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La demande pour les banques alimentaires atteint des sommets historiques.
C'est le «Mardi je donne», et certains directeurs de banques alimentaires et de groupes de lutte contre la pauvreté affirment que cette journée met en évidence un dilemme pour leurs organisations.
D’un côté, la demande pour les banques alimentaires atteint des sommets historiques, ce qui épuise les ressources et met ces établissements dans un besoin désespéré de dons, a affirmé Matt Noble, directeur général de la Banque alimentaire végétarienne de Toronto.
D’un autre côté, les banques alimentaires ne peuvent pas et ne doivent pas être sollicitées pour combler des lacunes dans le filet de sécurité sociale qui seraient mieux traitées par des politiques, a-t-il déclaré.
«Dans un pays comme le Canada, l’insécurité alimentaire ne devrait pas être la responsabilité du secteur caritatif et de la bonne volonté des donateurs», a mentionné M. Noble. «En apparence, c’est presque comme si nous donnions un répit au gouvernement en étant là et en faisant semblant de nous en occuper (…) nous enlevons en quelque sorte la pression sur le gouvernement pour qu’il résolve réellement le problème.»
Le mot-clic #MardiJeDonne a été lancé en 2012 et s’est depuis transformé en un réseau mondial d’organisations locales qui encouragent le don dans leurs communautés.
Josh Smee, de Food First Newfoundland and Labrador, exhorte toute personne qui fait un don indispensable à une banque alimentaire mardi à écrire également à ses représentants gouvernementaux pour exiger des solutions sur le plan politique pour mettre fin à la faim.
Les sondages ont montré que les Canadiens sont favorables à des mesures, y compris un revenu de base, pour lutter contre la pauvreté et la faim, a-t-il fait valoir. Il n'est tout simplement pas évident de savoir ce qu'il faudra faire pour déclencher la volonté politique nécessaire à la mise en œuvre de ces mesures.
«L’attitude du public est là (...) mais nos systèmes politiques ne sont pas très bien organisés pour écouter des préoccupations comme celle-ci.»
Food First NL est l'une des nombreuses organisations à travers le Canada à avoir signé la campagne Put Food Banks Out of Business, appelant à un revenu de base pour maintenir les gens au-dessus du seuil de pauvreté.
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Les Canadiens ont effectué plus de deux millions de visites dans les banques alimentaires en mars 2024 — un chiffre record, selon Banques alimentaires Canada. Il s'agit presque du double du nombre de visites enregistrées il y a cinq ans, en mars 2019.
L’inflation rapide, les coûts du logement et l’insuffisance des soutiens sociaux entraînent de nouveaux niveaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire, d'après l’étude publiée en octobre. Les locataires, les groupes racialisés, les personnes handicapées, les nouveaux arrivants au Canada et les résidents du Nord sont parmi ceux qui recherchent le plus d’aide. Le rapport fait également état d'un besoin «profondément préoccupant» chez les personnes âgées et les familles avec enfants.
À l’ouest de Toronto, beaucoup de ceux qui ont recours aux banques alimentaires sont des travailleurs qui dépensent la totalité ou la majeure partie de leur argent pour le loyer et qui sont gênés d’avoir besoin d’aide, a déclaré Meghan Nicholls, directrice générale de Food Banks Mississauga.
«Les gens vont emprunter à des amis, utiliser au maximum leurs cartes de crédit, vendre leurs biens personnels, tout ce qu’ils peuvent pour éviter d’avoir recours à une banque alimentaire», a-t-elle expliqué lors d’une entrevue. «Le fait que deux millions de personnes au Canada continuent de se rendre dans une banque alimentaire chaque mois, même après avoir fait toutes ces choses — nous manquons gravement à notre population.»
D’autres personnes bénéficient de programmes de soutien du revenu ou d’invalidité dont les taux sont bien inférieurs au seuil de pauvreté et qui, de fait, plongent les gens dans la pauvreté et la faim, a-t-elle affirmé.
Mme Nicholls a mentionné qu’il était difficile de voir les gouvernements ignorer les appels à un changement systémique, alors que le Canada s’enfonce davantage dans ce qu’elle décrit comme une urgence en matière d’insécurité alimentaire.
«Je n'ai jamais été aussi en colère, a-t-elle lancé. Nous n'arrêtons pas de crier aux élus. Je les rencontre en personne et je leur dis ce qui est nécessaire, ce qui se passe dans la communauté. Et je reçois une tape dans le dos et un "Merci pour tout votre travail".»
La première banque alimentaire du Canada a ouvert ses portes à Edmonton dans les années 1980. Il s'agissait d'une mesure temporaire pour aider les gens à surmonter un ralentissement économique. La banque alimentaire d’Edmonton est toujours ouverte, fonctionnant «à pleine capacité», a souligné Marjorie Bencz, directrice générale de l’organisation.
Bon nombre des problèmes qui ont conduit à son ouverture — peu de logements abordables, des taux de soutien du revenu inférieurs au seuil de pauvreté — n’ont pas changé, a-t-elle indiqué.
«Je pense que la gravité de la situation n’est pas comprise par les décideurs ou peut-être même par les membres de la communauté en général, car ce qui se passe en première ligne, c’est que les banques alimentaires se démènent pour trouver des ressources», a-t-elle déclaré.
«Cette situation n'est viable pour aucun d’entre nous.»