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Les enfants des pensionnats qui ne sont jamais revenus dans leurs communautés ont été choisis dans le sondage annuel de La Presse canadienne.
Leur mémoire a été honorée avec des milliers de petites chaussures alignées devant les églises et les édifices gouvernementaux à travers le pays à la suite de la découverte troublante de tombes anonymes sur le site d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique.
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Les enfants des pensionnats qui ne sont jamais revenus dans leurs communautés ont été choisis dans le sondage annuel de La Presse canadienne auprès de directeurs et de directrices de salles de nouvelles à travers le pays en tant que personnalité de l’année.
« Les gens ont songé à leurs propres enfants et à leurs propres petits-enfants », a déclaré Murray Sinclair, sénateur à la retraite et président de la Commission de vérité et réconciliation, qui a entendu des survivants des pensionnats et leurs familles parler du traumatisme durable subi par des générations d’Autochtones.
« Ils se sont demandé: “Pourquoi est-ce arrivé ?” et “Et si c’était mes enfants ?” »
Les enfants autochtones ont été le choix de 56 têtes dirigeantes de salles de nouvelles sur les 88 sondées. Les travailleurs et travailleuses de la santé, qui ont continué à fournir des soins de première ligne malgré les pénuries de main-d’œuvre et les pressions liées à la pandémie de COVID-19, se sont classés deuxièmes avec 14 voix. Michael Kovrig et Michael Spavor, deux Canadiens libérés après près de trois ans dans une prison chinoise, sont arrivés en troisième position avec neuf voix.
La personnalité de l’année selon le sondage de La Presse canadienne est généralement un individu. L’ancien premier ministre Pierre Trudeau a été nommé personnalité de l’année à neuf reprises à la fin des années 1960 et dans les années 1970. À l’occasion, cependant, des groupes d’individus ont été sélectionnés _ les travailleurs et travailleuses de santé de première ligne en 2020, l’équipe de hockey des Broncos de Humboldt en 2018, les soldats canadiens en 2006. La découverte de tombes anonymes d’enfants autochtones a également été sélectionnée par les directeurs et directrices de salles de nouvelles comme la nouvelle de l’année dans le même sondage de La Presse canadienne.
« Pour la résonance qu’a eue la question des restes d’enfants sur la scène canadienne, d’un océan à l’autre, mais aussi internationale », a souligné Jonathan Trudel, rédacteur en chef de l’Information à Radio-Canada.
Les Canadiens ont été confrontés à un versant sombre et tragique de l’histoire du pays en mai lorsque la nation Tk'emlups te Secwepemc a révélé qu’un radar à pénétration de sol avait détecté ce que l’on croyait être les restes de 215 enfants autochtones sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique.
La colère et le chagrin se sont répandus dans tout le pays. Il y avait des rassemblements et des cérémonies. Des statues de personnages considérés comme représentant les forces coloniales responsables de l’histoire des pensionnats ont été déboulonnées.
« Il est extrêmement rare qu’une nouvelle, de quelque nature qu’elle soit, provoque une onde de choc aussi vaste et profonde dans une société. Notre regard sur le passé, sur les injustices qu’ont subies, et que continuent de subir, les peuples autochtones ne sera plus jamais le même », souligne François Richard, rédacteur en chef du Service français de La Presse canadienne.
Dans les mois qui ont suivi, d’autres tombes non marquées ont été découvertes sur d’autres sites d’anciens pensionnats. Les gouvernements ont promis de l’argent pour trouver et commémorer davantage de tombes et le pays a célébré sa première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en septembre.
On estime que 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats pendant un siècle. La Commission de vérité et réconciliation a détaillé les mauvais traitements dans les pensionnats, y compris les abus émotionnels, physiques et sexuels infligés aux enfants. Son rapport final faisait état d’au moins 4100 décès et un nombre inconnu de tombes anonymes.
M. Sinclair a souligné que de nombreux Canadiens étaient conscients sur le plan intellectuel de ce qui se passait dans les pensionnats. Mais, a-t-il dit, les tombes anonymes « l’ont ramené au cœur ».
Il a indiqué que des survivants des pensionnats lui ont dit qu’ils avaient l’impression que les histoires qu’ils avaient racontées toute leur vie avaient été entendues et, enfin, crues.
M. Sinclair a déclaré que la découverte a eu un effet substantiel sur le discours sur les questions autochtones et change la façon dont les gens comprennent l’histoire du Canada. Beaucoup se demandent ce que les tombes disent de nous en tant que société et comment les peuples autochtones sont traités maintenant, a-t-il ajouté.
« Qu’est-ce que cela dit à propos de nous aujourd’hui que nous considérons toujours cela comme un enjeu autochtone, et non comme un enjeu non autochtone ? », a dit M. Sinclair.
Ces enfants qui ne sont jamais revenus dans leurs communautés ont remué le pays d’une manière jamais vue auparavant, a déclaré Stephanie Scott, directrice générale du Centre national pour la vérité et la réconciliation à Winnipeg. Cet impact doit maintenant se transformer en action, a-t-elle insisté.
« L’horrible vérité d’un génocide des peuples autochtones dans ce pays continuera d’être révélée pendant de très nombreuses années », a affirmé Mme Scott dans une déclaration écrite.
« J’espère que nous obtiendrons un jour justice pour tous nos enfants afin d’avancer vers la réconciliation », a-t-elle ajouté.