Début du contenu principal.
Les conditions climatiques extrêmes représentent un danger croissant pour l'industrie pétrolière et gazière.
Les conditions climatiques extrêmes représentent un danger croissant pour l'industrie pétrolière et gazière.
Plusieurs entreprises canadiennes ont été contraintes cette semaine à évacuer des travailleurs menacés par des feux de forêt dans le nord de l'Alberta. Par exemple, Suncor Énergie a dû interrompre sa production dans ses installations Firebag au nord-est de Fort McMurray, à cause d'un incendie ravageant la région.
La production pétrolière du pays a également été affectée par des incendies de forêt en 2016 et en 2023.
Encore récemment, l'ouragan Beryl a provoqué la fermeture des plateformes pétrolières dans le golfe du Mexique, aux États-Unis.
«Les infrastructures pétrolières et gazières, comme tout le reste, sont de plus en plus exposées aux conditions météorologiques extrêmes provoquées par les changements climatiques», dit Craig Stewart, vice-président, Changements climatiques et questions fédérales, au Bureau de l'assurance du Canada. «Nous avons pu l'observer quand l'ouragan Katrina a perturbé les activités dans le golfe du Mexique en 2015. Nous avons pu le constater lors de l'incendie dans le secteur de Fort McMurray en 2016 quand les activités du secteur pétrolier et gazier ont été perturbées pendant un mois. Nous avons pu l'observer dans d'autres régions du monde.»
Les experts en prévention mettent en garde contre les conditions météorologiques extrêmes qui deviendront plus fréquentes et s'aggraveront à cause des changements climatiques.
Plus de 40 % des réserves récupérables de pétrole et de gaz naturel sont très exposées aux effets des changements climatiques, selon un rapport publié en 2021 de la société de conseil en stratégie et risque, Verisk Maplecroft.
Par exemple, la production pétrolière et gazière aux États-Unis n'a jamais été aussi basse en trois ans à cause d'une période de gel au Texas et des effets de l'ouragan Ida qui ont causé 55 déversements dans le golfe du Mexique, perturbant l'approvisionnement de pétrole brut et de carburant raffiné.
Les raffineries, les appareils de forage, les terminaux et les pipelines sont très vulnérables aux inondations, aux tornades et même aux sécheresses. Tous ces événements météorologiques deviendront plus fréquents, prévient Verisk Maplecroft.
«Ces types d'événement deviendront plus fréquents et plus graves, provoquant des chocs encore plus grands au sein de l'industrie», note la société de conseil.
La majorité des entreprises pétrolières et gazières ont des plans d'urgence afin de protéger leurs actifs et leurs employés en cas de conditions climatiques extrêmes.
Toutefois, la fermeture d'une importante unité de production, même à titre de prévention, peut coûter des millions de dollars par jour à une entreprise.
Chaque tempête tropicale, chaque vague de chaleur peut coûter des millions de dollars aux entreprises pétrolières et gazières. Et si les conditions météorologiques ralentissent ou interrompent la production, cela peut provoquer une hausse temporaire des prix à la pompe d'essence et se répercute dans toute la chaîne d'approvisionnement.
Chez nos voisins, près de la moitié des capacités des raffineries de pétrole est située près de la côte du golfe du Mexique. La proportion grimpe à 51 % pour les capacités de transformation du gaz naturel.
Au Canada, les sables bitumineux, le troisième plus grand gisement prouvé de pétrole au monde, est situé dans la forêt boréale au nord de l'Alberta. La région est très propice aux feux de forêt. Des milliers de travailleurs avaient été évacués lors de l'incendie de 2016 qui avait ravagé une partie de Fort McMurray. Les entreprises avaient dû réduire leur production quotidienne d'un million de barils.
Les répercussions économiques ont été si graves que le PNB du pays a reculé de 0,4 % lors du deuxième trimestre de 2016. Sans cet incendie, les économistes affirment que le PNB aurait plutôt grimpé de 0,1 % au cours de cette période.
Thomas Liles, vice-président de la recherche en amont de la société Rystad Energy, dit que même si cet incendie s'est déroulé en 2016, il reste dans la mémoire de plusieurs.
«Plusieurs cicatrices se sont alors formées d'un point de vue de l'industrie», lance-t-il.
Des écologistes jugent qu'il est ironique de voir que le secteur des carburants fossiles, si affectés par des désastres provoqués par les changements climatiques, envisage toujours d'accroître sa production dans l'avenir.
«Ils jettent de l'huile sur le feu, souligne Keith Stewart, stratège principal en énergie chez Greenpeace Canada. Ces entreprises ont des plans d'affaires qui rendront les conditions météorologiques extrêmes encore plus extrêmes.»