroyable à regarder de si près.»
«C’est incroyable tout ce qu’on peut accumuler en 100 ans», a témoigné son petit-fils Jason Carter, qui préside aujourd’hui le conseil d’administration du centre.
Les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de Jimmy Carter ont accompagné leur patriarche alors que son corbillard traversait samedi sa ville natale de Plains, qui compte environ 700 habitants et n’est pas beaucoup plus grande que lorsque M. Carter y est né le 1er octobre 1924. Le cortège s’est arrêté à la ferme où celui qui est devenu président travaillait aux côtés des métayers noirs qui étaient employés par son père. Le cortège a continué jusqu’à Atlanta, s’arrêtant devant le Capitole de la Géorgie, où Jimmy Carter a été sénateur d’État et gouverneur réformiste.
Il est finalement arrivé pour sa dernière visite au Carter Presidential Center, qui abrite sa bibliothèque présidentielle, et le Carter Center où il a fondé son action de défense de la santé publique, de la démocratie et des droits de l’homme après son passage à la Maison-Blanche, établissant une nouvelle norme pour ce que les anciens présidents peuvent accomplir après avoir cédé le pouvoir.
«Son esprit remplit cet endroit», a souligné Jason Carter à l’assemblée, qui comprenait certains des 3000 employés du centre dans le monde. «Vous continuez l’héritage vivant et vibrant de l’œuvre de toute une vie de mon grand-père», a-t-il ajouté.
Les porteurs du cercueil samedi provenaient des services secrets qui ont protégé les Carter pendant près d’un demi-siècle et d’une garde d’honneur militaire qui comprenait des membres de la marine pour le seul diplômé de l’Académie navale américaine à atteindre le Bureau ovale. Un orchestre militaire a joué «Hail to the Chief» et l’hymne «Be Thou My Vision» pour le commandant en chef, qui était également un fervent baptiste.
Son pasteur personnel de longue date, le révérend Tony Lowden, s’est souvenu non pas d’un président, mais de l’homme fragile qui a passé les 22 derniers mois en soins palliatifs, «enveloppé dans une couverture» qui comprenait les paroles du Psaume 23.
Chip Carter s’est souvenu du «patron» avec qui il a dû prendre rendez-vous pour le voir dans le Bureau ovale, mais aussi du père qui a passé toute une pause de Noël à apprendre le latin et à enseigner à son fils de 8e année qui avait échoué à un examen. Lorsqu’il a repassé cet examen, le jeune Carter a indiqué qu’il l’avait réussi avec brio. «Je le devais à mon père, qui a passé ce genre de temps avec moi.»
Jimmy Carter reposera au Carter Presidential Center de 19 h samedi à 6 h mardi matin. Le public pourra lui rendre hommage 24 heures sur 24. Les rites nationaux se poursuivront à Washington et se termineront jeudi par des funérailles à la cathédrale nationale de Washington, suivies d'un retour à Plains. Là, l'ancien président sera enterré aux côtés de sa femme de 77 ans près de la maison qu'ils ont construite avant sa première campagne sénatoriale en 1962.
Les Carter ont vécu presque toute leur vie à Plains, à l'exception de son service naval, de quatre ans dans la résidence du gouverneur et de quatre ans à la Maison-Blanche. Alors que son corbillard traversait la ville, des personnes en deuil bordaient la rue principale, certaines tenant des bouquets de fleurs et portant des broches avec des images de l'ancien président et son sourire caractéristique.
«Nous voulons lui rendre hommage», a déclaré Will Porter Shelbrock, 12 ans, né plus de 30 ans après que M. Carter ait quitté la Maison-Blanche en 1981. «Il était en avance sur son temps dans ce qu'il essayait de faire et d'accomplir.»
C'est le jeune Shelbrock qui a eu l'idée de faire le voyage de Gainesville, en Floride, à Plains avec sa grand-mère, Susan Cone, 66 ans, afin qu'ils puissent assister au début du dernier voyage de M. Carter. Il a dit qu'il admirait M. Carter pour son travail humanitaire de construction de maisons et de pacification, et pour avoir installé des panneaux solaires sur la Maison-Blanche.
Willie Browner, 75 ans, a souligné que Jimmy Carter est issu d’une époque révolue de la politique américaine.
«Cet homme pensait à plus que lui-même», a avancé M. Browner, qui a grandi dans la ville de Parrott, à environ 24 kilomètres de Plains. Il a soutenu que cela signifiait «beaucoup» d’avoir un président issu d’une petite ville du Sud, comme la sienne — quelque chose qui, selon lui, ne risque pas de se reproduire.
Jimmy Carter a participé à l’organisation de ses propres funérailles pour souligner que son ascension remarquable sur la scène internationale était due à ses profondes racines rurales, et non en dépit de celles-ci.
En quelques rues, le cortège est passé près de l’endroit où les Carter dirigeaient l’entrepôt d’arachides familial et de la petite maison où sa mère, infirmière, avait aidé à mettre au monde la future première dame en 1927. Le cortège est passé devant l’ancien dépôt de train qui a servi de quartier général à la campagne présidentielle de M. Carter en 1976.
À la ferme des Carter, quelques dizaines de gardes forestiers du National Park Service se sont mis en formation devant la maison, qui n’avait ni eau courante ni électricité lorsque Jimmy Carter était enfant. La vieille cloche de la ferme a sonné 39 fois pour honorer le 39e président.
À côté de la maison, il reste le court de tennis que le père de Jimmy Carter, James Earl Carter Sr, a construit pour la famille, un clin d’œil au mélange de privilèges et de vie rurale difficile qui a défini l’éducation du futur président. Jimmy Carter a travaillé la terre tout au long de la Grande Dépression, mais elle appartenait à son père, qui employait les fermiers noirs des environs pendant l’ère de la ségrégation Jim Crow.
Jimmy Carter a écrit et parlé abondamment de ces années de formation et de la façon dont la pauvreté abjecte et le racisme institutionnel qu’il a vus ont influencé ses politiques au sein du gouvernement et son travail en faveur des droits de l’homme.
Un ancien législateur de Géorgie, Calvin Smyre, s’est souvenu de cet héritage samedi au Capitole de l’État. M. Smyre, qui est noir, a souligné que le rejet de la ségrégation raciale par Jimmy Carter a permis aux Noirs d’exercer le pouvoir en Géorgie.
«Nous nous appuyons sur des personnes courageuses comme Jimmy Carter», a indiqué M. Smyre. «Ce qu’il a fait a choqué et ébranlé le terrain politique ici dans l’État de Géorgie. Et nous vivons mieux grâce à cela.»