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En rejetant ces demandes, il pourrait perdre l'appui du Bloc à l'occasion des prochains votes de censure.
Le gouvernement fédéral devra décider au cours des prochaines semaines s'il cède à l'ultimatum du Bloc québécois qui réclame «la mise en œuvre irréversible» de deux de ses projets de loi d’ici le 29 octobre.
En rejetant ces demandes, il pourrait perdre l'appui du Bloc à l'occasion des prochains votes de censure présentés à la Chambre des communes.
La première des deux propositions législatives de la formation d'Yves-François Blanchet vise à augmenter la pension des aînés de 65 à 74 ans au niveau de celles versées à ceux de 75 ans et plus tandis que l'autre vise à exclure la gestion de l'offre de toute future négociation à caractère commercial.
Si le gouvernement les accepte, il risque de nuire à ses propres programmes politiques et fiscaux.
Le gouvernement tente de mettre en place une stratégie politique visant à satisfaire les membres des générations Y et Z qui croient de pas être récompensés de leur travail comme l'ont été ceux qui les ont précédés. Le premier ministre Justin Trudeau parle même de «chance équitable pour chaque génération».
Andrew Perez, un stratège libéral de Perez Strategies, s'interroge sur les avantages politiques que pourrait tirer le gouvernement d'une hausse des pensions.
«Je ne vois pas nettement les avantages politiques qu'obtiendraient les libéraux de M. Trudeau s'ils dépensaient encore plus d'argent pour les aînés», lance-t-il.
Les aînés semblent être la seule frange des électeurs chez qui les libéraux sont encore concurrentiels, ajoute M. Perez.
Les jeunes électeurs qui avaient grandement contribué à élire Justin Trudeau en 2015 semblent s'être déplacés vers la droite de l'échiquier politique. Les sondages indiquent qu'une majorité d'entre eux appuient les conservateurs de Pierre Poilievre.
«Historiquement, les libéraux devancent toujours les conservateurs parmi les jeunes générations. Pour les libéraux, voir ces données, c'est une hérésie», souligne M. Perez.
Tyler Meredith, ancien conseiller économiste de Justin Trudeau et de deux ministres des Finances, convient qu'il serait difficile pour un parti politique de s'opposer à verser plus d'argent aux aînés.
«Le problème serait de mettre en œuvre une telle mesure. Et son coût», mentionne-t-il.
Selon le directeur parlementaire du budget, accroître le montant des pensions pour les aînés âgés de moins de 75 ans coûterait 16 milliards $ au cours des cinq prochaines années.
M. Meredith juge qu'il sera difficile pour le gouvernement d'ajouter cette somme aux dépenses qu'ils prévoient faire dans divers secteurs comme le logement.
«Je ne dis pas que c'est nécessaire juste d'un point de vue intergénérationnel, mais je ne suis pas certain que c'est la manière de dépenser la plus efficace.»
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, avait promis d'adopter des garde-fous pour limiter les dépenses et le déficit. Elle a indiqué la semaine dernière que les discussions avec le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) sur de nouvelles mesures d’aide pour les aînés étaient fructueuses.
Le Régime des pensions du Canada est l'une des principales dépenses du gouvernement fédéral. En 2022, celui-ci avait dépensé près de 70 milliards $ pour la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti et l'Allocation de conjoint.
En juillet 2022, la pension de la Sécurité de la vieillesse a été augmentée de 10 % de manière permanente pour les personnes âgées de 75 ans ou plus.
Le Bloc québécois juge que cette mesure était discriminatoire.
Stephen Gordon, directeur du Département d’économique de l'Université Laval, n'en convient pas. Selon lui, ce sont les plus vieux aînés qui se retrouvent le plus souvent dans le besoin.
«Quand on est âgé de plus de 75 ans, il y a moins de chance que l'on soit capable de travailler pour augmenter ses revenus», souligne-t-il. Il ajoute que les plus vieux ont aussi plus dépensé leurs économies.
Dépenser plus d'argent pour les aînés ne doit pas figurer en tête de liste des priorités du gouvernement, croit le Pr Gordon. Il observe également que le taux de pauvreté est plus faible parmi cette classe d'âge.
«Il faut penser à toutes les autres priorités: logement, éducation, santé, oh ciel! La santé! Les aînés sont en bas des priorités. Les finances du gouvernement fédéral deviennent de plus en plus épineuses.»
Selon Statistique Canada, le taux de pauvreté parmi les gens âgés de 65 ans et plus s'élevait à 6 % en 2022, 3,9 points de pourcentage de moins que la moyenne nationale.
Le gouvernement libéral n'a pas beaucoup de temps pour réfléchir à ses choix. En plus de l'ultimatum du Bloc québécois, il doit déposer son énoncé économique de l'automne qui dévoilera les grandes lignes de ses prochaines dépenses.
On s'attend à ce que la Chambre des communes se penche également sur d'autres motions de censure contre le gouvernement au cours des prochaines semaines.