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Butch Wilmore et Suni Williams reviendront à bord d'un vaisseau de SpaceX.
La NASA décide de garder deux astronautes dans l'espace jusqu'en février, mais refuse de les ramener sur la capsule Boeing en difficulté
La NASA a décidé samedi qu'il était trop risqué de ramener deux astronautes sur Terre dans la nouvelle capsule en difficulté de Boeing, et qu'ils devront attendre l'année prochaine pour un retour à la maison avec SpaceX. Ce qui aurait dû être un vol d'essai d'une semaine pour le duo durera désormais plus de huit mois.
Les pilotes chevronnés sont bloqués à la Station spatiale internationale depuis le début du mois de juin. ne cascade de pannes de propulseurs et de fuites d'hélium dans la nouvelle capsule a gâché leur voyage vers la station spatiale, et ils se sont retrouvés en attente pendant que les ingénieurs effectuaient des tests et débattaient de ce qu'il fallait faire pour le voyage de retour.
Après presque trois mois, la décision est finalement tombée des plus hauts gradés de la NASA samedi. Butch Wilmore et Suni Williams reviendront dans un vaisseau spatial SpaceX en février. Leur capsule vide Starliner se désarrimera dans une semaine ou deux et tentera de revenir en pilotage automatique.
En tant que pilotes d’essai de Starliner, les deux astronautes auraient dû superviser cette dernière étape primordiale du voyage, avec un atterrissage dans le désert américain.
C'est un coup dur pour Boeing, qui s’ajoute aux inquiétudes de sécurité qui tourmentent l’entreprise du côté des avions. Boeing avait compté sur le premier voyage de l’équipage de Starliner pour relancer le programme en difficulté après des années de retards et de coûts grimpant en flèche. L’entreprise avait insisté sur le fait que Starliner était sûr sur la base de tous les récents tests de propulseurs dans l’espace et au sol.
Capitaines de la marine à la retraite ayant déjà une expérience de vol spatial de longue durée, M. Wilmore, 61 ans, et Mme Williams, 58 ans, s’attendaient à des surprises lorsqu’ils ont accepté la croisière de mise au point d’un nouveau vaisseau spatial, mais pas tout à fait à ce point.
Avant leur lancement du 5 juin depuis Cap Canaveral, en Floride, ils ont déclaré que leurs familles avaient adhéré à l’incertitude et au stress de leur carrière professionnelle il y a des décennies. Lors de leur conférence de presse orbitale le mois dernier, ils ont assuré qu'ils avaient confiance dans les tests de propulseurs en cours. Ils ont ajouté qu'ils n'avaient aucune plainte à formuler et qu'ils étaient ravis de participer aux travaux de la station spatiale.
L'épouse de M. Wilmore, Deanna, s'est montrée tout aussi stoïque lors d'une entrevue accordée plus tôt ce mois-ci à WVLT-TV à Knoxville, dans le Tennessee, leur État d'origine. Elle se préparait déjà à un report jusqu'en février prochain: «Il faut juste faire avec.»
La capsule SpaceX actuellement stationnée à la station spatiale est réservée aux quatre résidents qui y sont depuis mars. Ils reviendront fin septembre, leur séjour étant prolongé d'un mois par le dilemme du Starliner. La NASA a précisé qu'il serait dangereux d'y entasser deux autres personnes, sauf en cas d'urgence.
La capsule russe Soyouz amarrée est encore plus compacte, ne pouvant transporter que trois personnes — deux d'entre elles étant des Russes terminant un séjour d'un an.
Alors M. Wilmore et Mme Williams attendront le prochain vol taxi de SpaceX. Il doit être lancé fin septembre avec deux astronautes au lieu des quatre habituels pour un séjour de routine de six mois. La NASA en a retiré deux pour faire de la place à M. Wilmore et Mme Williams lors du vol de retour fin février.
La NASA a déclaré qu'aucune considération sérieuse n'avait été envisagée pour demander à SpaceX un sauvetage rapide et autonome. L'année dernière, l'agence spatiale russe a dû faire venir en urgence une capsule Soyouz de remplacement pour trois hommes dont l'engin d'origine avait été endommagé par des débris spatiaux. Le changement a prolongé leur mission au-delà d’un an, un record d’endurance spatiale américain toujours détenu par Frank Rubio.
Les malheurs de Starliner ont commencé bien avant son dernier vol.
Un mauvais logiciel a gâché le premier vol d’essai sans équipage en 2019, ce qui a entraîné une reprise en 2022. Puis des problèmes de parachute et d’autres sont apparus, notamment une fuite d’hélium dans le système propulseur de la capsule qui a annulé une tentative de lancement en mai. La fuite a finalement été jugée isolée et suffisamment petite pour ne poser aucun problème. Mais d’autres fuites ont surgi après le décollage, et cinq propulseurs ont également lâché.
Tous ces petits propulseurs, sauf un, ont redémarré en vol. Mais les ingénieurs restent perplexes quant à la raison pour laquelle certains joints de propulseurs semblent gonfler, obstruant les conduites de propulseur, puis revenir à leur taille normale.
Ces 28 propulseurs sont essentiels. En plus d’être nécessaires au rendez-vous avec la station spatiale, ils maintiennent la capsule pointée dans la bonne direction à la fin du vol tandis que des moteurs plus gros dirigent l’engin hors de l’orbite. Une arrivée de travers pourrait entraîner une catastrophe.
Alors que la catastrophe de Columbia était encore présente dans de nombreux esprits (la navette s'était brisée lors de sa rentrée dans l'atmosphère en 2003, tuant les sept personnes à bord), la NASA a lancé un débat ouvert sur la capacité de retour de Starliner. Les opinions divergentes ont été étouffées pendant le vol voué à l'échec de Columbia, tout comme elles l'ont été pendant celui de Challenger en 1986.
Malgré la décision de samedi, la NASA n'abandonne pas Boeing.
L'agence spatiale américaine s'est lancée dans son programme d'équipage commercial il y a dix ans en voulant que deux entreprises américaines concurrentes transportent des astronautes dans l'ère post-navette. Boeing a remporté le plus gros contrat : plus de 4 milliards de dollars, contre 2,6 milliards pour SpaceX.
Avec des livraisons de stations déjà à son actif, SpaceX a réussi son premier des neuf vols d'astronautes en 2020, tandis que Boeing s'est enlisé dans des défauts de conception qui ont coûté à l'entreprise plus de 1 milliard $ US. Les responsables de la NASA espèrent toujours que les problèmes du Starliner pourront être corrigés à temps pour un autre vol d'équipage dans un an ou deux.