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Le ramadan est généralement une période joyeuse chez Reem Sultan, mais pas cette année.
Cette résidente de London, en Ontario, qui fait partie des centaines de milliers de Canadiens se préparant à marquer le mois le plus sacré du calendrier musulman lorsqu'il commence officiellement au coucher du soleil dimanche, a déclaré que la crise humanitaire et la violence qui se sont déroulées à Gaza au cours des cinq derniers mois pèsent lourdement sur ceux qui marquent l'occasion, de l'autre côté de l'océan.
Mme Sultan a expliqué que le mois de cette année, marqué par le jeûne, la prière et les réunions de famille de l'aube au crépuscule, sera très différent chez elle, alors qu'elle et ses proches sont aux prises avec les retombées continues de la guerre entre Israël et le Hamas.
«Ce n'est pas festif et nous ne pouvons pas être heureux. Nous ne pouvons pas être joyeux lorsque nous voyons nos proches, nos frères et sœurs dans la foi, être assassinés jour après jour», a-t-elle déploré dimanche dans une entrevue.
Mme Sultan a raconté qu'elle et sa communauté ressentaient du chagrin, de la colère et une profonde tristesse, alors que le nombre de morts à Gaza continue de grimper. Elle a perdu des proches à cause des violences et dit qu'elle reste rongée par la peur pour la sécurité de ses proches et de ses amis.
Les décorations et les lumières vives que Reem Sultan installe habituellement autour de sa maison resteront dans leur carton cette année, a-t-elle affirmé, et sa famille ne rompra pas le jeûne avec les desserts et friandises typiques qu'elle prépare habituellement.
«Nous avons eu une discussion en famille sur le fait que cette année, nous ne ferons pas la fête comme nous le faisons d'habitude, nous n'aurons ni les objets ou plats de fête que nous avons habituellement», a-t-elle déclaré.
Alors que Mme Sultan et sa famille s'inquiètent du sort des Gazaouis qui n'ont pas accès à la nourriture, elle réserve l'argent économisé sur les produits de fête et les décorations pour l'iftar, le repas traditionnel partagé après le jeûne, à envoyer à ses parents et amis à Gaza.
Pour la musulmane et sa famille, les prières de ce mois-ci seront axées sur la fin de la violence.
«Je peux vous dire que ce sera la prière numéro un de tous les musulmans du monde, ce sera de voir ces atrocités prendre fin et un cessez-le-feu, a-t-elle appuyé. Pas seulement à Gaza, mais partout dans le monde où l'on assiste à des crimes contre l'humanité et à l'oppression.»
Les festivités plus discrètes prévues pour la maison de Mme Sultan se déroulaient également dans le monde entier à l'approche du ramadan, qui voit ceux qui l'observent se passer de nourriture et d'eau du lever au coucher du soleil.
À la veille du mois sacré, la Vieille Ville de Jérusalem arborait peu de ses caractéristiques festives habituelles.
Près de la moitié des boutiques de cadeaux en forme de grotte étaient fermées derrière des volets métalliques. Les rues étroites qui mènent à la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l'Islam, étaient étrangement vides. Absentes les guirlandes lumineuses et les lanternes brillantes qui pendent habituellement au-dessus des fidèles pressés.
Alors que le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, estime le nombre de morts palestiniens dus à la guerre, qui entre dans ses six mois, à plus de 30 000 et que des centaines de milliers d'autres souffrent de la faim, les musulmans disent qu'il y a peu de place pour exprimer leur joie.
Gaza n'est pas le seul foyer de violence qui pèse sur les musulmans. La guerre continue également de faire rage au Soudan, malgré les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu pendant le ramadan. À Gaza, des efforts similaires, visant à négocier une pause dans les hostilités, ont semblé stagner au cours du week-end.
Mais toutes les festivités du ramadan n'ont pas été suspendues. Alors que Reem Sultan et sa famille se rongent les sangs pour les habitants de Gaza, elle a souligné qu'elles étaient émues de voir comment les musulmans marquent le mois sacré malgré la violence qui les entoure.
«D'après ce que j'entends de ma famille à Gaza, ce mois-ci leur apporte un espoir et une foi renouvelés», a-t-elle dit.
«Dans les moments les plus désespérés, ils décorent leurs rues, ils nettoient les rues du nord, d'où je viens, et ils se forcent à sentir que c'est le ramadan. Nous apprenons d'eux, de leur résilience et de leur persévérance, pour dire que nous sommes là et que nous sommes là pour de bon et que rien ne changera cela, c'est incroyable.»
Le premier ministre Justin Trudeau a souhaité aux Canadiens musulmans un Rrmadan béni et paisible dans un communiqué dimanche, affirmant que le mois sacré survient à un «moment particulièrement difficile» au milieu de la crise humanitaire actuelle.
«Le Canada réitère son appel en faveur d'un cessez-le-feu durable à Gaza et d'un accès sûr et sans entrave à l'aide humanitaire pour les civils», a écrit Justin Trudeau dans le communiqué.
Mme Sultan a argué que de telles déclarations équivalaient à des «paroles en l'air» et que le gouvernement devait faire davantage pour mettre fin à la violence et récupérer les Canadiens qui sont toujours coincés à Gaza.
Avec des archives de l'Associated Press.