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Pierre Lacroix et trois de ses collègues tentaient de sauver deux plaisanciers en détresse lorsque le navire des pompiers a chaviré dans les vagues du fleuve Saint-Laurent. Les trois autres pompiers ont survécu.
Un pompier de Montréal a déclaré mardi à l’enquête du coroner qu’il cherchait désespérément à rester à flot et à retrouver ses collègues dans les eaux tumultueuses des rapides de Lachine après que le bateau les transportant a chaviré lors d’une tentative de sauvetage.
Robin Brunet-Paiement a dit qu’il savait que ses collègues et lui se trouvaient dans des eaux dangereuses lorsqu’ils se sont arrêtés près d’un bateau en panne avec deux personnes à bord le 17 octobre 2021 — bien qu’il n’ait pas réalisé jusqu’où ils étaient allés dans les rapides.
L’enquête du coroner sur la noyade du pompier montréalais Pierre Lacroix en 2021 se penche sur les recherches effrénées qui se sont déroulées après que son bateau eut chaviré dans les rapides de Lachine lors d’une tentative de sauvetage.
M. Lacroix et trois de ses collègues tentaient de sauver deux plaisanciers en détresse lorsque le navire des pompiers a chaviré dans les vagues du fleuve Saint-Laurent. Les trois autres pompiers ont survécu.
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M. Brunet-Paiement déclaré à l’enquête qu’il essayait de manœuvrer l’engin vers une position plus stable lorsqu’il a senti une vague frapper. Leur bateau est entré en collision avec l’embarcation de plaisance et il a vu de l’eau venir vers lui. La prochaine chose qu’il sut, c’est qu’il se trouvait sous le bateau de sauvetage HammerHead alors renversé.
«Je me souviens que je me suis retrouvé au plafond (du bateau), a-t-il raconté. Les lumières ont éclairé le bateau et j’ai vu des cailloux au fond de l’eau.»
Le coroner Géhane Kamel préside des audiences qui doivent durer deux semaines au palais de justice de Joliette, à environ 75 kilomètres au nord-est de Montréal. Elle a dit aux pompiers que son objectif n’était pas de blâmer, mais plutôt de prévenir de futures tragédies.
M. Brunet-Paiement a réussi à s’extirper et à grimper sur le bateau renversé en criant après ses collègues. Son collègue pompier Michael Maillé est monté à côté de lui, mais ils ont rapidement été emportés tous les deux par une autre vague, a-t-il témoigné.
Il a dit que finalement, alors qu’il se battait pour respirer dans l’eau, il a réussi à rattraper son autre collègue, François Rabouin, qui était mal en point.
«Je lui ai dit que je ne le quitterais pas, que nous finirions ça ensemble», a-t-il déclaré.
Éventuellement, ils se sont dirigés vers le bateau de plaisance, qui n’avait pas chaviré, et ont été tirés à bord par les deux occupants. Plus tard, il a dirigé un autre bateau de sauvetage vers une lumière dans l’eau, espérant qu’il s’agissait de ses deux autres collègues portés disparus.
Peu de temps après, ce bateau est revenu, mais un seul des pompiers manquants restants était à bord. «C’est alors que j’ai compris que Pierre était mort», a-t-il raconté.
Michael Maillé a déclaré à l’enquête qu’il était le seul des quatre à ne pas avoir été initialement coincé sous le bateau. Il dit avoir vu sortir Robin Brunet-Paiement et François Rabouin, mais pas Pierre Lacroix.
M. Maillé a déclaré à l’enquête qu’il avait pu lancer un premier appel «à l’aide» avant d’être emporté par la coque du bateau dans l’eau.
De son côté, M. Rabouin a mentionné n’avoir jamais revu Pierre Lacroix après que le bateau a chaviré. Au moment où il s’est échappé de sous le bateau, il était épuisé et désorienté et convaincu qu’il allait mourir.
Son dernier souvenir de son ami, a-t-il dit, était sur le bateau dans les dernières minutes chaotiques au moment où la vague a frappé. M. Lacroix essayait de relever son col pour empêcher l’eau de pénétrer dans son imperméable, et les deux hommes ont échangé un regard. «Il souriait encore», a-t-il dit.
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Stéphanie Lacroix, la fille de Pierre Lacroix, s’est adressée à chacun des pompiers à la fin de leur témoignage. Dans un échange en larmes, elle a dit à Robin Brunet-Paiement et à François Rabouin qu’elle les connaissait depuis qu’elle était une jeune fille et qu’elle ne voulait pas qu’ils se blâment.
«Je vous aimerai inconditionnellement jusqu’à la fin de ma vie», leur a-t-elle dit.
Le lieutenant Sylvain Dominique, du Service de sécurité incendie de Montréal, a témoigné plus tôt mardi que malgré des efforts considérables dans l’eau, sur le rivage et dans l’air, les sauveteurs n’avaient pas regardé sous le bateau HammerHead chaviré dans les premières heures après l’accident.
M. Dominique, qui travaillait à un poste de commandement depuis le rivage, a relaté que le bateau-pompe chaviré avait été localisé moins d’une heure après l’accident. Mais il était coincé au fond de la rivière et ne pouvait pas être immédiatement retourné.
Il dit qu’il a ordonné aux équipes de recherche d’ignorer le bateau et de se concentrer plutôt sur la recherche de M. Lacroix en eau libre, car il pensait que le pompier était probablement déjà mort s’il était coincé en dessous.
«Vu le temps qui s’est écoulé, si Pierre était sous le bateau, on ne pouvait rien faire», a-t-il déclaré.
Ce n’est que vers 3 heures du matin, soit sept heures et demie après l’accident, qu’une caméra sous-marine de la police de Montréal a déterminé que le corps de M. Lacroix était coincé sous le bateau chaviré.
M. Dominique a déclaré à l’enquête qu’il ne savait pas que la police de Montréal possédait des caméras sous-marines capables de regarder sous la coque du bateau. S’il avait su, il les aurait demandés, a-t-il assuré.
Plus tard, il a déclaré à un avocat de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Québec qu’il estimait que l’escouade nautique ne disposait pas de l’équipement adéquat, notamment de cartes appropriées, de radios imperméables et de traceurs GPS personnels.