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Selon l'enquête, 85% des personnes interrogées à la tête d'entreprises canadiennes révisent leurs stratégies d’affaires.
Un nouveau rapport révèle que de nombreuses têtes dirigeantes d’entreprises canadiennes s’inquiètent des incertitudes économiques liées à l’approche des élections américaines.
L’enquête menée par KPMG au Canada auprès de 735 petites et moyennes entreprises indique que 87 % d’entre elles craignent que l’économie canadienne ne devienne un «dommage collatéral» des politiques protectionnistes américaines qui mènent à des accords commerciaux moins favorables et à une augmentation des tarifs douaniers.
L’enquête indique qu’en raison de ces inquiétudes, 85 % des personnes interrogées à la tête d'entreprises canadiennes révisent leurs stratégies d’affaires pour se préparer à un changement de direction.
Dennis Darby a affirmé qu'il n'était pas surpris d'apprendre que les élections aux États-Unis sont une source d'inquiétudes pour un grand nombre d'entreprises.
«Elles essaient de se préparer à un changement», a déclaré M. Darby, président des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, lors d'une entrevue mardi.
«C'est en partie parce que toute mesure protectionniste potentielle que les États-Unis prennent (...) nuit aux fabricants canadiens et américains parce que nos chaînes d'approvisionnement sont intégrées», a-t-il rappelé.
Ces inquiétudes sont principalement ressenties par les grandes entreprises canadiennes et les secteurs fortement intégrés à l’économie américaine, comme la fabrication, l’automobile, le transport et l’entreposage, l’énergie et les ressources naturelles, ainsi que la technologie, les médias et les télécommunications.
M. Darby a évoqué la période où Donald Trump était président et avait imposé des tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium.
«Nous avons été les victimes collatérales parce que nous n'étions pas au centre des préoccupations», a-t-il souligné. Il a fallu des efforts de la part des secteurs manufacturiers des deux côtés de la frontière pour expliquer que les mesures pouvaient également nuire aux entreprises américaines.
M. Darby a souligné que si des tarifs douaniers étaient à nouveau imposés, le coût des exportations pour les entreprises américaines augmenterait, ce qui accentuerait les pressions inflationnistes au sud de la frontière.
«Cela commence à augmenter les coûts pour les fournisseurs aux États-Unis et cela exerce une pression accrue sur les fabricants canadiens et vice versa», a-t-il déclaré.
Les tarifs douaniers potentiels pourraient également exercer une pression sur les fabricants canadiens pour sécuriser les investissements et stabiliser la production, a ajouté M. Darby.
Les entreprises canadiennes sont aussi préoccupées par leur propre compétitivité, ressentant la pression des importantes politiques et réglementations fiscales du pays, a-t-il soutenu.
L'enquête a montré que près de neuf têtes dirigeantes sur dix conviennent que si les États-Unis introduisent d'importantes réductions d'impôt à l'avenir, les taux d'imposition des particuliers et des sociétés plus élevés du Canada et les politiques fiscales porteront gravement atteinte à leur compétitivité.
Une majorité a également convenu que les taux d'imposition du revenu des particuliers au Canada nuisent à la concurrence par rapport aux autres économies avancées, ce qui rend plus difficile le recrutement de travailleurs, selon le rapport.
L'enquête concorde avec un rapport de la Chambre de commerce du Canada publié plus tôt ce mois-ci, qui a lancé un avertissement sévère sur les graves conséquences économiques des politiques protectionnistes.
Selon le rapport rédigé par Trevor Tombe, professeur d’économie à l’Université de Calgary, si la plupart des Canadiens reconnaissent l’importance du commerce avec les États-Unis, les Américains n’ont pas la même compréhension de la complexité des liens entre les deux pays.
Selon M. Darby, il incombera au gouvernement canadien de rappeler au nouveau gouvernement américain la relation commerciale, la prospérité partagée et «le fait que nous sommes les plus gros clients l’un de l’autre».
Il a ajouté que les fabricants de petite et moyenne taille devront travailler sans relâche pour demeurer compétitifs dans leur chaîne d’approvisionnement, même s’ils ont du mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée.
Shaira Nanji, associée en fiscalité chez KPMG Law, a affirmé que la perspective de changements dans les politiques économiques et commerciales aux États-Unis signifie que certaines entreprises canadiennes devront chercher des moyens d’atténuer les coûts supplémentaires et de tirer parti des éventuelles dispositions d’allègement commercial pour rester compétitives.
Les deux candidats à la présidence ont fait campagne sur des politiques protectionnistes qui pourraient entraîner une incertitude pour le commerce canadien, et la personne qui occupera la Maison-Blanche sera aux commandes lors de la révision de l'accord Canada-États-Unis-Mexique en 2026.