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Le député fédéral a démissionné mercredi soir du caucus libéral, au milieu de ce qu'il considère être de fausses allégations d'ingérence de la Chine.
Dans la circonscription torontoise du député fédéral Han Dong, vendredi, des résidents exprimaient l'espoir que toute la lumière soit faite sur l'ingérence présumée de la Chine dans les élections canadiennes. Mais en attendant, ils se gardaient en général de condamner leur nouveau député indépendant, qui jouit de la présomption d'innocence.
M. Dong a démissionné mercredi soir du caucus libéral, au milieu de ce qu'il considère être de fausses allégations. Selon un reportage de Global News, il aurait conseillé un diplomate chinois sur ce que le gouvernement considérait comme un dossier hautement prioritaire: la détention arbitraire de deux Canadiens en Chine — «les deux Michael».
Joanna Leung, 40 ans, mère de deux enfants, qui vit dans la circonscription de M. Dong, dans le nord-est de Toronto, a déclaré vendredi qu'elle avait des «sentiments partagés» à propos de toute cette affaire.
Mme Leung, qui est née en Chine, a expliqué que l'une des raisons pour lesquelles sa famille avait déménagé de Hong Kong en Ontario, dans les années 1990 – avant que Pékin ne reprenne le contrôle de la colonie britannique en 1997 – était le peu de confiance qu'ils accordaient au Parti communiste chinois.
«J'ai déjà été témoin de la façon dont le gouvernement chinois influence les gens, donc s'il y a une influence chinoise sur les politiciens canadiens, ce sera très préoccupant pour ma famille», a-t-elle soutenu. Elle a également souligné qu'il serait «alarmant» qu'un député soit déloyal envers le Canada.
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Mais il ne faut pas non plus lier tous les Chinois au gouvernement de Pékin, ajoute-t-elle. «J'ai des sentiments négatifs envers le gouvernement communiste, pas contre le peuple chinois. Ce sont deux choses très distinctes et j'espère que nous pourrons régler cela, être très clairs et ne pas contribuer à davantage de préjugés contre le peuple chinois.
«Ce que je ne veux pas voir, c'est un préjugé contre certaines communautés simplement en raison de leur origine ethnique. Cela va à l'encontre des valeurs que nous défendons au Canada», a déclaré Mme Leung, une gestionnaire de projet.
Global News a cité mercredi des sources de sécurité anonymes qui ont soutenu que le député Dong avait parlé de Michael Spavor et Michael Kovrig avec un diplomate chinois à Toronto en février 2021.
À l'époque, les deux Canadiens étaient détenus en Chine depuis un peu plus de deux ans, en représailles apparentes à l'arrestation en décembre 2018 de la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou à Vancouver, en vertu d'un mandat d'extradition américain.
Pékin, qui a nié les allégations d'ingérence, a rejeté tout lien entre les «deux Michael» et Mme Meng, malgré un alignement parfait dans la chronologie des événements — le moment où chacun a été détenu, en décembre 2018, puis libéré, en septembre 2021.
Selon Global News, M. Dong aurait dit au consul général de Chine à Toronto que la libération des «deux Michael» profiterait aux conservateurs, mais que démontrer certains «progrès» dans l'affaire aiderait les libéraux. La Presse Canadienne n'a pas pu vérifier de manière indépendante les allégations de ces sources anonymes.
Le député Dong a convenu qu'il avait rencontré le diplomate chinois, mais il rejette toute suggestion selon laquelle il aurait exhorté Pékin à retarder la libération des deux Canadiens. Au bord des larmes, il a déclaré en Chambre mercredi soir qu'il se défendrait «contre ces affirmations absolument fausses» et il a assuré qu'il n'avait jamais rien fait pour causer du tort à MM. Spavor et Kovrig.
Le consulat chinois de Toronto a qualifié ces allégations de «parfaitement infondées». Sans donner de détails sur cette rencontre avec M. Dong en février 2021, le consulat a déclaré que son personnel «ne s'était jamais engagé» à enfreindre le protocole diplomatique.
M. Dong a voté jeudi avec les partis d'opposition en faveur d'une motion qui réclame une enquête publique sur toutes les allégations d'ingérence étrangère.
Anne Abeyesekera travaille en face du bureau de circonscription de M. Dong, dans cette circonscription de Don Valley North — où les portes étaient verrouillées vendredi. Elle soutient qu'elle prend cette affaire au sérieux, mais ajoute que les allégations «doivent être prouvées» avant de jeter la pierre. «Tout le monde a le droit d'être traité de façon juste et équitable.»
Rahim Khan, courtier hypothécaire dans le secteur, réserve lui aussi son jugement jusqu'à ce qu'il ait plus de détails, tout en convenant que les allégations sont très graves. «Mettre la sécurité de tout un pays et des deux Michael (en danger) c'est extrêmement grave. J'ai été très surpris quand j'ai entendu ça, mais je ne veux pas me précipiter pour juger quelqu'un.»
Mir Ali Asgary, un autre courtier du secteur, met ces allégations contre M. Dong avec toutes ses frustrations envers le gouvernement Trudeau en général.
«Je suis sceptique quant aux dirigeants actuels et je n'ai certainement aucune confiance en eux», a-t-il lâché en entrevue dans son bureau.
L'ancien gouverneur général David Johnston a été nommé par le premier ministre «rapporteur spécial», afin de déterminer si une enquête publique sur l'ingérence étrangère est nécessaire. Il a jusqu'au 23 mai pour formuler ses recommandations, bien qu'il ait obtenu un mandat jusqu'en octobre pour terminer son enquête plus large sur l'ingérence étrangère.