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Les «Trois Amigos» se réunissent à Mexico. Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador est l’hôte de son homologue des États-Unis, Joe Biden, et du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
Les dirigeants des trois gouvernements de l’Amérique du Nord, les disant «Trois Amigos», sont arrivés lundi à Mexico, alors que le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador est l'hôte de son homologue des États-Unis, Joe Biden, et du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
L'avion transportant le premier ministre Trudeau et son épouse s'est envolé vers 10h00 de l'Aéroport international Macdonald-Cartier d'Ottawa et s'est posé vers 14h40 à l'Aéroport international Felipe Angeles de Mexico.
Le premier ministre a meublé sa première journée au sommet avec des rencontres en compagnie de plusieurs diplomates, dirigeants gouvernementaux et chefs d'entreprises de tout le continent.
Il a notamment rappelé que le continent nord-américain avait presque perdu son accord de libre-échange lorsque l'ALENA est venu à terme, en 2019. Cette entente a finalement été remplacée, l'année suivante, par l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, négocié au cours du passage à la présidence américaine de Donald Trump.
«Nous travaillons entre amis maintenant… nous avons presque perdu l'ALENA», a mentionné M. Trudeau, avant de remercier les différents intervenants pour le rôle qu'ils ont joué dans la négociation du nouvel accord.
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«Le gouvernement mexicain, notre gouvernement canadien et moi avons travaillé très fort pour faire comprendre à l'administration américaine de l'époque à quel point les échanges commerciaux entre alliés et un accord commercial fiable en Amérique du Nord étaient importants pour créer des opportunités», a souligné M. Trudeau.
De son côté, le président Biden a participé à une rencontre privée avec M. Lopez Obrador, son homologue mexicain. M. Biden était fraîchement sorti de sa première visite présidentielle à la frontière américano-mexicaine, où la tension politique est vive en raison de la migration irrégulière.
M. Trudeau aura droit à son propre tête-à-tête avec M. Biden mardi, tout juste avant le début des activités officielles du sommet.
«Le potentiel de ce sommet pour l'Amérique du Nord est immense», selon l'ancien responsable de la Maison-Blanche de l'ère Clinton qui dirige maintenant le bureau de Washington du Conseil des Amériques et de la Société des Amériques, Eric Farnsworth.
M. Farnsworth croit qu'une perspective continentale sera essentielle pour faire des progrès substantiels sur des questions telles que les chaînes d'approvisionnement, l'influence de la Chine, la pénurie de main-d'œuvre au lendemain de la pandémie de COVID-19.
«Nous espérons que les dirigeants, lorsqu'ils se réuniront pour discuter de certaines de ces questions, garderont à l'esprit la vision fondamentale de ce que l'Amérique du Nord pourrait vraiment être», a-t-il dit lors d'une table ronde vendredi dernier.
«Nous ne pouvons pas faire ces choses sans nos partenaires au Canada et au Mexique; c'est juste fondamental pour notre propre bien-être. Et cela doit donc être le message sous-jacent des dirigeants lorsqu'ils se réunissent.»
«C'est une réunion trilatérale, mais de nombreux points bilatéraux sont également abordés lors de ces réunions», a quant à lui mentionné Gary Doer, qui a été ambassadeur du Canada aux États-Unis de 2009 à 2016.
Le premier ministre canadien de l'époque, Stephen Harper, a tenu plusieurs rencontres en tête-à-tête avec son homologue américain Barack Obama la dernière fois que le sommet a eu lieu au Mexique en 2014, de rappeler M. Doer.
Avec les fabricants canadiens et mexicains ajoutés à la 11e heure au plan du président Biden visant à encourager la vente de véhicules électriques respectueux du climat, il y aura de la place pour parler d'irritants plus familiers comme les différends commerciaux et le protectionnisme américain.
Sur ces fronts, les points de discussion ne manqueront pas.
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Les États-Unis soutiennent que le marché canadien des produits laitiers soumis à la gestion de l'offre prive les producteurs américains d'un accès équitable aux clients au nord de la frontière. Washington affirme aussi que le Mexique favorise injustement les fournisseurs d'énergie nationaux.
Pour leur part, le Mexique et le Canada reprochent aux États-Unis de ne pas jouer équitablement en ce qui concerne la façon dont ils définissent le contenu étranger dans leurs chaînes d'approvisionnement automobiles.
Le Mexique subit également des pressions pour s'entendre avec les États-Unis sur le projet du président Lopez Obrador d'interdire les importations de maïs génétiquement modifié et de l'herbicide glyphosate, un décret qui a provoqué la colère des agriculteurs américains.
Ensuite, il y a la politique «Les États-Unis d'abord», qui consiste à préférer les fournisseurs américains nationaux à ceux des alliés voisins.
Le Canada a peut-être évité la catastrophe lorsque les crédits d'impôt pour véhicules électriques du président Biden ont été modifiés l'année dernière pour inclure les fabricants nord-américains, mais le président Biden manque rarement une occasion de vanter les chaînes d'approvisionnement des États-Unis.
Et les incitations à l'énergie verte actuellement en place aux États-Unis posent toujours des défis au Canada, d'après Louise Blais, une diplomate canadienne à la retraite qui a été ambassadrice à l'ONU et consule générale à Atlanta.
«Je m'attends à ce que le président mexicain et le premier ministre canadien soulèvent cette question avec le président Biden pour dire que nous devons avoir une approche plus continentale pour certaines de ces politiques. Il est dans l'intérêt des États-Unis de mettre en place ces mesures afin qu'elles stimulent vraiment la prospérité à travers leur propre pays», selon Mme Blais.
En tant que pays qui n'est pas à l'abri des influences de la migration irrégulière et du flux de fentanyl à la frontière américano-mexicaine, le Canada devra également faire partie de cette conversation, qui devrait largement dominer l'ordre du jour.
Les autorités des douanes et de la protection des frontières des États-Unis ont signalé près de 2,4 millions d'expulsions et d'arrestations à la frontière sud ou à proximité au cours du dernier exercice, soit une augmentation de 37% par rapport à l'exercice précédent. Il y aurait une augmentation post-pandémique de la migration irrégulière dans les deux sens à la frontière nord.
La visite de M. Biden à la frontière sud, dimanche, a fait suite à une nouvelle répression contre les migrants illégaux de Cuba, d'Haïti et du Nicaragua, en plus des restrictions existantes contre les migrants vénézuéliens.
Les États-Unis prévoient d'accueillir 30 000 nouveaux immigrants par mois de ces quatre pays au cours des deux prochaines années, à condition qu'ils soient éligibles pour travailler et entrer légalement dans le pays.
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Brian Nichols, secrétaire d'État adjoint américain aux affaires de l'hémisphère occidental, a clairement indiqué lors d'une table ronde au Wilson Center vendredi que les liens uniques de son pays avec le Canada ne seront pas perdus au Mexique.
«C'est une conversation familiale d'une manière que vous n'avez souvent pas avec d'autres nations, selon Brian Nichols. La bonne volonté de faire avancer notre avenir commun dans ces conversations est quelque chose qui ressort vraiment.»
Le Canada, cependant, ne veut pas être assimilé au Mexique en ce qui concerne ses relations avec les États-Unis, signale Scotty Greenwood, directeur général du Canadian American Business Council. «Il veut avoir sa propre relation unique avec les États-Unis, alors, nous verrons comment le Canada se comportera face à l'idée nord-américaine.»
Le président Biden n'a pas encore visité le Canada en personne depuis son entrée en fonction -- une tradition bilatérale de longue date qui survient généralement peu de temps après une investiture présidentielle, mais qui a été court-circuitée en 2021 par la pandémie.
Les réunions de cette semaine au Mexique pourraient fournir une nouvelle indication sur le moment où le voyage promis depuis longtemps par M. Biden au Canada, confirmé au cours de l'été, mais interrompu à nouveau lorsque le président lui-même a été déclaré positif à la COVID-19, pourrait enfin avoir lieu.