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Les insectes, est-il nécessaire de le rappeler, sont essentiels à la pollinisation des cultures.
Les changements climatiques ont déjà, et auront dans l'avenir, un impact important sur les populations d'insectes de la planète, et on doit absolument se préoccuper des répercussions que cela pourrait avoir, prévient un consortium international de plus de 70 scientifiques.
«(Les insectes) sont très vulnérables a priori de par leur biologie, a dit l'un des signataires de l'article synthèse paru dans le journal Ecological Monographs, le professeur Jacques Brodeur du département de sciences biologiques de l’Université de Montréal.
«On observe des impacts au niveau de leur physiologie, de leur comportement, de leur distribution dans l'espace, au niveau de leur abondance également. Il y a plusieurs études majeures qui ont été publiées ces dernières années et qui font état d'une diminution de la diversité et de l'abondance des insectes à l'échelle de la planète.»
Les insectes, est-il nécessaire de le rappeler, sont essentiels à la pollinisation des cultures. Ils servent également de nourriture à de multiples espèces animales et sont donc «un pilier de notre alimentation», a ajouté M. Brodeur, qui est aussi chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale à l'UdeM.
Leur disparition, ou même simplement une réduction de leurs nombres, pourraient avoir des conséquences inimaginables sur la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes, par exemple en ce qui concerne le contrôle des espèces nuisibles.
En raison de leur petite taille, et puisqu'ils sont incapables de réguler leur température corporelle, les insectes sont parmi les premiers à être affectés par un réchauffement du climat ou par tous les autres aspects associés aux changements climatiques, comme la température et l'humidité, a dit M. Brodeur.
Mais les impacts des changements climatiques sur les insectes ne seront pas entièrement négatifs, a-t-il souligné.
«Ce n'est pas tout noir ou tout blanc, a indiqué le chercheur. Il y a des insectes qui vont bénéficier du réchauffement climatique. Par exemple, au Québec, la saison de croissance va être nettement plus grande, elle est déjà plus grande que par le passé, donc il y a des insectes qui vont pouvoir avoir peut-être une ou deux ou même trois générations de plus par année.»
Certains insectes vont quant à eux se déplacer «vers le Nord, vers certaines altitudes, donc qui vont avoir un plus grand territoire à exploiter», a-t-il ajouté. Leur présence dans des zones où ils ne se trouvent pas actuellement pourrait en revanche contribuer à la propagation de maladies dangereuses pour les humains.
Tout dépendra ultimement du contexte, a précisé M. Brodeur. «Mais en général, ce qu'on a commencé à observer et ce que les modèles prédisent, c'est que ça va avoir quand même un impact négatif majeur sur énormément de groupes d'insectes», a-t-il dit.
Il cite en exemple le criquet Melanoplus borealis, qui colonise actuellement la toundra au sommet de plusieurs montagnes dans les Chic-Chocs, en Gaspésie, dont le mont Albert. Comme le réchauffement climatique entraîne la fonte du pergélisol, explique-t-il, toute la faune et la flore qui y sont associées, de ce criquet inconnu du grand public jusqu'au majestueux caribou, risque de disparaître.
«C'est une espèce qui n'a pas d'impact direct sur les activités humaines en agriculture ou autres, mais c'est quand même une espèce qui va à moyen terme disparaître du paysage québécois, du moins en altitude, parce qu'elle se retrouve dans un environnement qui est extrêmement menacé par le réchauffement climatique», a expliqué M. Brodeur.
«C'est une espèce emblématique, mais c'est une espèce qui va nettement souffrir, voire disparaître face aux changements climatiques, mais c'est une parmi des milliers.»