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Ottawa dit avoir choisi un «modèle hybride» où ses employés devront être avec leurs collègues «au moins deux ou trois jours par semaine, ou de 40 % à 60 % de leur horaire normal».
Les 336 000 fonctionnaires fédéraux devront revenir travailler au bureau au moins deux jours par semaine, a annoncé jeudi le gouvernement fédéral, provoquant la «colère» du plus gros syndicat de la fonction publique au pays.
Plus précisément, Ottawa dit avoir choisi un «modèle hybride» où ses employés devront être avec leurs collègues «au moins deux ou trois jours par semaine, ou de 40 % à 60 % de leur horaire normal».
Ce modèle s'appliquera à toute l'administration publique centrale, mais Ottawa recommande «fortement» aux organismes distincts d'adopter une stratégie similaire.
«Le travail en personne favorise la collaboration, l’esprit d’équipe, l’innovation et une culture d’appartenance. Il aide les équipes à établir un lien de confiance et à apprendre les unes des autres», plaide le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada dans un document d'information.
Jusqu'à maintenant, les ministères prenaient leurs propres décisions concernant le télétravail et la formule «hybride» applicable — plusieurs optant d'ailleurs pour le télétravail.
La nouvelle directive entrera en vigueur le 16 janvier, mais les changements pourront se faire de façon «progressive» pourvu qu'ils soient complétés d'ici le 31 mars, précise Ottawa.
Le gouvernement a prévu une liste de situations qui permettront aux fonctionnaires d'être exemptés du travail en personne, notamment s'ils sont immunodéprimés, s'ils avaient une entente sur le télétravail avant le début de la pandémie ou s'il est démontré dans un «dossier d'analyse pertinent» qu'il y a une «augmentation mesurable» de leur efficacité lorsqu'ils ne sont pas au bureau.
Ottawa précise que des «exemptions exceptionnelles au cas par cas» qui seraient «d'une durée limitée ou plus longue» pourraient être accordées, par exemple dans les cas de maladie, pour un besoin opérationnel à court terme ou des circonstances atténuantes.
Cette annonce est bien mal reçue par l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) qui a fait du télétravail l'une des principales revendications dans la présente négociation pour le renouvellement des conventions collectives.
«Nous sommes en colère», lâche au bout du fil Yvon Barrière, le vice-président exécutif régional de l'AFPC pour le Québec. Il juge «tout à fait irrespectueux» que le Conseil du Trésor décide «d'imposer soudainement de façon arbitraire» le retour au travail «juste avant les Fêtes sans consulter les syndicats».
Pas moins de 165 000 membres de l'AFPC, qui relèvent du Conseil du Trésor ou d'un organisme fédéral distinct, sont concernés par cette ronde de négociation qui a débuté il y a plusieurs mois.
Le syndicat a accusé la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, de «briser sa parole» puisqu'elle aurait promis qu'il y aurait des négociations entourant un éventuel retour au bureau en personne.
Ça n'«aide pas à avoir confiance à la table de négociation», a dit M. Barrière en entrevue avec La Presse Canadienne, ajoutant qu'il y aura «tout à fait» des moyens de pression directement liés à cette annonce. «Déjà demain, le Conseil exécutif se rencontre pour établir un plan d'action pour répondre à Mme Fortier», a-t-il précisé.
Le télétravail est très populaire dans la fonction publique, à en croire un sondage mené vendredi dernier auprès de 3300 syndiqués de l'AFPC. Pas moins de 70 % d'entre eux ne veulent rien savoir d'un retour au bureau et 85 % seraient prêts à entamer des moyens de pression, a soutenu M. Barrière.
Il «ne pense pas» que le syndicat devra faire des concessions pour obtenir le télétravail. «Au contraire», a lancé M. Barrière. «On a prouvé qu'on pouvait améliorer le service, a-t-il déclaré. La plupart des ministères nous ont avoué bien candidement que pour eux autres c'était une amélioration au service à la clientèle.»
En septembre, le gouvernement fédéral a revu à la hausse ses offres, avec des augmentations proposées de 1,5 % la première année, 3 % la deuxième année, 2 % la troisième année et 1,75 % la quatrième année.