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Les deux partis étaient au coude à coude.
Le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique sont au coude à coude dans les résultats préliminaires du dépouillement à la fois dans la circonscription de LaSalle—Émard—Verdun, à Montréal.
Alors que 95 bureaux sur 187 avaient été dépouillés, le Bloc menait avec 27,7 % des votes, le NPD suivait tout juste derrière avec 27,6 % et la candidate libérale en avait 26,8%.
Dans le bar où sont rassemblés des militants néodémocrates, les cris de joie ont fusé au début de la soirée dès l'annonce des premiers résultats qui donnaient leur parti en avance dans la circonscription montréalaise, un bastion libéral depuis sa création.
«Une victoire comme ça, ça fait du bien parce que ça donne un élan qu'on n'a pas vraiment», admet candidement Jean-François Filion, un militant du NPD, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Une victoire dans cette circonscription signifierait que les néodémocrates doubleraient leur nombre de députés au Québec. Ce ne serait «que le début», ajoute Phoebe Qiao, assise à une table du bar.
Dans la circonscription manitobaine où le décompte de 65 des 191 boîtes de scrutin était terminé, le NPD avait 48,6 % des votes et le Parti conservateur 43,6 %.
À quelques minutes du rassemblement du NPD, sur la rue Wellington, Sarah Plante, 21 ans, s'apprêtait à prendre part à la soirée électorale du Bloc québécois.
«Je me sens confiante qu'on peut l'avoir cette fois-ci», a-t-elle affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne. Une victoire prouverait que le Bloc a «sa place» à Montréal, lui qui n'y détient qu'une seule autre circonscription. Cela enverrait aussi «un message fort au gouvernement».
Les bénévoles libéraux se sont donné rendez-vous au Dilallo Burger, une institution de Ville-Émard datant de 1929.
«Ce sera serré», admet Liam Olsen, un bénévole croisé sur le trottoir. Il a fait la route depuis Ottawa pour prêter main-forte à sa formation politique. «Des choses imprévisibles peuvent se produire, a-t-il poursuivi. Mais il y a définitivement de bonnes ondes aux portes aujourd'hui.»
La circonscription montréalaise sera probablement la plus suivie puisque s'y déroule une course à trois. Le Parti libéral du Canada travaille à conserver le siège. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois tentent quant à eux de se positionner comme la meilleure alternative aux libéraux.
L’élection partielle fait suite à la démission de l’ancien député et ministre David Lametti, qui occupait ce poste depuis 2015.
Lors des dernières élections générales, en 2021, M. Lametti avait été réélu avec 42,9 % des voix, terminant loin devant ses adversaires. Le candidat bloquiste avait recueilli 22,1 % des suffrages, celui du NPD était arrivé troisième (19,4 %) et le conservateur en avait obtenu 7,5 %.
Dans cette course, les libéraux de Justin Trudeau sont ceux qui ont présentement «le plus à perdre», a expliqué Daniel Béland, professeur de science politique à l'Université McGill.
Selon lui, une défaite serait pour eux «une mauvaise nouvelle majeure» qui s'ajoute aux sondages qui les placent loin derrière les conservateurs depuis plus d'un an, si bien que ça exacerberait les discussions sur l'avenir politique de leur chef. Même une mince victoire démontrerait qu'ils ont perdu de l'élan.
Lors de la défaite en juin dans le bastion de Toronto–St. Paul's, des libéraux avaient d'ailleurs pris la parole publiquement pour demander à M. Trudeau de céder sa place comme chef de leur formation.
Et dans la liste des malheurs, tous ne sont pas égaux. «Le pire scénario pour les libéraux, c'est si ça passe au bleu parce que leur ennemi principal au Québec c'est le Bloc, et donc c'est là la menace principale», a-t-il analysé en entrevue avec La Presse Canadienne.
Une victoire du Bloc motiverait les troupes d'Yves-François Blanchet et signalerait qu'ils peuvent faire des gains sur l'île de Montréal où ils ne détiennent actuellement qu'une circonscription, La Pointe-de-l'Île.
Pour ce qui est du NPD, «ça leur donnerait plus d'espoir par rapport au Québec, mais aussi ça enverrait un message ailleurs au pays aux partisans du NPD qu’il y a quand même possibilité de croissance, même à des endroits où le NPD (...) était en déclin», a déclaré le professeur Béland.
À Winnipeg, dans la circonscription d'Elmwood—Transcona, il s'agit plutôt d'une course à deux entre les néodémocrates, qui y régnaient, et les conservateurs qui tentent de leur arracher la couronne.
«Là, le test c'est pour le NPD, tranche M. Béland. Est-ce que le NPD est capable de conserver un siège qui normalement leur reviendrait? Quand même, c’est orange!»
Lors des dernières élections générales, le candidat du NPD, Daniel Blaikie, s'était facilement fait réélire en raflant 49,7 % des votes. La candidate conservatrice avait terminé deuxième, mais loin dernière, avec 28,1 % des suffrages.
Depuis, les intentions de vote à l'échelle nationale sont désastreuses pour les néodémocrates. Non seulement ils perdraient vraisemblablement des sièges si des élections avaient lieu cet automne, mais également la balance du pouvoir advenant que les conservateurs forment un gouvernement majoritaire.
Élections Canada dit avoir un plan pour que le dépouillement se fasse rondement lundi soir dans LaSalle—Émard—Verdun, à Montréal, où pas moins de 91 candidats sont en lice.
Le décompte des votes devrait être complété «le soir du scrutin», mais «pas nécessairement avant minuit», a indiqué un porte-parole d'Élections Canada, Matthew McKenna, à La Presse Canadienne.
L'organisme fédéral dit avoir tiré des leçons de l'élection partielle dans Toronto-St. Paul’s il y a quelques mois où une situation semblable s'était produite et qui n'a permis de connaître le vainqueur qu'au petit matin.
Le dépouillement des votes par anticipation a d'ailleurs débuté dès 17 h 30, heure locale.
Parmi les autres mesures prises pour éviter les retards, Élections Canada a embauché des travailleurs électoraux supplémentaires pour effectuer et superviser les décomptes en soirée, que des employés normalement au quartier général de l'organisation seront présents en soutien dans la circonscription et pour régler des imprévus, et que des tests supplémentaires des systèmes ont été effectués.
Le bulletin de vote dans LaSalle—Émard—Verdun – le plus long de toute l’histoire des élections au fédéral – est attribuable au fait que des indépendants ont présenté des candidatures bidon pour s’opposer au mode de scrutin uninominal à un tour.